26 mars 2013

Archiball vs King's Pebrots ou comment déguster la crème catalane


By Titi


12h30 : L’arrivée au Camp Nou est mouvementée. Le bus se fraie tant bien que mal un chemin au sein de la horde des socios du Barça. Nous sommes attendus. Les visages se crispent, la tension monte. On lit sur le visage de Gwen la motivation du guerrier mêlée d’une appréhension légitime du chef d’armée qui amène ses troupes au combat.
Pour une fois, il ne s’est pas trompé d’heure. C’est bien là que nous devons combattre. 
Combien sont-ils ? 80 000, 100 000 à nous attendre avec leurs drapeaux blaugrana flottant devant cette arène majestueuse. Le peuple catalan n’attend qu’une chose : la mise à mort de cet adversaire d’un jour qui a osé traversé les Pyrénées pour venir les défier.  
Nous percevons à l’intérieur du bus cette odeur de sueur et de sang synonyme de l’âpre lutte qui nous attend. Les visages sont blêmes. Celui de Seb est livide.
13h : Nous pénétrons dans les entrailles du stade. Un vaste vestiaire où chacun essaie en vain de trouver un repère qui lui permettrait d’atténuer cette angoisse qui monte peu à peu avant la joute finale.
Les blazers archiballiens tombent des épaules pour s’accrocher aux frêles patères rejoints bientôt par des chemises ornées du fameux blason aux 3 castors. Les premières queues plates apparaissent pour disparaître aussitôt sous une toute nouvelle tenue de combat spécialement étudiée pour affronter les Catalans. Et quelle tenue… !!! Notre couturière libanaise nous a concocté un habit d’Arlequin aux damiers rouge-bleu-vert relevé par une braie bleue et de belles socquettes rouges. On comprend mieux pourquoi Beyrouth s’appelait le Paris du Moyen Orient. La coupe est seyante. Elle met en valeur nos corps musclés et en premier lieu celui de Marienus, notre légionnaire qui fendra bientôt en premier les lignes adverses.
Dans ces habits de lumière, nous sentons à nouveau la force nous habiter.


Le Roi Coco-Lear soutenu par son fidèle valet Jacquouille dit le charcutier prend alors la parole que chacun espère (Shakespeare en anglais) : « être ou ne pas être, telle est la question que vous devez vous poser». 
Dans le silence de ce vestiaire camphré, il distribue de la voix du sage les rôles que chacun devra tenir sur le pré : 
N°15 : Philippe-le-hardi-myope-toulousain pour découper la catalan qui approcherait trop près de la ligne. 
N°14 : Pascal-le-toubib au cas où il faudrait soigner des blessés sur le champ de bataille.
N°13 : Régis-le-psy pour remettre les têtes de ses coéquipiers à l’endroit et celles de ses adversaires à l’envers.
N°12 : Seb-le-tarbais pour fendre de sa lance les lignes adverses.
N°11 : Jeff-el-poulpo pour aspirer dans ses ventouses les prompts attaquants barcelonais.
N°10 : votre serviteur Titi-les-vieilles-jambes pour essayer de faire briller les n° ci-dessus cités… et pour rattraper les balles du n°9 !
N°9 : Yannick-le-brésilien (oui, oui… j’ai bien dit n°9) pour éclairer de ses passes millimétrées le jeu des bases arrières
N°8 : Easy-Gwen-le-guide pour partir à droite quand il faut partir à gauche (histoire de tromper l’ennemi)
N°7 : Benoit-le-chasseur pour éteindre toute velléité offensive de l’ouvreur catalan…
N°6 : Waliiiiiid-la-couturière pour vérifier que les maillots tiennent bien
N°5 : Grand-Thom-le-taiseux pour ouvrir la tronche du premier qui bouge en face.
N°4 : Berna-chatte pour pousser Sa-bite
N°3 : Sa-bite pour enfoncer la première ligne adverse
N°2 : Perdigue-le-bel-organe pour sonner la charge 
N°1 : … mais bordel, y a pas de n°1 !!!? Jacquouille, met un maillot… Ah merde, y en a pas à ta taille ! Tant pis, nous allons recruter un transfuge catalan.

Nous sommes fin prêts à affronter la foudre catalane et à vaincre loin de nos terres !

13H30 : Nous entrons sur le pré. Les images télévisuelles sont trompeuses. L’herbe du Camp Nou n’est pas cette moquette verte qui accueille le Messi(e) chaque dimanche.  Plutôt clairsemée… Peu importe, nous y pénétrons le buste droit, l’allure altière de ceux qui savent qu’ils vont vaincre.
Yannick-la-brésilienne mène l’échauffement avec doigté (!)… on se croirait revenu à la bataille de Mayol de 1991. Pompes, abdos, pompes, abdos… D’aucuns sont à deux doigts d’y laisser sur la pelouse leur préparation médicale du matin à base de Rioja. Heureusement l’arbitre a la bonne idée de rassembler d’un coup de sifflet stridant  les deux équipes au centre du terrain.
C’est le moment du Haka-doigt, le fameux cri de guerre Archiball craint par toutes les tribus rugbystiques de la planète. Nos adversaires en tombent sur leur céans.
Enfin, l’affrontement débute. Violent, engagé, barbare… 
Les catalans sont étouffés, vite anéantis par les débordements de nos rapides ailiers, la percussion de nos avants, la vista de Seb, les plaquages rageurs de Benoit, la dexterité de Philippe-le-hardi, la justesse de Yannick…
Un jeune catalan au front dégarni et à la vigueur remarquable trébuche sur Seb (qui était à terre) puis est découpé en deux par Régis. Le diagnostic du toubib est sans appel : tête à l’envers et ligament latéral en vrille… exit.
Très vite, le score enfle. 1-0, 2-0, 3-0… les essais s’enfilent comme les perles
La mi-temps est sifflée sur le score sans appel de 4 essais à zéro. Jacquouille et Coco nous attendent sur le bord de la touche avec quelques bouteilles d’eau bienvenues. Les bib de Fronton et de Clairet de Quinsac sont restés dans le bus pour un sevrage de bon aloi.
Le jeu reprend. La horde girondine reprend son avancée conquérante dans les rangs barcelonais. Nos lancers en touche restent hasardeux et donnent quelques ballons d’attaque vite annihilés par une défense aux aguets. Benoit s’exerce aux passes de muleta sur les chics-chacs de l’ouvreur catalan.
El poulpo est oublié par le transfuge catalan sur un deux contre un sur un essai tout fait. Sa-bite pénètre avec son style inimitable, Berna-chatte est au soutien, Perdigue guette le moindre trou et Waliiiiid tricote à grandes enjambées pour offrir la béchigue à Pascal qui va à dame. 5-0, 6-0, 7-0… 
La messe est dite. 
Un dernier sursaut d’orgueil permet à nos hôtes de marquer un ultime essai. 
7 essais à 1. La Sagrada Familia sonne le glas des derniers espoirs de nos adversaires en même temps que la fin de la partie. 


Aucun commentaire: