29 mars 2013

Le cuistot de la semaine, l'homme-fontaine

Par Le Barde


Le pré était peu garni. Une quinzaine de castors. Après le périple catalan, ce n'est pas si mal. Les nomades étaient nombreux, de Walid à Perdigue en passant par Seb ou Philippe. Ce fut une bonne partie de toucher. Mais une partie déséquilibrée. La faute à mézigue qui persiste à penser que le temps ne fait rien à l'affaire. A quoi Perdigue ajouterait : « Quand on est c... »

Le trou n’était guère plus garni que le pré. Comme le dit ce bon vieux François-René (de Chateaubriand) : « Dans un trou garni de cannes éclatées, on jette le maïs et la folle avoine ».  Nos cannes étaient bel et bien éclatées (surtout celles des vieux), quant au maïs et à la folle avoine : à bon entendeur salut ! 

Ithurbide était commis aux fourneaux. Un peu d’étymologie. Ithurbide est un nom basque formé sur ithurri (fontaine) et bide (chemin). Ithurbide désigne celui qui habite le chemin qui mène à la fontaine. Ainsi, Christian, c’est la fontaine du chemin, celui qui abreuve de ses bontés les promeneurs égarés. C’est Irulegiko arnoa (l’Irouleguy) des sentiers. N’empêche, ceux qui attendaient du basque en furent pour leurs frais. Christian fit ainsi la nique aux idées reçues. Non, le basque n'est pas autocentré sur son identité et sa culture ; il est ouvert au monde. Christian, il fait la nique à Brassens et aux  « imbéciles heureux qui sont nés quelque part ».  

En hommage à Jacouille tout commença par de la charcutaille : boudin et pâté. Jacouille demanda si le pâté était du pâté de Pottok. (Le pottok ou pottock est une race de poney vivant principalement à l'ouest du Pays basque, dans les Pyrénées. D'origine très ancienne, il présente des ressemblances morphologique avec les chevaux des peintures rupestres de la même région. Utilisé pendant des siècles par les habitants du Pays basque pour divers travaux d'agriculture, il fut également mis au travail dans les mines.) On craignit le pire. Christian se contenta de hausser les épaules et ne parut pas en prendre ombrage. 

La seule concession au Pays Basque fut le plat de consistance. Une piperade et du jambon revenu à la poêle. La piperade n’était pas tout à fait une piperade. Pas de piment ! Or, la piperade (de l'occitan béarnais piperrada, pipèr : piment rouge, piperrada en castillan) est un accompagnement gastronomique d'origine basque dont le nom vient de biper (piment en euskara). La piperade de Christian se rapprochait de la piperade au jambon de Bayonne. Ce qui est un comble pour un biarrot. Christian chanta bien sûr Aupa BO. En guise de réponse, il eut droit à l’hymne de l’aviron. Christian haussa les épaules, et, chagrin, rejoignit sa place près des vieux. Il essuya une larme de dépit que Pépé  ôta de sa joue avec une rare délicatesse. 

La discussion fut souvent ponctuée de réminiscences catalanes. Il fut ainsi question d’un marché où l’on trouve des pièces à 360 euros. De la nuit qui n'en finit pas de s'étirer. Et du gain de deux surnoms. El Pulpo pour Jean-François et Bernachatte pour Philippe. Pour le Pulpo, on comprend. Encore que Jean-François n’a pas trop la gueule d’un poulpe. Pour Bernachatte ? Il y eut aussi cette rime riche de Lolo après que Walid eut éternué : « Quand un libanais éternue,/C’est qu’il a froid au cul ». Rien à voir avec Barcelone. Lolo, il est comme ça. 

