30 mars 2011

Le cuistot de la semaine : Guillaume le succulent

Par la paire de trésoriers : Perdigue et Donatien


Ö bon Perdigue, puisque c’est à nous qu’en la double carence du barde du blogger, qu’échoit l’honneur insigne de rédiger le notule à destination des générations futures, aux castors à peine nés, à ceux en gestations dans les bourses fertiles des mâles Archiballs, tâchons d’en être digne. A toi le pré à moi le trou.
Après plus d’un mois d’absence, qu’il est bon de retrouver le chemin de Musard.
Au bout de cette éternité, rien n’a changé, et ça a un petit côté rassurant.
Mais dans les vestiaires, c’est un gros retour en arrière qui nous attend avec Titi, alors que nous nous apprêtons méthodiquement.
Voilà que Cambo s’oint les guibolles avec de l’huile camphrée.
Cette odeur nous transporte dans les vestiaires d’antan ou ceux de nos gloires passées…Il ne manque plus que le bruit des crampons en fer claquant sur le ciment et la silhouette de nos héros disparaissant dans la brume. « Et Perdigue, tu gaubes ? » me lance Cambo. Mais à voir la courge du Rossignol, un seul regard à suffi pour je me rends compte qu’on était ensemble dans ce vestiaire onirique. …« Ça te rappelle rein ? » me dit-il.
Oh, putain que c’est bon de revenir à Musard, et en plus me voilà en train de me sortir la plume que j’avais dans le cul pour faire la 1ère partie de ce billet (et non pas me curer les dents, bande de cons !!)
Bref, ce qu’on peut dire, c’est qu’à Musard l’herbe se fait rare presque autant que les Castors.
On a l’air bien con avec nos moulés de pédés, c’est du crampon de 22 qu’il faudrait pour ce jeu à 9 contre 9.
Seul Don virevolte et crochète comme un mort de faim, alors que le Barde et J.P. impose une sobriété rugbystique qui force le respect.
On retiendra surtout de cette soirée un magnifique essai de Piou-Piou en débordement sur l’aile et un mal au dos terrible à force de ramasser les ballons.
Ce travail de forçat s’achèvera sous une pluie battante, qui nous permettra de cacher nos larmes de devoir quitter le pré si tôt, mais la douche brûlante n’attend pas et la bouffe encore moins.
Celui qui reste à Musard, par les vieux se fait bouffer sa part.
Grandgouzier, Taillevent, je convoque ici votre mémoire. On parlait gastronomie, restaurants étoilés, hier, au bar, et ce n’était pas un hasard. La conversation se trouvait naturellement et continuellement entretenue par la succession des plats mitonnés par le bon Guillaume, le succulent Guillaume.

Bavez un peu infortunés absents :

Omelette aux truffes,
Aux truffes, j’ai bien dit.

Triomphe de cerf,
Sauce au plomb.

Brie truffé à la truffe,
Du Brie, j’ai bien dit

Farandole de desserts
Café

La fée, le old four, l’état major des Castor (l’amiral et le général) bien rencardés par leurs services, ne s’y trompèrent pas. Ils ne furent pas pour rien dans la belle atmosphère de cette soirée marquée par une affluence retrouvée et la présence de l’associé de Guillaume. (Bientôt une contrefaçon de trou à rat du côté de Chongking ?) C’est le poète Li Po ? demanda le barde, intrigué ? OU LI PO ? enchaina Perdigue, en verve. Non, rétorqua Piou Piou, connaisseur, c’est le très gourmant Li Po Succion.

Abondance, affluence, ambiance, la veillée fut savoureuse je le répète. C’est pourtant le visage couvert d’un masque de perplexité que nous vîmes repartir Li Po. Succion, en effet était songeur : Etait-ce bien là le pays des arts de la table consacré par l’Unesco ? Etait-ce bien là la contrée des Lumières ? Qui de Piou-Piou ou de Guitou, du gros Ying ou du Yang mignard, incarnait-il le mieux l’âme française ?

