10 mars 2011

Le cuistot de la semaine, daube or not daube

Par Le Barde et une photo de Guigui


Jean-Pierre, c'est un gentleman. Le rugby lui tendait donc les bras. Il n'a pas résisté à pareille invite. Le rugby y a gagné. Et les rugbymen aussi. Jean-Pierre, c'est un gentleman (répétition) et comme tous les gentlemen, il ne fait jamais dans les effets de manche. Il est ce qu’il est Jean-Pierre, il ne cherche pas à en faire plus. Il est vrai qu’en étant ce qu’il est, c’est déjà beaucoup puisque c’est un gentleman et que les gentlemen sont des gentlemen parce qu’ils ne prétendent pas à l’être mais qu’ils le sont (répétition appuyée). Son petit côté Gary Grant (voire abécédaire des quarante ans) vient de là, de cette manière élégante d’être au monde sans avoir l’air d’y toucher. Bon, je vais pas en rajouter parce qu’il n’aime pas que l’on en rajoute sur son compte Jean-Pierre ; c’est d’ailleurs pour cela que c’est un gentleman.

Allez, si, j’en rajoute. Jean-Pierre, il est gentleman jusque dans les lentilles. Comment donner de la grâce à l’ordinaire ? Demander à Jean-Pierre : il vous le démontrera avec une salade de lentilles. Une salade composée avec : des lamelles de chipiron, de saumon, des moules, des olives, de petits bouts de carottes. Et bien sûr des lentilles. Exquis, divin, délicat, incomparable comme une passe de Jean-Bernard ! Eric (Léonard) en prit six fois ! Moi-m’aime trois. Nul ne fut en reste et de reste il n’y en eut point.

Une petite couche encore. Jean-Pierre fit des coquillettes, des coquillettes gratinées au fromage. Les coquillettes, avec Jean-Pierre, c’est comme les lentilles : sublime. Je vous le disais, chez lui, l’ordinaire est touché par la grâce. Mais je ne m’arrêterai pas aux coquillettes. Car s’il y eut des coquillettes, c’est parce qu’il y avait de la daube. Alors quand Jean-Pierre s’attaque à la daube qui est moins ordinaire que les lentilles, tout en demeurant familière, nous ne sommes plus dans les sommets mais par delà les nuages. Quelle daube ! Les incongrus verront une critique dans cette exclamation. Je m’en tiens à la seule daube qui tienne, celle préparée par Jean-Pierre (ou par Donatien). La mode est à la daube au trou ; c’est une douce mode.

Vint le lancer d’assiettes. J’entendis des persifleurs : Jean-Pierre, il est maladroit. Les manants, les chiens, les foutriquets. Jean-Pierre, il lance comme sait lancer un gentleman : vite et bien, avec ce soupçon d’indifférence et de distance dans le lancer qui caractérisent le goût. Certes, quelques assiettes tombèrent faute de mains accueillantes. Péripétie.

Le fromage fut parfait. Camembert et je ne sais quoi. Le je ne sais quoi étant à la hauteur du camembert et contrairement à ce que prétend Jankelevitch n’était pas le presque rien. Quant au dessert : un splendide gâteau au chocolat, découpé en petits morceaux. Et surtout, Jean-Pierre, comble de l’élégance, de la distinction, il avait mis la crème anglaise dans une bouteille de verre (transparent). Les mauvaises langues s’en donnèrent à cœur joie. Les gougnafiers, les parjures, les païens ! Titi, lui, il reconnut la touche de style. D’un rien, il fait un tout Jean-Pierre. Les petits riens de Jean-Pierre sont autant de tout indépassables.

Quant à What Else, il eut droit à sa 4RL et nous, nous eûmes droit à son café. Jean-Pierre acheva son office en versant un zest de manzana dans nos verres lors que Donatien, impérial finissait de solder le repas (il est parfait Donatien en trésorier adjoint). Puis le trou se dégarnit, lentement, très lentement, épuisé par tant de bienfaits. Oui, c’est vrai la vie est belle (clin d’œil à Jean-Louis Corsenac).


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