24 mars 2011

Le cuistot de la semaine et la saucisse au trou

Par Le Barde (photo recyclée de l'année dernière)


Le 23 mars 1842 mourrait Stendhal. Le 22 mars 2011, c’était le tour de Dominique Rocchietti au trou.

Aucun rapport me souffle La Piballe. Faux lui répondis-je. Tu n’as qu’à demander à Jean-Bernard Saubusse dont la passe est au rugby ce que la phrase de Stendhal est au roman : précise, brève, toujours en mouvement. Et Rocchietti dans tout ça insiste La Piballe. Il n’a pas tort ce gros enfoiré. Mais il fallait bien un incipit à cet article. Comme Stendhal est mort un 23 mars, l’incipit était tout trouvé. Je reconnais qu’il n’était pas fondé mais puisque je l’ai choisi, je le maintiens. Mieux, je le répète : Le 23 mars 1842 mourrait Stendhal. Le 22 mars 2011, c’était le tour de Dominique Rochetti au trou.

Sans doute dois-je à l’Italie ce rapprochement. Car si Stendhal n’était pas italien, Rocchietti : il l’est. Stendhal adorait l’Italie où il fut consul. Il a écrit une biographie oubliée de Rossini et comparé les rondeurs des collines lot-et-garonnaises à celles de la dive toscane. Rocchietti, il n’aime pas l’Italie, j’ignore s’il goûte les langueurs de Rossini et les appâts toscans, mais il est italien. En fait, entre Stendhal et Dominique, il n’y a rien. Pas même sœur Sourire. J’ai fait fausse route. Je reprends à zéro. Et puis, le 22 précédant le 23, il ne peut prétendre au 23 ; c’est évident.

En ce premier mardi de printemps (tralala), le temps était doux, si doux, le castor alerte et gai. Sur le pré pas un mot ou si peu. Il est vrai que Dominique était en cuisine. Sur le pré, il y avait Loulou. Au-dessus de Loulou, il y avait la nuit étoilée qu’Amélie contemplait de temps à autre, négligeant les rares ballons qui passaient par ses mains. Il fredonnait ce vers de Dante : « La belle étoile qui d’aimer nous convie ». En-dessous de Loulou, il y avait une terre étique, rachitique que Croucrou labourait de sa foulée attilienne en citant Dante lui aussi : « Et je viens en un lieu où la douleur n’est plus. » L’Italie encore et toujours ; on n’y échappe pas. Jusqu’à Walid qui ne recevant aucun ballon sur son aile y alla de son Pavese : « L’heure qui passe lente est sans pitié pour ceux qui n’attendent plus rien. »

Au trou, il y avait Stendhal Rocchietti. Stendhal, c’est un joli prénom non. Que t’es con mon pauvre barde soupira La Piballe et tu nous les gonfles avec ton Stendhal. Blessé, meurtri, dépité, amer, seul, je ruminais d’affreuses pensées. C’est à peine si je voulus toucher au jambon qui était de Bayonne et que j’eusse voulu d’Italie. Heureusement, il y avait Jean-Bernard. Je parvins à chasser mes états d’âme, mangeant du jambon et du pâté. Je sais, cela n’a aucun intérêt mais tant pis. Vint alors le moins italien des plats : saucisses-lentilles. Ah ! Décidément, j’aime le pays de Montale et d’Ungaretti. Je mangeais quand même mes lentilles et mon unique saucisse. Tout le monde mangea ses lentilles et son unique saucisse. Titi compris.

Alors, ce fut la bérézina. Je quitte l’Italie et m’en remet à la pire des campagnes, celle de Russie. Les assiettes, innombrables jonchaient le sol. Pourtant Dominique, il est d’ordinaire plus à l’aise avec une main qu’avec deux. Pas pour le lancer d’assiettes. Oui, ce fut un long et interminable fracas. Alors Donatien cita René Char : « L’éclair me dure ». Savait-il que Rocchietti avait concocté des éclairs pour le dessert ? Mais putain mon barde on ne concocte pas des éclairs soupira La Piballe. Je lui rétorquais que l’on concocte les éclairs, que le verbe concocter vient du vieux français concoction (digestion, cuisson) et du latin concoctio Plaisant, et qu’il signifie préparer, élaborer. Bouche bée, il n’entreprit de l’ouvrir de nouveau que pour ouvrir ses lèvres au champagne servi par Dominique pour son anniversaire. Et les castors retrouvèrent la nuit étoilée de ce premier mardi de printemps.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Il manque un i à Rochetti. Il faut écrire Rochietti. Imaginez l'Italie sans i ! Une disparitaion à tous égards irrecevable. Sauf pour les adeptes de Georges Pérec. A bon Donatien salit !