14 octobre 2011

Le cuistot de la semaine, qui de La Piballe ou de l'œuf ?

Par le Barde


Le barde est à la bourre et nourrit bien tardivement le blog. Pas de fausses excuses. A chacun son job. Et le job du barde, c’est le blog.
- « Voilà que tu y vas de ton il comme le roi soleil y allait de son nous me susurre Perdigue. Et, putain, ajoute-t-il, tu ne te prends pas pour de la merde. »
Et de nous lancer dans un dialogue que n’aurait pas désavoué Platon. Car, je lui rétorque tout de go :
- «  Difficile d’être soi, mon Perdigue, tout en étant l’autre. Il, c’est l’autre et moi, c’est moi. Aux archis, mon je est un il, je n’existe que par la lyre que l’on me tend. En fait, ce que tu prends pour de l’orgueil est le comble de l’effacement, de l’humilité ».
- « Là mon barde, tu me la coupe. Sois il, et reçois mes plus plates excuses. »

Donc, le blog. Nul ne m’en voudra de profiter de l’actualité la plus brûlante et d’évoquer la petite victoire du coq. En quoi, le retard a du bon ; il permet de vivre plus intensément le présent, d’inscrire un proche passé dans les plis de l’immédiat. Donc, le match. Elever une cathédrale en rugby est une faute. Et Clerc est une cathédrale. Pour ne pas avoir fait montre de componction, le chef des poireaux a délaissé sa meute, contrainte de soulever des montagnes pour avoir raison du coq. Elle n’y parvint pas. Pourtant, elle fut à la hauteur. Las, elle ne mit pas à profit les occasions qui lui furent offertes. Le rugby est ainsi fait et se moque de la morale ; il ne reconnaît que celle du résultat. Fût-elle injuste. Ne boudons pas notre plaisir et attendons une salutaire rédemption. De préférence contre les Blacks et leur capitaine qui est, sans doute, le plus grand tricheur du rugby. Ce qui n’enlève rien à ses qualités de joueur. Mais, c’est un sacré blaireau. Là-dessus, je laisserai bien volontiers la parole au grand Tom.

Retour à mardi soir. Le pré fut guilleret. Guitou était là. Pas Jean-Bernard. Loulou était là. Pas Lolo. La bande à Guitou fut plus vive. Sans être exceptionnelle. Le toucher fut de qualité malgré trop de ballons tombés et l’oubli de ces quelques fondamentaux qui font du rugby un art : redresser sa course, lever la tête pour embrasser la situation comme Humphrey Bogart embrasse Ava Gardner dans La Comtesse aux pieds nus, ne pas péter comme un âne quand il suffit de délivrer une passe, prendre de la profondeur (ce qui est un signe d’intelligence), etc.

Côté cuisine, la Piballe était à l’ouvrage. Prof  était là, au bout de la table. C’est bon de le revoir le prof. Il n’a pas changé. La Piballe, c’est un classique : œufs mayonnaise en entrée. Guitou en avala neuf sous l’œil effaré de Lolo. Guitou, il aime le classique. Lolo aussi, mais à petites doses. Puis, ce fut un merveilleux civet de sanglier avec des patates grosses comme ça. « C’est comment comme ça me demande Perdigue qui avait décidé de me les gonfler. » « Comme ça, c’est gros » et je t’emmerde lui dis-je. Et je lui recommandais la lecture du livre de Jankelevitch Le sékomça et le presque rien . Il m’a promis de s’y employer. Retour au sanglier. Quelle finesse, quelle sauce. Le nuisible réduit à l’état de civet, c’est une douce fin. Un heureux retournement.  Que fleurissent les battues et que mille civets ornent les tables de France s’écria Jean-Philippe. C’est un lyrique Jean-Philippe. Surtout lorsqu’il caquette. Car il caquette merveilleusement notre vigneron. Pioupiou fut particulièrement sensible au son de la poule. Il se dressa comme un seul coq et s’adressa à Guitou comme Roméo à  Juliette. Les guelfes et les Gibelins en somme. L’issue était fatale et le couperet tomba. Point d’amour entre l’habitant du pays des cruches et le résident des grands cours. L’histoire est cruelle.
Le lancer d’assiette fut parfait. Comme le Président susnommé campagne. En ces temps de primaire, c’était de circonstance. Quant aux desserts, ils furent multiples. Il y en avait pour tous les goûts puisque tous les goûts sont dans la nature qui, comme chacun le sait, a horreur du vide. La trop petite chambrée était gavée et s’éparpilla d’un pas lourd, qui vers le café pop, qui vers ses pénates,  sous une merveilleuse nuit d’automne.

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