13 septembre 2014

Le cuistot de la semaine : « on est ici pour grossir »

Par Le Barde


Après les boules, retour aux fondamentaux. L'herbe remplace le gravier disparate des terrains de la fée, le ballon devient la mesure de toute chose. Et nous revoilà gamins, enfants d'un jeu qui ne nous a jamais fait faux bond.

Nous étions une bonne vingtaine à nous ébattre. Sans Donatien qui tutoie les méandres aquatiques chers à Stevenson. Mais avec Hamilton que les hasards du calendrier mettait à l'honneur. 

Si le ballon tomba, la fête fut de chaque instant. La passe retrouvait sa raison d'être. Et nous avec. Toto profitait des intervalles que lui offrait ce jeu de mains béni des dieux qui n'en finit pas de nous ravir. Sous le regard énamouré de Titi qui fredonnait, en hommage à Villon, Mais où sont les cannes d'antan, ou si vous préférez, la ballade des cannes du temps jadis.
Titi, il exagère. Il est encore affuté. Comme JB qui était là, plus aérien que jamais. Et Jean-Phi, toujours aussi zigzaguant, insaisissable sur la ligne. Quant à Bernard, il joua les pivots, l'œil vif. Lors que Croucrou, sur son aile, attendait la béchique.

Après la fée, tradition oblige, c'est Amélie qui régale. Le trou était garni. Coco était là. Il file vers ses quatre-vingt-six printemps. Jeudi, l'affaire sera dans le sac. Perdigue se permit une incursion rimbaldienne : « Je l'ai retrouvée,/Quoi, l'éternité,/C'est Coco mêlé aux archis. »

« On est ici pour grossir, la maigreur est une offense au savoir-vivre », déclama Lolo d'emblée. Et de poursuivre : « Quand les gros sont maigres. c'est que le monde tourne pas rond ». Et se tournant avec amour vers Alain-Charles, il conclut : « Un grand con s'il ne mange pas il devient con ».  

L'entrée était délicate. Tomates, échalote, fines asperges, petits dès de poivrons. Une rillette bienvenue rappelait les nécessités du gras. Puis, il y eut une longue attente, une très longue attente. Le trou n'en pouvait mais et entonna, las, Voilà du bon fromage. Amélie s'en moquait. Impassible, calme, il mitonnait l'excellence. Alain-Charles s'en prit à Garcimore qu'il doucha. Garcimore répliqua et couvrit le vieux quatre de mousse, sous l'œil désespéré de Coco.

Alors la viande vint. Un rôti de bœuf à damner tous les saints. Tendre, parfait. Tout vient à point à qui sait attendre disait ce bon vieux Rabelais. On pourrait ajouter du même auteur : « Le temps mûrit toute chose ; par temps toute chose vienne en évidence ; le temps est père de vérité ». (Le quart Livre, XL). Le trou était ravi. Avec du Saby en sus. Quelques haricots verts et frites accompagnaient ledit rôti. Ainsi qu'une salade tardive et bienvenue.

Le premier lancer d'assiettes de la saison fut une réussite. Amélie à la main sûre. Un seul incident à signaler. Le crâne de Dudu fut tuméfié par une assiette hésitante et approximative. Oh! Pas grand chose, une égratignure, alors que l'on s'attendait au pire. Dudu resta penché un long moment, puis saisit une serviette en papier qu'il appliqua sur son chef. Un rien de sang l'imbibait. Un suaire en quelque sorte. Sauf que le le trou entonna ne m'appelez plus jamais... Toutes choses si étrangères au suaire.  

Guitou tenta d'imposer sa plage et sa fin de l'été. En vain. Le père Abraham prit le dessus. Pioupiou l'emportait sans que Guitou ne lui en tienne rigueur.

Amélie acheva son office par une salade de fruit de circonstance. Il y avait beaucoup de tact dans ce repas. De justesse. Tout Amélie en somme. 

La nuit accueillit les repus. Une nuit d'été comme on les aime. Oui, il faut aimer la vie.

Aucun commentaire: