20 mai 2016

Les cuistots de Bouffe : Perdigue « ceci est mon sang », Jacquot « ceci est mon pain », Serge « ceci était mon arcade ! »

Par Le Barde et Bardibulle



Quatre contre quatre, c'est peu et c'est beaucoup. Beaucoup parce que huit, c'est mieux que rien. Peu, parce que le pré préfère les chiffres qui excédent douze, treize ou quatorze ; c'est selon. Voir quinze.

Sur le pré, Dudu comptait ses tours. Il avait parié sur l’absence et avait du coup misé sur sa présence. Mais l’homme garde le cap et ses tours de chauffe. En revanche, Thomas était là, Serge aussi. Ils n’étaient pas au Maroc. Même si pour certains le week-end fut lourd. Les week-ends prolongés sont ainsi faits. Le dommage collatéral se situe au trou. Un quatre contre quatre est un jeu en miroir. Point de masse pour se fondre. Le jeu est simple, quand le trou est pris, le trou est pris. Le Barde en chef d’orchestre mesure et conte le temps, Serge à la clarinette se glisse en technique et se durcit en défense, Jeff en haut-bois redresse les courses à l’occasion, Dudu aux cymbales pour quelques éclats dont il garde dans la surprise tout son art, thomas survole l’allegro dans son jeu aérien, Joss et Bardibule les pieds sur terre espèrent le décalage pour mettre un vent. Notre pilier garde la ligne et pratique en pointes les sonates intemporelles de Ben Gwen.

Les remugles de Casa n'y étaient pas étrangers, seuls les casaniers étaient de pré. Les voyages coupent les ailes. Le jeu fut très approximatif mais joyeux. Bonjour, bonjour les hirondelles. Quel est l'imbécile qui a dit qu'une hirondelle ne fait pas le printemps ? Pas Perdigue. Pas davantage le Préside. Tout castor est une hirondelle qui s'ignore. Ce n'est pas Serge qui dira le contraire. Ni Dudu. D'ailleurs, ils lacéraient le pré de leurs courses fringantes et altières. J'y allais de mon Super Dudu, tant il en imposait. Le pré s'acheva par un concours de drop. Les trois derniers passèrent par-dessus les perches, tutoyant un ciel entre chien et loup.

Au trou, c'est Perdigue qui allait sa cuisine. Enfin presque, puisque notre Jacouille l'accompagnait. Si quelqu'un mérite d'être béatifié, c'est lui et nul autre. Pour auréole, une queue plate bien sûr. Donc sans sa Jacouille, Perdigue n'est rien. Le saint et le larron en somme. Ce n'est pas Amélie qui dira le contraire. Amélie qui vient d'amener ses petiots en demi-finales.

Nous n'étions guère plus nombreux au trou. Un petit côté familial en somme, loin d'être désagréable. Le Tcho était là, en gardien du trou. Le trou est un temple, cela va de soi, mais c'est tellement mieux en l'écrivant. Pépé, lui, était absent. Il est en cure Pépé, dans les Pyrénées. Toto et Tautau, eux, étaient là. Fayou itou. Élancé comme jamais. Bref, nous étions une douzaine. Une cène, sans Judas et sans dernier repas. Une figure de style, sobre et belle.

Jacquot nous alimente pour commencer au bar. La troupe est réduite et du coup plus serrée au comptoir! Nous retrouvons le cochon en boudin, pâté et jambon. Amélie fait des allers-retours pour le pain que nous partageâmes. Il rompit le pain, toute une cène. Jacquot astique son auréole, un ange et en toute innocence partagea son cornichon. Fayou à la pression retrouve ses bases. Thomas compte les tasses. Nous fîmes le tour des tasses pour trouver la sienne. Sans réussite, les reliques sont pourtant sacrées et les codes éternels. Point d’apparition sans disparition. Le trou est sacré !

La première couche était au bar la deuxième à table. Tous serrés encore pour faire bloc autour du tabouret de pépé. Jacquot en chef, Perdigue en commis sont en cuisine. Pendant que la troupe saucissonne ! Perdigue a sorti son Hauchat à lui. Hauchat nous le rappelons est un château à l’envers. Ben Sabite étant en mode Boulaouane… Nous pensâmes à CriCri d’amour qui surfe avec sa dulcinée dans les eaux tropicales. Il a la tête en bas et les pieds dans l’eau ! L’évasion est importante lorsque les légumes sont de la partie. Haricots verts et sa volaille seront sur la table. Le menu est délicat. Les traiteurs ont du savoir vivre et surtout le sens de l’offrande. Le Tcho amateur de bons mots, est une réincarnation réunie de Lacan et du Dalaï Lama. Il a parfois un petit côté hirondelle quand il siffle la chansonnette. L’homme aux grandes oreilles (il paraîtrait que les lobes s’agrandissent à force de se réincarner), proposa l’amalgame de l’offre et de la viande pour faire l’offrande. Perdigue ébahi se resservit de son vin. Ceci est mon corps, murmura-t-il à haute voix. Le Tcho en retour, ceci est mon sang reprit du poulet. La cène est éternelle.

Le Barde était heureux, sa ponctuation en enculé tirer les guillemets est là pour le prouver. Il se prête à la magie des mots de l’ovalie. Nous profitâmes des bonnes choses qui n’ont pas une faim mais un trou !

Le lancer d'assiettes eût pu être parfait. Mais voilà, il y eut un couac. Par la faute de Jeff et non de Perdigue. Et l'assiette de déposer une fine entaille sur l'arcade de Serge, comme un paraphe. Jeff partit en quête du pansement approprié. Point de Général pour recoudre la victime.

L'ambiance resta bon enfant. Le fromage aussi. Le Carles 2005 coulait avec une profondeur et une suavité sans égales. Puis vinrent les desserts. Tartes aux pommes et une tropézienne, pas deux. Pas de Fin de l'été sans Guitou.

Comme d'ordinaire, une belote de comptoir se dressa. Comme d'ordinaire Jacouille l'emporta. Avec Serge. Qui dira le salut par les cartes ? Pas Perdigue, impuissant à conjurer ses mains de misère. Lors qu'Amélie filait bon train. Avec un soupçon de Jet.

Le ciel était une ombre douce. A peine griffé par quelques nuages. Perdigue fredonnait :

Qui donc a rendu
Leurs couleurs perdues
Aux jours aux semaines
Sa réalité
À l'immense été
Des choses humaines

Et de répondre, la larme à l'œil, ma Jacouille bien sûr. 

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