17 janvier 2014

Le cuistot de la semaine, le la est là, les lasagnes aussi

Par Le Barde


Guitou n'était pas là. Guitou a eu tort. Certes, il aurait pris une branlée en se rangeant côté cannes et en désertant le camp qui est le sien, celui des poivres et sel à la cinquantaine bien trempée. Guitou préfère la jeunesse à l'expérience. Hier, la jeunesse était à la rue, et les vieux baignés par la grâce. Car pour une branlée, ce fut une branlée.

Le quintette JP, Hamilton, JB, Palanquès et moi-m'aime fut prodigieux. Oui quel quintette, si proche  de la truite, filant ses courses justes sur le vert pré des amours rugbystiques.  Un quintette à vent, bien sûr, avec flûte (JB), hautbois (Hamilton), clarinette (JP), cor (Bernard) et basson (moi-même).

Les vieux, ça sert à donner le la, un la  pour l'hallali. Walid, Don, Toto furent au diapason et reçurent le la à la perfection, boutant hors le contre ut désespéré de Léo, le seul, en face,  à émerger. Que dire de Croucrou, débordant par deux fois son alter ego pour aller en terre promise. Du Lagisquet pur sucre. Du grand art. Il est vrai qu'avec JB, l'art n'est jamais bien loin ; il est même tout proche ; enfin, il est là. Le la de l’art, tout est là.

Perdigue fit une entrée en scène fracassante. A peine avait-il pénétré dans l'arène que, servi par JB, il dévora littéralement l'espace qui le séparait de la ligne d'essai. Sans le savoir, il s'était mis du bon côté. Pour rééquilibrer les deux parties en présence, il rejoignit l'autre camp et s'éteignit. Une étoile filante en somme.

Comme nous regagnions les vestiaires, une rumeur s’amplifia : « Putain, les vieux, ils sont chargés ». Nous ne répondîmes pas à cette outrecuidance, cette effronterie, cette impertinence. Dignement JB cita Vigny : « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse ». Et d’ajouter : «  Et n’imaginez pas un instant que le loup est prêt à mourir, n’en déplaise à l’Alfred ! »  Perdigue, lui, dormait encore sous les poteaux, rêvant à sa course folle.

Bernachot était en cuisine, ceint du bleu tablier des maîtres-queux. Dans une vaste marmite, il déposa sa salade. Un savant mélange de pommes, d'endives et d'une infinité de petites choses. Un délicat fourre-tout, frais, croquant. Puis, il commit des lasagnes.
Un peu d’histoire. « Les lasagnes sont des pâtes alimentaires en forme de larges plaques. Il s'agit également de la préparation utilisant ces mêmes pâtes et généralement faite de couches alternées de pâtes, de fromage et d'une sauce tomate avec de la viande.

Le mot italien lasagna est dérivé du grec ancien λάσανα / lásana qui signifie « trépied de cuisine ». Ce mot fut ensuite employé par les Romains pour désigner un récipient de cuisson, le lasanum. Les Italiens employèrent ensuite le mot pour désigner le plat dans lequel les lasagnes étaient faites. Maintenant, le mot lasagna (lasagne au pluriel) ne désigne plus que la préparation. Les lasagnes sont le met favori de Garfield.

Attention, il ne faut pas confondre la cuisine des lasagnes et la culture en lasagne (lasagna gardening) qui est une manière de faire un jardin. Comme le cuisinier préparant ses lasagnes alterne couches de pâtes et de sauce, le jardinier dépose sur le sol des couches de matériaux de compostage qu'il termine par une couche de terreau où il peut effectuer immédiatement des plantations. »

Les lasagnes de Bernachot connurent un franc succès. Elles eurent, chez Pioupiou, un effet inattendu. Pendant dix longues minutes, il entonna l’air très répétitif de la chanson monotone, accompagné par un JP aux anges.  Bien entendu, c’était particulièrement casse-couilles. Mais personne ne broncha. Tout le monde resta digne, de marbre. De guerre lasse, les deux chanteurs se turent et rentrèrent dans le rang. Perdigue poursuivait son somme, et, de temps à autre, comme un chien rêvant, remuait la tête avec de petits soupirs.

Le lancer d’assiettes fut paisible. On calma les ardeurs de distance de Bernatchat. Nous n’eûmes plus qu’à profiter du fromage. Vint la galette. Une parisienne. Une frangipane quoi. Saviez-vous qu’il existe plusieurs théories sur son origine ? D’aucuns prétendent que la recette de la crème aurait été donnée par le comte Cesare en cadeau de mariage à Catherine de Médicis. Le petit-fils de Mutio, Pompéo Frangipani, marquis et maréchal des armées de Louis XIII, aurait mis au point le parfum de la frangipane pour cacher l'odeur du cuir des gants et des souliers. (L'invention de la pâtisserie lui a aussi été attribuée). Dans la famille franciscaine, la tradition veut que la frangipane vienne de Jacqueline de Septisoles, épouse et jeune veuve du noble romain Graziano de Frangipani, seigneur de Marino. Cette dame, devenue amie et disciple de François d'Assise, qui l'appelait « Frère Jacqueline », avait coutume de lui offrir des gâteaux aux amandes. J’opte pour la version franciscaine, Frère Jacqueline, ça me plait.

La fin de soirée fut douce. Les vieux regagnèrent leurs pénates un peu plus tôt que de coutume. « Ils étaient chargés, j’en suis sûr » ronchonnait Peyo. Perdigue, affalé sur le comptoir roupillait encore. J’ignore s’il a passé la nuit au trou.

3 commentaires:

Le Toulousain a dit…

Mais c'est qui cette Jacqueline des Sex Pistols?

Unknown a dit…

Bonjour comment puis-je contacter un responsable du club? Merci

Perdigue a dit…

Salut Florian,
Tu peux m'appeler au 06.84.51.51.35.
Je suis le trésorier des Archis.
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