Les rayons de la lune éclairent devant mon lit,
Le doute, sur le sol de la gelée ?
Levant la tête je contemple la lune brillante,
Courbant la tête je pense à mon pays natal.

Ainsi pensait Li Po en s’extirpant du trou.

24 mars 2011

Le cuistot de la semaine et la saucisse au trou

Par Le Barde (photo recyclée de l'année dernière)


Le 23 mars 1842 mourrait Stendhal. Le 22 mars 2011, c’était le tour de Dominique Rocchietti au trou.

Aucun rapport me souffle La Piballe. Faux lui répondis-je. Tu n’as qu’à demander à Jean-Bernard Saubusse dont la passe est au rugby ce que la phrase de Stendhal est au roman : précise, brève, toujours en mouvement. Et Rocchietti dans tout ça insiste La Piballe. Il n’a pas tort ce gros enfoiré. Mais il fallait bien un incipit à cet article. Comme Stendhal est mort un 23 mars, l’incipit était tout trouvé. Je reconnais qu’il n’était pas fondé mais puisque je l’ai choisi, je le maintiens. Mieux, je le répète : Le 23 mars 1842 mourrait Stendhal. Le 22 mars 2011, c’était le tour de Dominique Rochetti au trou.

Sans doute dois-je à l’Italie ce rapprochement. Car si Stendhal n’était pas italien, Rocchietti : il l’est. Stendhal adorait l’Italie où il fut consul. Il a écrit une biographie oubliée de Rossini et comparé les rondeurs des collines lot-et-garonnaises à celles de la dive toscane. Rocchietti, il n’aime pas l’Italie, j’ignore s’il goûte les langueurs de Rossini et les appâts toscans, mais il est italien. En fait, entre Stendhal et Dominique, il n’y a rien. Pas même sœur Sourire. J’ai fait fausse route. Je reprends à zéro. Et puis, le 22 précédant le 23, il ne peut prétendre au 23 ; c’est évident.

En ce premier mardi de printemps (tralala), le temps était doux, si doux, le castor alerte et gai. Sur le pré pas un mot ou si peu. Il est vrai que Dominique était en cuisine. Sur le pré, il y avait Loulou. Au-dessus de Loulou, il y avait la nuit étoilée qu’Amélie contemplait de temps à autre, négligeant les rares ballons qui passaient par ses mains. Il fredonnait ce vers de Dante : « La belle étoile qui d’aimer nous convie ». En-dessous de Loulou, il y avait une terre étique, rachitique que Croucrou labourait de sa foulée attilienne en citant Dante lui aussi : « Et je viens en un lieu où la douleur n’est plus. » L’Italie encore et toujours ; on n’y échappe pas. Jusqu’à Walid qui ne recevant aucun ballon sur son aile y alla de son Pavese : « L’heure qui passe lente est sans pitié pour ceux qui n’attendent plus rien. »

Au trou, il y avait Stendhal Rocchietti. Stendhal, c’est un joli prénom non. Que t’es con mon pauvre barde soupira La Piballe et tu nous les gonfles avec ton Stendhal. Blessé, meurtri, dépité, amer, seul, je ruminais d’affreuses pensées. C’est à peine si je voulus toucher au jambon qui était de Bayonne et que j’eusse voulu d’Italie. Heureusement, il y avait Jean-Bernard. Je parvins à chasser mes états d’âme, mangeant du jambon et du pâté. Je sais, cela n’a aucun intérêt mais tant pis. Vint alors le moins italien des plats : saucisses-lentilles. Ah ! Décidément, j’aime le pays de Montale et d’Ungaretti. Je mangeais quand même mes lentilles et mon unique saucisse. Tout le monde mangea ses lentilles et son unique saucisse. Titi compris.

