Par Réglisse
Il y avait du monde pour tâter de la balle sur le pré des écoliers. Des jeunes aux moins jeunes, tous les styles étaient de la partie. Il en fallait en effet, pour déjouer les défenses serrées qui limitaient l’empreinte de nos pas au-delà des lignes d’essai. Des nouveaux étaient de la partie et des jeunes qui courent, et oui… les jeunes courent. Nous ne savons les reprendre mais la nature est ainsi faite. Les anciens jouent et les jeunes courent. Pour ce faire, nul doute de l’intérêt de posséder la balle. Dudu nous prouva une nouvelle fois que les jambes cela ne sert pas uniquement pour courir mais pour prendre le trou avec la balle. Et parfois quand le trou est pris, le jeune reste sans jambes. Et marquer un essai, c’est le pied. Car tu peux courir mais sans la balle c’est comme un poète sans rames. Ou un rameur sans imaginaire. La muse n’y est pas !
Pour revenir au Dudu. C’est une joueur chasseur, rien de nouveau, il peut patienter, observer, nous leurrer en se camouflant en rose, rien de plus transparent qu’un tee shirt rose dédié à des seins protecteurs. Une véritable panthère rose. Il sait jaillir en mettant à profit ses feintes dans les failles de la jeune ignorance qui daigne s’opposer à lui. L’essai est au bout. Le trou reste sa cible même si le rose lui correspond à ravir. Les anciens applaudiront à chaque fois ces faits d’armes d’exception dans ses perforations ovalistiques. Notre Barde lui, aurait composé une ode, un sonnet, point de roman car même si le geste est beau, c’est l’éphémère qui compte pour graver sa trace dans les livres d’histoire.
Point de chants dédiés aux exploits de l’ovalie pour ce soir car notre Barde à défaut d’être au pré, était de bouffe. Notre Barde sacrifia sa plume pour remplacer, non pas à la rame mais au fourneau, Donatien qui en quête d’inspiration se rapproche de la philosophie cartésienne pour « ses passions de la rame ». Don pour les jeunes qui courent est un écrivain moderne. Son style est le canoë. Pour lui le sublime s’imprime dans l’écrit. La force et l’esprit se rencontre dans la solitude de l’effort. Il cherche à répondre à cette énigme sphinx-terrienne « Un homme qui pagaie, rame-t-il dans l’écriture ? ».
Bref nous voilà au trou pour nous nourrir des plaisirs de la vie. L’équipe des anciens s’est étoffé d’un barbu, la muse aime le poil ce n’est pas le Barde qui me contredira. A trop d’esprit et à défaut de main, les poils poussent. C’est une preuve scientifique. Jacques se sublime dans le port de la barbe.
Ca Barde au fourneau. Notre Barde est riche dans l’art de transformer le moche en beau, le lourd en léger, les mains en pieds. Cependant dans la transformation de la nourriture notre Barde préféra la muse du produit brut. Point de transformation même si les mélanges, les proportions et assaisonnements furent à souhait. La tomate devint tomate, la verdure resta verte, les poivrons ronds… Bref c’est la découpe qui fit la différence et nous proposa un mélange de primeurs pour l’entrée. A défaut de transformation, Pépé marqua l’essai. Notre Pépé tâte la miche (pas notre cousin d’Amérique) et sait en faire profiter ces amis. Entre de bonne main la miche se transforme. Et le pain au-delà du produit devient un symbole. Ce qui me laisse à penser que le boulanger de Pépé porte la barbe. En tout cas le pain devint Bite et le vin resta Sabite.
Nous retrouvâmes dans le tempo, la cuisine du Barde, le poulet se transforma en poulet, et le riz en riz. Une constance dans son art ! Yannick qui ne porte pas la barbe, découvrit l’âme des plaisirs d’orients. A chaque bouchée, sa muse lui portait un souvenir épicé, un peu de curry, une pointe de cannelle, de la coriandre par là, du safran, et même du gingembre qui le ramena sans le vouloir à Pépé et son pain. Les muses le tâtent mais les associations inconscientes qui les animent ramenèrent vite notre homme de doigté à la réalité de Pépé et son réconfort dans Sabite.
Pioupiou se lança dans la chansonnette. Pioupiou pour les nouveaux, ne porte pas la barbe, il s’en rapproche avec le bouc, mais dans la chansonnette il ne porte pas la barbe. Ses chansons animèrent les oreilles et permirent à notre barbu de Barbe de terminer son sonnet gustatif.
Le lancer d’assiette, les tuyaux du pompier, les volées de cacahuètes rien ne perturba la dextérité et la précision de notre Barbe. Le poète joue des mots et sait jouer des mains.
Pour le dessert, le Barde transforma des sorbets en sorbets. Original et sublime à la fois.
L’essai se transforme. Les muses inspirent. Le Barde cuisine. Donatien rame. Et la nuit suit le jour.
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