15 novembre 2010

Premiers jours en Argentine

Par le Barde et l'œil de Loulou


1er jour : l’arrivée

Après un long périple aérien, nous arrivons enfin à Buenos Aires. D’abord, il faut changer d’argent. Pas dans une banque mais dans une petite baraque Exchange juste en dessous de toilettes qui ne sont pas publiques. Sur un fil à linge pendouillent des vêtements. Les murs sont de toutes les couleurs. Des murs en tôle, en ciment, en pierres. Nous sommes dans le quartier de la Boca ; c’est un quartier de pauvres ; les pauvres, ils mettent de la couleur à la misère. Ils utilisaient la peinture de leurs bateaux pour colorer les façades de leurs maisons. Le club de football local de Boca juniors est l’un des plus populaires. C’est l’adversaire du club des riches : le River Plate. Puis l’on mange, on va à l’hôtel, on se douche, on dort, on dîne et on sort. Pour ceux dont le voyage n’a pas éteint les ardeurs pédestres.
On attend la viande rouge.


2e jour : Le jour du Tigre


Le Jacaranda, arbres aux fleurs violettes, éblouit nos regards comme nous prenons le bus pour notre premier périple. Destination le delta du tigre.
Sollicité par Lolo sur l’être argentin, Carlos notre guide nous répond : « Un argentin, c’est un italien qui parle espagnol et qui pense en français. »
Nous longeons le quartier de Palermo. Dans le quartier de Palermo, il y a un zoo. Dans le zoo, il y a des girafes. Et des rhinocéros que l’on appelle archiballs. C’est vrai. On longe des statues. Deux d’entre elles sont signées Rodin.
Les micocouliers, les gommiers du général, les magnolias, des arbres menus aux fleurs jaunes bordent les longues avenues. Il y a des chiens. Carlos, le guide, nous dit qu’en Argentine, promeneur de chiens est un métier.
Puis, c’est le quartier des Nunez. Nous sommes sur une autoroute. Sur les autoroutes argentines il y a une vitesse maximale et une vitesse minimale mais l’argentin ne respecte rien puisqu’il est italien. On se croirait à Naples.
On arrive au quartier du Tigre. Un tigre n’est pas un puma.


Près de l’embouchure du Tigre, il y a un mercato où l’on trouve de tout et de rien. Et c’est souvent le rien qui a le plus de saveurs. C’est-à-dire : des cacahuètes grillées, des cd de tango frelatés, des jus d’orange, d’ananas ou de fraises... un capharnaüm en somme où perdre son temps est un art de vivre.
Dans le quartier du Tigre flotte un parfum colonial dit le Général qui en connaît un bout sur les colonies. Nous marchons le long du Tigre. Sur le Tigre, on canote.
C’est l’heure du déjeuner. Toujours pas de viande rouge. Pendant le déjeuner, JB dit qu’Eric (Léonard) lorsqu’il joue lui fait irrésistiblement penser à une marmotte. JB mime la marmotte : il dresse la tête et ses bras en inclinant ses mains. La ressemblance est stupéfiante.
« Regarde les ongles de la nénette qui sert, dit Jean-Pierre Campech, on est servi par Cruela : j’espère qu’elle ne jouit pas trop. » Jean-Pierre a un don d’observation inné.
Un chanteur s’accompagne d’un étrange instrument comme nous mangeons un poisson d’eau douce. Il chante des airs de tango en soufflant dans son étrange instrument : un petit clavier nanti de quelques touches. « Les chanteurs de Tango me font penser aux chansonniers de Montmartre dit encore Jean-Pierre qui ajoute : le tango, c’est comme le fado ou le blues, ça vient du fond de l’âme ». Jean-Pierre, c’est un poète. Le tango, c’est l’essence même de l’Argentine, c’est « la pensée triste qui se danse », selon le mot célèbre du compositeur Enrique Santos Discépolo.
Descente du delta du Paraná : un entrelacs de rivières. Sur des canoës en bois, les femmes rament (c’est normal ce sont les patronnes dit le guide). Odeur de jasmin puis odeurs de merde quand on arrive. Durs les parfums urbains après une si merveilleuse balade. Les heureux propriétaires des maisons à fleur de rivière doivent y couler des heures heureuses.
Dudu porte une chemise en soie blanche de marque. De mauvaises langues la disent en nylon. Jean-Pierre, plus que jamais, est un musée ambulant. Avec lui, même le moderne a des allures d’ancien.
Enfin, le soir la viande vint. Et quelle viande. Éparpillés dans Buenos Aires, les castors connurent ainsi l’abondance de la chair bovine. Une chair fondante, savoureuse.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça doit être un roman à clé. 1)Du Louisiane écrit par Borges ou 2)Fictions par Denuzière. On ne sait pas encore. Si dans le prochain épisode il y a un mec avec surin tapez 1). Si c'est une minette avec une ombrelle tapez 2).

Exchangiste va !

Miguel a dit…

Excellent, ce premier épisode... très belle prose. Le Barde au sommet.