Alors, ce fut la bérézina. Je quitte l’Italie et m’en remet à la pire des campagnes, celle de Russie. Les assiettes, innombrables jonchaient le sol. Pourtant Dominique, il est d’ordinaire plus à l’aise avec une main qu’avec deux. Pas pour le lancer d’assiettes. Oui, ce fut un long et interminable fracas. Alors Donatien cita René Char : « L’éclair me dure ». Savait-il que Rocchietti avait concocté des éclairs pour le dessert ? Mais putain mon barde on ne concocte pas des éclairs soupira La Piballe. Je lui rétorquais que l’on concocte les éclairs, que le verbe concocter vient du vieux français concoction (digestion, cuisson) et du latin concoctio Plaisant, et qu’il signifie préparer, élaborer. Bouche bée, il n’entreprit de l’ouvrir de nouveau que pour ouvrir ses lèvres au champagne servi par Dominique pour son anniversaire. Et les castors retrouvèrent la nuit étoilée de ce premier mardi de printemps.

17 mars 2011

Le cuistot de la semaine a le chapeau claque

Par Le Barde


Il y avait comme un air de printemps à Musard hier soir. Les passes fleurissaient comme autant d'aubépines. A ce jeu, les vieux firent montre de tout leur éclat. J-B Saubusse bien sûr, mais aussi Bernard Palanques, Dudu ou moi-m'aime. Ce fut un moment de grâce. Pas un râle ou si peu, à peine un chuchotement, un murmure. Les vieux, ils ont lu René Char : « L'aubépine en fleurs fut mon premier alphabet. » Pour ceux qui ne le savent pas, c'est le printemps des poètes. Et les vieux sont des poètes. Enfin les jeunes aussi. Surtout Don qui nous gratifia d’une passe sublime. Les passes sublimes, comme sait si bien les faire Jean-Bernard, valent tous les sonnets, les pantoums, les chants royaux, les complaintes, etc.

Au trou, Garcimore, ceint dans un tablier blanc, livrait les fruits de son chapeau claque. Des fruits somme toute bien traditionnels. La magie se gausse de la modernité.

Sortirent donc de son chapeau claque : des feuilles de laitue, des tomates coupées en tranches et des morceaux de pâté. Encore que le pâté fut pour beaucoup une illusion. La faute au vieux quatre qui oublia le comptoir. Garcimore fut impuissant à combler ce manque. La magie est une illusion. Le comptoir se contenta, par la force des choses, de feuilles de laitue et de tomates. Le comptoir, il n'a jamais revendiqué d'être végétarien. N'importe, ne faisons pas les fines gueules, le pâté est factice au palais des piliers (de comptoir).

Puis, une ribambelle de boudins sortit du chapeau claque. Les grenouilles de bénitier eussent préféré un chapelet. Mais aux yeux d’un castor la ribambelle toujours supplantera le chapelet. D’aucuns espéraient un lapin. Et bien non, Garcimore, il fit dans le boudin. Grugru, il n’a rien d’une Alice et il est probable qu’il n'aime pas Lewis Caroll. Tant pis pour lui. Et tant mieux pour le toulousain qui n'aime rien tant que le boudin. Et sa purée. Après deux soirées de daube, pourquoi pas.

Au lancer d'assiettes, Grugu fut malhabile. Etonnant non ! Que de fracas sur le carreau du trou. C'est un impulsif Garcimore. Rien à dire cependant sur le fromage. Si le brie était anecdotique, le brebis était exquis, avec son inévitable confiture de cerises. Frank, de retour, était aux anges. Enfin, ce fut le temps de la frangipane après celui des cerises. Personnellement, je préfère le temps des cerises. O communard mon frère, ô Clément.

Quelques chants s'élevèrent. Un God save the queen arracha des larmes de rage à Pépé tandis que l'hymne italien rappelait les langueurs du XV de France. La soirée s'éternisa un peu. Et les castors prirent le chemin du retour sous une petite pluie salvatrice. Ils remâchèrent longtemps ces vers de Lewis Caroll (encore lui mais cette fois-ci dans La Chasse au snark : je vous rappelle que c’est le printemps des poètes !) :

Un castor qui arpentait le pont-promenade,
Ou, assis sur l’avant, faisait de la dentelle,
Les avait (disait l’Homme à la Cloche) souvent
Du naufrage sauvés – nul ne savait comment.

