13 novembre 2016

Le cuistot de bouffe, le Titi de tous les titis

Par Le Barde et Bardatruc


Une petite bruine tombait sur Musard. Nous retrouvions le terrain annexe. Toujours pas de lumières sur le synthétique. La pelouse était verte et douce. Nous étions une quinzaine. Le nombre idéal pour un toucher. Même si notre prestation fut couci-couça. La faute à la bruine peut-être ; nous fûmes si malhabiles. Quelques éclairs parfois, quelques étincelles. Une soirée d'automne sans éclats. N'importe, on se dégourdit les jambes, les bras, on efface un peu les chimères de la vie ordinaire. Le ballon est notre salut ; il n'est pas toujours à la hauteur de nos espérances. Mais il est notre salut. Amen.
Entraînement en Novembre, calfeutre ton membre. Malgré le temps pluvieux et froid, 16 Archiball, imperturbables, allèrent gambader sur le pré. Même Serge était venu et pourtant Serge quand il pleut …

Son niveau de jeu, d'habitude passable, s'en ressentit assez lourdement comme le terrain. Il nous gratifia de quelques chisteras-chaussettes et finit par s'en aller avant la fin de l'entraînement. La pluie, ce n’est définitivement pas son truc ; sa jeunesse ariégeoise a dû être un enfer !
Le ballon, aussi humide que le prépuce des sept nains matant Blanche neige se lavant dans le ruisseau, il y eut beaucoup d'incertitudes. Incertitude dans la préhension du ballon, incertitude dans le lancer du ballon, incertitude dans la réception du ballon. Bref, s’il y avait autant d’incertitudes dans les sondages, on pourrait émettre l’hypothèse improbable que Trump aurait une chance d’être élu ! A merde, il a été élu, bon bah il faut croire qu’il pleut également sur les USA.

Bref, ce fut difficile, laborieux mais pas misérable. La partie fut équilibrée mais pas d’éclairs de génie, pas de faits de jeux saillants, pas de mauvaise foi délibérée, un auto-arbitrage réglo, voir bienveillant mais pas non plus chevaleresque, faut pas déconner ! Finalement, pas grand-chose à relater.

Ah si, il flottait dans l’air un léger parfum de chocolat assez agréable. Etait-ce le délicieux crumble au chocolat que « Titisa » avait préparé ?

21h31min43s, il était temps de prendre une douche bien chaude agrémentée comme il se doit des vocalises sonores de notre Jean-Phi.

Au trou, l’homme qui nous attendait, était un demi d’ouverture de l'UBB (serein, hihihi) qui, l’espace d’un soir, avait lâché la chasuble verte pour le tablier afin de régaler ses ouailles.

Au trou donc , le pinson, Titi, répondit avec superbe à ses tâches calendaires. Le Tcho avait fait le déplacement. Amélie aussi, avec sa chevelure poivre et sel qui lui donne un air de chevalier gascon. Et Lolo, la Jacouille, notre Yann Larroumecq qui nous manque. Il suffit d'un pinson pour qu'il vienne gazouiller près de nous.
Au trou, le printemps vient toujours taquiner l'automne.

Pas de lou Gascoun. Les traditions méritent d'être chahutées. Même si c'est une soupe à la citrouille qui se substitua à l'habituel pâté de Titi. Une soupe onctueuse, lisse, délicate et suave. Une main féminine, une main de fée n'y était sans doute pas étrangère. Les citrouilles aiment les fées, c'est une vieille histoire. Les fées transforment les citrouilles en or. C'est même à cela qu'on les reconnaît. Pépé appréciait. Il essaima quelques petits bouts de pain, saisit de temps à autre son verre, trouvant dans le Saby le plus sûr alter ego de la citrouille en soupe. La vie tient à de petits bouts de pain trempés dans une soupe à la citrouille.

Il a failli manquer le principal à ce blog de novembre. Je veux bien entendu parler du plat principal. Ce serait une offense de ne pas le glisser entre la soupe à la citrouille et le cancoillotte. Relisant notre prose, je m'en voulus de cet oubli et entendais le réparer. Je devinais la mine triste de notre pinson qui pouvait, à juste titre, prendre pour un acte manqué, ce qui n'était qu'une erreur. Grossière, j'en conviens. 
Car enfin, ce sauté de porc aux carottes était tout simplement divin. A l'image de la soupe. La viande fondait dans nos bouches ravies. Le tout accompagné d'un riz approprié. Quelle belle réussite. Il suffisait de voir la mine épanouie de Serge ! 

Une première, à ma connaissance, que ce sauté de porc aux carottes. La carotte est chiche au trou. Et c'est bien dommage. Elle apporte un je ne sais quoi de douceur qui ne tient qu'à elle-même. Et quand cette identité se mêle à celle du porc, c'est le plus réussi des mariages. L'identité se noue aussi dans nos mélanges. Il est bon de le rappeler. Et Titi le sait mieux que tout autre puisqu'il l'incarne, fut-ce dans un simple et si savoureux sauté de veau. Aux carottes. 

Oui, la famille des apiacées a encore de beaux jours devant elle. Elle est la bienvenue au trou. L'hospitalité tient aussi à ces petits riens.

Le lancer d'assiettes fut à l'image de notre pinson. Alerte et virevoltant. Pas l'ombre d'un déchet. Il s'en fallut de peu, certes, mais rien n'y fit. Titi dominait son sujet. Et fier comme Artaban, il déposa sur la table son rituel cancoillotte. Assorti d'un camembert à damner tous les saints. Serge goûtait le cancoillotte pour la première fois ; il était aux anges. Une initiation réussie. Le Prez, lui, savourait cette tradition, craignant pour son bec les exhalaisons appuyées de notre crémerie d'un soir.

Titi plastronnait. "Vous allez voir ce que vous allez voir" dit-il. Et ce fut un crumble au chocolat, à la banane et aux pommes. Une première ! L'assemblée, pourtant repue, y allait de sa petite cuillère avec gourmandise. Surtout Walid. Il aime le crumble de Titi Walid. Il y a loin du crumble au pays du cèdre. Justement.


La conversation suivait un train disparate. Le Poulpe la rehaussait de ses pensées profondes. Lors que Pioupiou nous gratifiait, par intermittence, de ses saillies poétiques dont les origines, pour Lolo, remonteraient à une lointaine chambre froide. Léo, de retour, était au bord des larmes. Et entrecoupait ses paroles par des hoquets intempestifs. La faute au crumble et a ce qui le précédait.

Une belote, bien sûr, acheva la soirée. Une belote monotone, sans flammes. Que le Prez remporta de hautes mains, lors qu'Hamilton ressassait son dépit. La bruine, dehors, battait le pavé. La ville était calme. Les castors rentraient dans leurs pénates. Le corps lourd. Titi souriait. La besogne faite et bien faite. Il fut quelques pas de danse. Et salua les étoiles.

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