Le lancer d’assiettes fut correct. Le fromage n’était pas basque. Et le dessert pas davantage : une tarte riche et dense qui tirait un peu vers le flan. C’est alors que Jacky inventa le lancer de gobelets à café. Il se glissa derrière le comptoir, saisit un gobelet, visa Lolo et atteignit le crâne dégarni du Pulpo. Le lancer n’eut pas de suites. Jacky, il a des absences. Loulou, assis en bout de table était effondré et Arnaud murmurait : « Qu’y puis-je, qu’y puis-je ? ». 

Le calme revint. Quelques bières coulèrent. Le trou se dégarnit peu à peu. Christian était aux anges.

26 mars 2013

Archiball vs King's Pebrots ou comment déguster la crème catalane


By Titi


12h30 : L’arrivée au Camp Nou est mouvementée. Le bus se fraie tant bien que mal un chemin au sein de la horde des socios du Barça. Nous sommes attendus. Les visages se crispent, la tension monte. On lit sur le visage de Gwen la motivation du guerrier mêlée d’une appréhension légitime du chef d’armée qui amène ses troupes au combat.
Pour une fois, il ne s’est pas trompé d’heure. C’est bien là que nous devons combattre. 
Combien sont-ils ? 80 000, 100 000 à nous attendre avec leurs drapeaux blaugrana flottant devant cette arène majestueuse. Le peuple catalan n’attend qu’une chose : la mise à mort de cet adversaire d’un jour qui a osé traversé les Pyrénées pour venir les défier.  
Nous percevons à l’intérieur du bus cette odeur de sueur et de sang synonyme de l’âpre lutte qui nous attend. Les visages sont blêmes. Celui de Seb est livide.
13h : Nous pénétrons dans les entrailles du stade. Un vaste vestiaire où chacun essaie en vain de trouver un repère qui lui permettrait d’atténuer cette angoisse qui monte peu à peu avant la joute finale.
Les blazers archiballiens tombent des épaules pour s’accrocher aux frêles patères rejoints bientôt par des chemises ornées du fameux blason aux 3 castors. Les premières queues plates apparaissent pour disparaître aussitôt sous une toute nouvelle tenue de combat spécialement étudiée pour affronter les Catalans. Et quelle tenue… !!! Notre couturière libanaise nous a concocté un habit d’Arlequin aux damiers rouge-bleu-vert relevé par une braie bleue et de belles socquettes rouges. On comprend mieux pourquoi Beyrouth s’appelait le Paris du Moyen Orient. La coupe est seyante. Elle met en valeur nos corps musclés et en premier lieu celui de Marienus, notre légionnaire qui fendra bientôt en premier les lignes adverses.
Dans ces habits de lumière, nous sentons à nouveau la force nous habiter.


Le Roi Coco-Lear soutenu par son fidèle valet Jacquouille dit le charcutier prend alors la parole que chacun espère (Shakespeare en anglais) : « être ou ne pas être, telle est la question que vous devez vous poser». 
Dans le silence de ce vestiaire camphré, il distribue de la voix du sage les rôles que chacun devra tenir sur le pré : 
N°15 : Philippe-le-hardi-myope-toulousain pour découper la catalan qui approcherait trop près de la ligne. 
N°14 : Pascal-le-toubib au cas où il faudrait soigner des blessés sur le champ de bataille.
N°13 : Régis-le-psy pour remettre les têtes de ses coéquipiers à l’endroit et celles de ses adversaires à l’envers.
N°12 : Seb-le-tarbais pour fendre de sa lance les lignes adverses.
N°11 : Jeff-el-poulpo pour aspirer dans ses ventouses les prompts attaquants barcelonais.
N°10 : votre serviteur Titi-les-vieilles-jambes pour essayer de faire briller les n° ci-dessus cités… et pour rattraper les balles du n°9 !
N°9 : Yannick-le-brésilien (oui, oui… j’ai bien dit n°9) pour éclairer de ses passes millimétrées le jeu des bases arrières
N°8 : Easy-Gwen-le-guide pour partir à droite quand il faut partir à gauche (histoire de tromper l’ennemi)
N°7 : Benoit-le-chasseur pour éteindre toute velléité offensive de l’ouvreur catalan…
N°6 : Waliiiiiid-la-couturière pour vérifier que les maillots tiennent bien
N°5 : Grand-Thom-le-taiseux pour ouvrir la tronche du premier qui bouge en face.
N°4 : Berna-chatte pour pousser Sa-bite
N°3 : Sa-bite pour enfoncer la première ligne adverse
N°2 : Perdigue-le-bel-organe pour sonner la charge 
N°1 : … mais bordel, y a pas de n°1 !!!? Jacquouille, met un maillot… Ah merde, y en a pas à ta taille ! Tant pis, nous allons recruter un transfuge catalan.