C’est très très bien La Chasse au snark. Il est souvent question de castor dans La Chasse au snark. C’est aussi pour ça que c’est très très bien. Mais pas seulement. Il y est aussi question du cri du Jeubjeub. Le cri du Jeubjeub fait peur au castor. Vous lirez la suite dans La Chasse au snark puisque c’est le printemps des poètes. Même si le poète, il s’en branle pas mal des saisons et que, s’il est poète, il taquine la muse aussi bien l’été que l’hiver. Mallarmé il en savait quelque chose :

Le printemps maladif a chassé tristement
L'hiver, saison de l'art serein, l'hiver lucide,
Et, dans mon être à qui le sang morne préside
L'impuissance s'étire en un long bâillement.

Allez, salut les castors.

10 mars 2011

Le cuistot de la semaine, daube or not daube

Par Le Barde et une photo de Guigui


Jean-Pierre, c'est un gentleman. Le rugby lui tendait donc les bras. Il n'a pas résisté à pareille invite. Le rugby y a gagné. Et les rugbymen aussi. Jean-Pierre, c'est un gentleman (répétition) et comme tous les gentlemen, il ne fait jamais dans les effets de manche. Il est ce qu’il est Jean-Pierre, il ne cherche pas à en faire plus. Il est vrai qu’en étant ce qu’il est, c’est déjà beaucoup puisque c’est un gentleman et que les gentlemen sont des gentlemen parce qu’ils ne prétendent pas à l’être mais qu’ils le sont (répétition appuyée). Son petit côté Gary Grant (voire abécédaire des quarante ans) vient de là, de cette manière élégante d’être au monde sans avoir l’air d’y toucher. Bon, je vais pas en rajouter parce qu’il n’aime pas que l’on en rajoute sur son compte Jean-Pierre ; c’est d’ailleurs pour cela que c’est un gentleman.

Allez, si, j’en rajoute. Jean-Pierre, il est gentleman jusque dans les lentilles. Comment donner de la grâce à l’ordinaire ? Demander à Jean-Pierre : il vous le démontrera avec une salade de lentilles. Une salade composée avec : des lamelles de chipiron, de saumon, des moules, des olives, de petits bouts de carottes. Et bien sûr des lentilles. Exquis, divin, délicat, incomparable comme une passe de Jean-Bernard ! Eric (Léonard) en prit six fois ! Moi-m’aime trois. Nul ne fut en reste et de reste il n’y en eut point.

Une petite couche encore. Jean-Pierre fit des coquillettes, des coquillettes gratinées au fromage. Les coquillettes, avec Jean-Pierre, c’est comme les lentilles : sublime. Je vous le disais, chez lui, l’ordinaire est touché par la grâce. Mais je ne m’arrêterai pas aux coquillettes. Car s’il y eut des coquillettes, c’est parce qu’il y avait de la daube. Alors quand Jean-Pierre s’attaque à la daube qui est moins ordinaire que les lentilles, tout en demeurant familière, nous ne sommes plus dans les sommets mais par delà les nuages. Quelle daube ! Les incongrus verront une critique dans cette exclamation. Je m’en tiens à la seule daube qui tienne, celle préparée par Jean-Pierre (ou par Donatien). La mode est à la daube au trou ; c’est une douce mode.

Vint le lancer d’assiettes. J’entendis des persifleurs : Jean-Pierre, il est maladroit. Les manants, les chiens, les foutriquets. Jean-Pierre, il lance comme sait lancer un gentleman : vite et bien, avec ce soupçon d’indifférence et de distance dans le lancer qui caractérisent le goût. Certes, quelques assiettes tombèrent faute de mains accueillantes. Péripétie.

Le fromage fut parfait. Camembert et je ne sais quoi. Le je ne sais quoi étant à la hauteur du camembert et contrairement à ce que prétend Jankelevitch n’était pas le presque rien. Quant au dessert : un splendide gâteau au chocolat, découpé en petits morceaux. Et surtout, Jean-Pierre, comble de l’élégance, de la distinction, il avait mis la crème anglaise dans une bouteille de verre (transparent). Les mauvaises langues s’en donnèrent à cœur joie. Les gougnafiers, les parjures, les païens ! Titi, lui, il reconnut la touche de style. D’un rien, il fait un tout Jean-Pierre. Les petits riens de Jean-Pierre sont autant de tout indépassables.

