05 mars 2011

Le cuistot de la semaine, what is done is Don

Par le Barde


« Je suis pécheur, je suis pécheur. Des Douze, je suis le pire. Oui, Judas, c'est moi. J'ai beau tendre les deux mains vers le Seigneur, vers son incarnation ovale, je ne parviens pas à le saisir, Il m'échappe, tombe sur ce maudit pré. Alors, je me courbe vers Lui pour réparer de mes mains fautives l’irréparable outrage. Rien n'y fait, c'est trop tard, j'ai péché par omission. » Ainsi pleurait Rochietti, tel Job, hier soir, à Musard, où il y avait du beau monde. Loulou et Lolo étaient là, l'un à côté de l'autre, accordant leurs bienfaits innombrables à la petite troupe d'un soir. Leur présence ne fut pas pour rien dans la beauté du jeu. Des passes, ciselées et rarement indécises, des passes au parfum de passé, des passes Saubusse, des passes pistaches, des passes coquasses, des passes en veux-tu en voilà, des passes martyres. Sur son aile Dominique répétait « Pourtant la passe ça me connaît ! ». Alors Loulou le mit à terre, le confessa, et lui dit : « Repends-toi et va en paix, que le monde soit une colombe à ton âme pécheresse. »

Sitôt au trou, le parjure redevint lui-même et fut frappé d'apostasie par l’assemblée des fidèles. Las, il s'en moquait et parjurait de plus belle sous l'œil complice de Kiki Belzébuth. Il se goinfra de poireaux vinaigrette délicieusement concoctés par Donatien. « La vérité du monde se tient dans le poireau » dit-il. A cela, nul ne put répondre. Pas même Donatien qui prolongea les fruits de son admirable labeur par une daube délicate, suave, onctueuse. « La daube est triste hélas et j'ai lu tous les livres » hoqueta Rochietti mal armé pour goûter les douceurs donatiennes qui ne lui en tint pas rigueur. Encore que. Et pourtant, rien n’est moins triste que la daube et c’est dauber la daube que de la juger de la sorte. Surtout quand elle est exquise, comme exquise, parfois, est la littérature.

Vint le brie. Un seul et même brie. Un brie fait à souhait, coulant, à point, parfait. « Je suis Brie dit Dominique, je suis brie de toute ma chair, de toute mon âme. O parfum cher à mon coeur, allégorie de mes péchers, illustration d'une vérité éternelle et rebelle ». La Piballe n'en pouvait plus, lui l'enfant des tabernacles, des autels, il entonna un chant pour laver le trou de tant d'impureté. « Trop, c’est trop » pestait-il dans sa barbe. Aussi égrena-t-il son chapelet en récitant un « Je vous salue Arnaud plein de grâce, que Loulou soit avec vous et que son pardon miséricordieux chasse l'impiété de cet antre livré au démon. » La paix revint sous l'œil attendri d'Amélie qui y alla aussi de son homélie.

Donatien, lui, achevait sa besogne. Un dessert léger comme le vent, de vanille et de meringue, nappé d'un coulis de framboise à damer tous les saints. « Du coolie faisons table rase » dit Walid. Clin d'œil, sans doute, aux événements qui secouent notre monde. Même si l’Asie n’est pas l’Afrique.

Enfin What else mit un terme au dîner. Le café de What Else, c'est une action de grâce. Donatien était aux anges et chanta Initials DG en mémoire du grand Serge.

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