Nous sommes fin prêts à affronter la foudre catalane et à vaincre loin de nos terres !

13H30 : Nous entrons sur le pré. Les images télévisuelles sont trompeuses. L’herbe du Camp Nou n’est pas cette moquette verte qui accueille le Messi(e) chaque dimanche.  Plutôt clairsemée… Peu importe, nous y pénétrons le buste droit, l’allure altière de ceux qui savent qu’ils vont vaincre.
Yannick-la-brésilienne mène l’échauffement avec doigté (!)… on se croirait revenu à la bataille de Mayol de 1991. Pompes, abdos, pompes, abdos… D’aucuns sont à deux doigts d’y laisser sur la pelouse leur préparation médicale du matin à base de Rioja. Heureusement l’arbitre a la bonne idée de rassembler d’un coup de sifflet stridant  les deux équipes au centre du terrain.
C’est le moment du Haka-doigt, le fameux cri de guerre Archiball craint par toutes les tribus rugbystiques de la planète. Nos adversaires en tombent sur leur céans.
Enfin, l’affrontement débute. Violent, engagé, barbare… 
Les catalans sont étouffés, vite anéantis par les débordements de nos rapides ailiers, la percussion de nos avants, la vista de Seb, les plaquages rageurs de Benoit, la dexterité de Philippe-le-hardi, la justesse de Yannick…
Un jeune catalan au front dégarni et à la vigueur remarquable trébuche sur Seb (qui était à terre) puis est découpé en deux par Régis. Le diagnostic du toubib est sans appel : tête à l’envers et ligament latéral en vrille… exit.
Très vite, le score enfle. 1-0, 2-0, 3-0… les essais s’enfilent comme les perles
La mi-temps est sifflée sur le score sans appel de 4 essais à zéro. Jacquouille et Coco nous attendent sur le bord de la touche avec quelques bouteilles d’eau bienvenues. Les bib de Fronton et de Clairet de Quinsac sont restés dans le bus pour un sevrage de bon aloi.
Le jeu reprend. La horde girondine reprend son avancée conquérante dans les rangs barcelonais. Nos lancers en touche restent hasardeux et donnent quelques ballons d’attaque vite annihilés par une défense aux aguets. Benoit s’exerce aux passes de muleta sur les chics-chacs de l’ouvreur catalan.
El poulpo est oublié par le transfuge catalan sur un deux contre un sur un essai tout fait. Sa-bite pénètre avec son style inimitable, Berna-chatte est au soutien, Perdigue guette le moindre trou et Waliiiiid tricote à grandes enjambées pour offrir la béchigue à Pascal qui va à dame. 5-0, 6-0, 7-0… 
La messe est dite. 
Un dernier sursaut d’orgueil permet à nos hôtes de marquer un ultime essai. 
7 essais à 1. La Sagrada Familia sonne le glas des derniers espoirs de nos adversaires en même temps que la fin de la partie. 


22 mars 2013

Le cuistot de la semaine, la lumière était au trou



Musard était éteint. Foin des lumières, nous décidâmes de trotter quand même. Walid, Don, Philippe, le Préside, Régis, Hamilton, Guitou  et votre serviteur  pratiquèrent un dark rugby de rêve, bref mais bon. Pour mardi prochain, par précaution, on prendra un ballon fluo.