Quant à What Else, il eut droit à sa 4RL et nous, nous eûmes droit à son café. Jean-Pierre acheva son office en versant un zest de manzana dans nos verres lors que Donatien, impérial finissait de solder le repas (il est parfait Donatien en trésorier adjoint). Puis le trou se dégarnit, lentement, très lentement, épuisé par tant de bienfaits. Oui, c’est vrai la vie est belle (clin d’œil à Jean-Louis Corsenac).


05 mars 2011

Le cuistot de la semaine, what is done is Don

Par le Barde


« Je suis pécheur, je suis pécheur. Des Douze, je suis le pire. Oui, Judas, c'est moi. J'ai beau tendre les deux mains vers le Seigneur, vers son incarnation ovale, je ne parviens pas à le saisir, Il m'échappe, tombe sur ce maudit pré. Alors, je me courbe vers Lui pour réparer de mes mains fautives l’irréparable outrage. Rien n'y fait, c'est trop tard, j'ai péché par omission. » Ainsi pleurait Rochietti, tel Job, hier soir, à Musard, où il y avait du beau monde. Loulou et Lolo étaient là, l'un à côté de l'autre, accordant leurs bienfaits innombrables à la petite troupe d'un soir. Leur présence ne fut pas pour rien dans la beauté du jeu. Des passes, ciselées et rarement indécises, des passes au parfum de passé, des passes Saubusse, des passes pistaches, des passes coquasses, des passes en veux-tu en voilà, des passes martyres. Sur son aile Dominique répétait « Pourtant la passe ça me connaît ! ». Alors Loulou le mit à terre, le confessa, et lui dit : « Repends-toi et va en paix, que le monde soit une colombe à ton âme pécheresse. »

Sitôt au trou, le parjure redevint lui-même et fut frappé d'apostasie par l’assemblée des fidèles. Las, il s'en moquait et parjurait de plus belle sous l'œil complice de Kiki Belzébuth. Il se goinfra de poireaux vinaigrette délicieusement concoctés par Donatien. « La vérité du monde se tient dans le poireau » dit-il. A cela, nul ne put répondre. Pas même Donatien qui prolongea les fruits de son admirable labeur par une daube délicate, suave, onctueuse. « La daube est triste hélas et j'ai lu tous les livres » hoqueta Rochietti mal armé pour goûter les douceurs donatiennes qui ne lui en tint pas rigueur. Encore que. Et pourtant, rien n’est moins triste que la daube et c’est dauber la daube que de la juger de la sorte. Surtout quand elle est exquise, comme exquise, parfois, est la littérature.

Vint le brie. Un seul et même brie. Un brie fait à souhait, coulant, à point, parfait. « Je suis Brie dit Dominique, je suis brie de toute ma chair, de toute mon âme. O parfum cher à mon coeur, allégorie de mes péchers, illustration d'une vérité éternelle et rebelle ». La Piballe n'en pouvait plus, lui l'enfant des tabernacles, des autels, il entonna un chant pour laver le trou de tant d'impureté. « Trop, c’est trop » pestait-il dans sa barbe. Aussi égrena-t-il son chapelet en récitant un « Je vous salue Arnaud plein de grâce, que Loulou soit avec vous et que son pardon miséricordieux chasse l'impiété de cet antre livré au démon. » La paix revint sous l'œil attendri d'Amélie qui y alla aussi de son homélie.

Donatien, lui, achevait sa besogne. Un dessert léger comme le vent, de vanille et de meringue, nappé d'un coulis de framboise à damer tous les saints. « Du coolie faisons table rase » dit Walid. Clin d'œil, sans doute, aux événements qui secouent notre monde. Même si l’Asie n’est pas l’Afrique.

Enfin What else mit un terme au dîner. Le café de What Else, c'est une action de grâce. Donatien était aux anges et chanta Initials DG en mémoire du grand Serge.