Garcimore nous attendait au trou où l'ami Bruno était de retour, barbu, le visage émacié, heureux de retrouver ses pairs. En bon magicien Garcimore proposa du museau en entrée. Ce n'était pas du museau de lapin et pas davantage du bec de colombe. Mais un museau de bon goût qui n'avait pas besoin de sortir d'un chapeau pour être de mise. Quelques feuilles de salade accompagnaient  les tranches fines et délicates, avec ça et là des cornichons.

Ensuite vint la choucroute. Des saucisses rutilantes, des pommes de terre éparses et du chou bien sûr. La choucroute est rare au trou, elle n'en fut que plus appréciée. D'autant qu'un petit vin blanc d'Alsace était servi.

Le traditionnel petit rappel historique. L'origine du mot choucroute est à rapporter à Sauerkraut en allemand, littéralement « chou aigre», altéré en « chou » et « croute ». En France il dérive du dialecte alsacien. Par extension, le terme désigne aussi le plat de choucroute cuite avec son accompagnement.

Contrairement aux idées reçues, ce mode de préparation du chou viendrait de Chine, où, selon la légende, il aurait été inventé au IIIe siècle avant notre ère par les constructeurs de la Grande Muraille pour résister au froid.

Si la grande muraille était d'abord destinée à se protéger des hordes venues du nord, Mongols ou Huns, il est probable que ce soit Attila et les Huns qui auraient, après avoir échoué à conquérir la Chine, porté ensuite leurs conquêtes vers l'ouest, passant par la Bavière et l'Autriche avant d'atteindre l'Alsace en 451. C'est la date probable à laquelle cette préparation du chou est apparue dans ces régions, qui utilisaient du reste la lacto-fermentation pour la conservation d'autres légumes, notamment du navet (navet salé).

En France, ce n'est qu'au XIXe siècle que la choucroute désignera le plat de chou cuit avec son accompagnement. Le chou fermenté est généralement cuit dans du vin blanc mais peut aussi l'être dans le cidre, la bière ou le champagne.

Le lancer d'assiettes fut mi-figue mi-raisin. Il est vrai que les trajectoires étaient assez incertaines. Le brie était parfait. Comme la salade de fruits déposant une fraîcheur bienvenue dans nos palais pestilentiels et non pas présidentiels.

Une belote de comptoir, quelques galopins, et le tour était joué sous l'œil bienveillant de Garcimore sirotant son Whisky.

18 mars 2013

Le poète de la semaine, le printemps des cuistots

Par Le Blogueur

Mes amis, j'ai que des bonnes nouvelles.
Les abdos Kronenbourg, c'est de l'histoire ancienne. Accusée de faire prendre du bide, réjouissez-vous, tout est faux, la bière est innocentée par une très sérieuse étude anglaise. La bière ne fait ni grossir, ni prendre du bide. Cette étude dit aussi que remplacer deux verres de vins quotidiens par deux bouteilles de bière permettrait même de sauver 58.240 calories par an.
Si on part du principe que la bière ne fait pas grossir, on peut ajouter qu'elle permet de rester sobre selon une autre étude. Comment ? Tout simplement parce que tu es quelqu'un de très informé et que cette autre étude britannique publiée récemment ne t'a pas échappé. Mais que dit-elle cette étude ? Que les verres en forme de flûte incitent davantage à boire que les chopes classiques, à condition que Gwen ne soit pas dans les parages. Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire.
Et comme on sait que, selon une autre étude encore (eh oui, j'étudie beaucoup en ce moment), l'alcool rend plus intelligent. Oui, toi ! On est comblé ! Cette étude américaine, menée par les scientifiques de l'Université de l'Illinois, dit qu'après quelques verres d'alcool, la créativité augmentait de 50%. L'étude citée dans le New York Post décrit des psychologues qui bourrent la gueule de leurs patients et ils leur ont donné un exercice qu'ils ont mieux réussi que d'autres qui étaient à jeun !
On ajoute à ça que le Daily Mail rapporte qu'une étude britannique (encore eux, évidemment) s'est rendue compte que boire de la bière ne serait pas mauvais pour les os.
Et comme vous allez dire que c'est n'importe quoi. Des chercheurs espagnols se sont rendus compte que la bière contient des éléments qui peuvent avoir un effet protecteur sur le système cardiovasculaire. Ils recommandent même de boire un verre de bière par jour. Les chercheurs ont démontré que ceux qui buvaient de la bière de manière régulière présentent moins de risque de souffrir de diabète ou d'hypertension, et moins de... graisse corporelle. Et comme ils sont ibères sérieux, ils ont aussi montré que boire de la bière hydrate autant que de boire de l'eau après le sport. Ben voyons.

Pour fêter ça, le bar offre une tournée générale. C'est Saby qui va être content !

Sinon, Habemus papam. Pas un pape d'occase, on a un pape, un vrai. Le Barde était à Miami et pour dire combien il était content de voir un pape nourri à l'asado, il a sauté de joie dans le ciel américain. Et ça n'a pas loupé, beau comme il est, il a fait la une des journaux.

[Petit rappel : quand les mots sont en rouge, il faut cliquer dessus, ça cache un lien qui explique généralement les conneries que je raconte.]

Pause vidéo :



Quoi dire d'autres, j'ai pas vu la météo, je vous en aurai parlé aussi...
Vous l'avez compris. Parler de tout et de rien veut dire qu'on ne sait rien du tout. Mardi, je n'étais pas sur le pré et encore moins au trou. Voilà un exercice bien difficile : parler d'un mardi où on y était pas !

Alors j'ai appelé Donatien pour lui demander le menu de son repas histoire de, il m'a dit qu'il me rappellera après le match, pas celui de France/Irlande, c'était la veille, ni celui des Archiball, c'est samedi prochain. Le MatcH était indoor, au Printemps des poètes, l'équipe de Donatien affrontait celle du Barde. Je ne connais pas le score. Je n'y étais pas.

Ce qu'on sait du menu :
Sublime salade croquante – chou lisse – radis noirs (on n’en bouffe plus assez souvent) – fenouil – persil – pipas – sésame – aillet

Incommensurable bœuf carottes (avec ses navets)

Lancement d’assiettes inversé

Brie brillant

Anthologique compote de pomme à la façon de ma grand-mère (avec ses gousses de vanille)
Dernière pause vidéo et je vous laisse :

07 mars 2013

Le cuistot de la semaine, heureusement qu'il y a Féedus

Par le blogueur


Un mardi comme on les aime. Une température printanière. Une affluence raisonnable. Un ballon tout neuf. Et une équipe qui gagne, et ce n'est pas celle de Guitou. Le plus simple est de regarder la vidéo.



En gros, des courses folles, des passes éclaires et des essais de toute beauté. On a mérité une douche et de prendre le chemin du trou où nous attend un de ces repas que seul La Fée sait faire, parce que La Fée et une fée et qu'il fait à manger avec amour et pas avec une baguette magique.

« Il faut dire les choses quand ça ne va pas » me dit La Fée en arrivant. Et il a raison, le tout est de trouver une oreille qui écoute. Il est 10 h passé et La Fée n'est pas très content. Alors comme il sait le faire, il vide ce qu'il a sur le cœur et me dit : « Je ne sais pas l'écrire malheureusement sur le blog et tant mieux si tu es capable. Je constate tout simplement la fatigue de nos anciens qui font l'effort d'attendre jusqu'à dix heures pour bouffer et dans le respect de tous. Du coup, je pense qu'un effort de ceux qui vont courir un peu avant, histoire de boire une bière et être à l'heure à table, serait très élégant. »
Je me suis dit que là, tout est dit. Pas la peine de le dire autrement si on est pas capable de comprendre une chose aussi simple.
Ce qui est dit est que ce club existe depuis des années, certains n'étaient même pas nés (vous imaginez ?). Ce qui est dit est que ce club s'est fait à force de conviction et de camaraderie. Ce qui est dit est que ce club a traversé les temps jusqu'à nous grâce aux règles mises en place, de façon formelle et de façon informelle. Ce qui est dit est que ces règles ont été respectées pour garder un groupe uni et soudé. Ce qui est dit est que ce groupe, avec ceux qui sont partis et ceux qui sont encore là, nous a laissé un héritage immense et qu'on a l'air parfois de sales gosses à le dilapider.
Voilà pourquoi, là, dans ce que dit La Fée, tout est dit, mais est-ce que tout sera entendu ?

Et si La Fée dit les choses, c'est qu'il en a dans le ventre. Et pour la transition, tant bien que mal, avec un humour à deux balles, il embraye sur une entrée venue d'un autre monde : Le Ventre de veau. A table, ceux qui ont le ventre vide, se jettent dessus. Dans l'assiette, on frotte l'ail sur un bout de pain grillé et on se met une louche de "ventre" dessus.
« En avoir dans le ventre n'est pas toujours le contraire de ne rien avoir dans le ventre» me dit Le Barde en tapant l'entrée à la cuillère. Je hoche la tête et je profite de l'occasion pour lui dire qu'il faut frotter l'ail sur le pain et le manger avec. « Ah, il y a du pain sur la planche ? ». « Il y en a d'autre dans la cuisine » répond Lolo qui grille Le Barde en piquant la dernière tranche grillée.
Le Barde se retourne vers moi et me dit : « Entre le XIVe et le XVIe siècle, on disait en moyen français "avoir quelque chose dans le ventre" pour dire "avoir des projets". On employait également dans la seconde moitié du XVe siècle "savoir ce que quelqu'un a au ventre", forme actuelle de "savoir ce que quelqu'un a dans le ventre" – apparue comme telle au XVIIe siècle, et dont le sens était "capacités physiques et morales ou ambition". Aujourd'hui, dire d'une personne qu'elle n'a rien dans le ventre revient à dire qu'elle n'a aucune énergie, tant sur le plan physique que moral. » Tout ça pour me dire qu'il a la flemme d'aller chercher le pain. J'y suis allé.

En revenant, il s'est passé quelque chose qui a coupé net le brouhaha du trou. Yannick venait d'arriver et je me suis dit que son arrivée faisait drôlement de l'effet. Ce que je n'ai pas vu, c'est Franky qui voulait lui tâter ses bijoux de familles et qui a glissé de sa chaise. Coco a bien essayé de le retenir mais il chantait. Finalement, il en faut plus à Franky pour qu'il abandonne son "ventre de veau". Il a retrouvé son assiette en moins de deux et lui a mis une branlée.

Si on n'est pas du genre à chercher comment La Fée a fait le ventre de veau et qu'est ce qu'il y met, on ne va pas être du genre à chercher comment il fait les lasagnes et qu'est ce qu'il y met. Même si on est pas à cheval sur les principes, on sait que La Fée n'est pas un mauvais cheval. Il pose ses nombreux plats et comme à l’accoutumée, l'assemblée reprend son cheval de bataille préféré et se met à chanter « Heureusement qu'il y a Féedus ».

Après tout ça et après le fromage et la tarte au pomme, La Fée nous annonce l'anniversaire de son fils présent par minou. Il en profite pour l'introniser avec vingt ans d'avance comme futur Archiball. Arnaud attrape deux bouteilles de champagne au frais. Coco et Joël applaudissent. Il y a du beau linge ce soir. La Fée et sa petite Fée clochette cache un complice. Les voilà en trio pour un unplugged des grands classiques des Epernons. Voici le clip officiel. Enjoy.