Non, le pré n'est pas fou ; il est même trop sage. La faute à Thomas. Quand Toto n'est pas là, le pré s'ennuie. D'autant qu'il est sans Seb aussi. Cela fait beaucoup. Bien sûr, il y a Serge, mais il ne saurait être le pré à lui seul. D'accord, il y a les folies rectilignes de Perdigue ou celles si latérales de Jean-Phi. Rien n'y fait ; il flottait comme un parfum d'ennui.
Nous courûmes certes. Pas comme des lapins. Mais nous courûmes. Enfin, disons que nous trottinâmes. La pluie s'était invitée, une pluie douce, caressante. En sorte que la gonfle se retrouvait souvent le cul par terre. Oui, la gonfle est callipyge ; il suffit de voir les mains qui se tendent vers sa croupe ovale pour s'en convaincre. Mains malhabiles, absentes au dessein qui les fonde en ce mardi 22 novembre. Aboli bibelot d'inanité ovale pestait Perdigue qui n'en attrapait pas une, lors que Jean-Phi, sans fin, lacérait le pré.
Nous nous amusâmes un peu. Titi surtout. Tentant des choses. Parfois avec une certaine grâce. La Pibale, lui, était heureux de retrouver sa verte prairie enfantine. Le pré est un livre d'enfant où nous glissons nos phrases incertaines.
A 21:28, les lumières s'eteignirent. Nous regagnâmes les vestiaires puis le trou où Toto était de service. Le Tarbais l'entourait, heureux de retrouver les siens. Toto avait disposé sur le comptoir un florilège de préfous. Une première. Le préfou est une spécialité culinaire vendéenne. Il s'agit d'un pain peu levé garni d'ail frais finement haché et de beurre ou d'huile. Cette touche vendéenne était du meilleur goût. Puis, nous passâmes aux choses sérieuses. Et plus précisément à un cake au feta et aux herbes fraîches. Ah ! Les herbes fraîches ! Hamilton leur préfère les folles. Un point de vue artistique qui se tient. Sauf pour le cake au feta. Encore que.
La suite comblera les annales. Le trou a une histoire et l’hiver arrive. Nous perdîmes le cuistot. Foie de castor. Diantre ! Quelqu’un aurait-il vu notre chef de table ? L’ambiance est pourtant chaude. L’amiral est là sans son biniou mais quand même. « Un navire sans son capitaine, c’est comme un Porto sans son Aramis »… Le silence se fit. Le doute l’habite, tout se complique…
Nous regardâmes le bout de table. Point de Pépé. Les castors perlent d’effroi. Le cercle est rompu. Le Tcho s'écartèle et tient la permanence en siégeant au milieu. La table sans gouverne, chavire prédit le castor matelot. Le trou a ses rites, les castors s' irritent, le Prez en hérite est pourtant bien là, Ouf. Le Barde rassuré chante l'absence. Le trou des lamentations pousse à croire. Bref, où est passé Toto ? Ces fulgurances il nous les réserve d’habitude sur le pré « Tient, tu es là … Bin tu y es plus » . Il a des ascendants gazelles ce castor, c’est certain ! Mais nous le découvrons caméléon. Nous tentâmes la sonate aux couteaux pour le faire réapparaitre. La partition est menée par le Tarbais en convient les sens ! L’apparition ne fut point le plat mais bien un canadien. N’est pas Garcimore qui veut. A propos sa prochaine représentation est mardi prochain. Marc Antoine n’a pas de crosse contre le rugby et aime les nouvelles rencontres en invité du soir. Le temps de saluer tous les castors membrés et l’incantation repris de plus belle et cette fois en gargouillis. La réussite est peut être du à l'érable de la Fontaine car les frites du coup descendirent de l’escalier. Serge y trouva un miracle. « Bière tarie, buvez pour nous pauvres pêcheur » répétait-il ses yeux fermés vers son assiette ouverte. L’apparition de Saint Thomas est une lumière nourricière. Tout ça bien sûr avant que le cuistot revenu sorte sa fameuse andouillette. Nous embrassâmes le paradis. Les castors retrouvent la frite. L’art dans le cochon est toujours un havre de pet pour prier. Le choix du chef est béni. Du coup les castors chantent en canon et en burent quelques uns… C’est notre côté Guillouret !!! La salade pour nous mettre au vert, Thomas n’oublie pas en véritable saint nourricier qu’il est !
Le lancer fut osé, audacieux, et pour tout dire, ce fut un naufrage, un cataclysme. Le sol était jonché de débris. Pépé n'était pas là ; on n'entendit pas ses réprimandes. L'assemblée, elle, était aux anges. Toto, surtout. Tout cela tenait? Au bout du compte, d'une bonne vieille régression infantile. Le fromage était pluriel et bienveillant. Accompagné d'une salade. Le chèvre était tendance. Toto aime la biquette comme tout un chacun le sait. Nous étions fort repus lors que vint un gâteau au chocolat moelleux à souhait. Nous n'en pouvions mais. Quelques menus et imperceptibles rots s'échappaient ça et là.
La belote de comptoir se dressa sans Walid. Le Prez émit de tristesse quelques waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalid, d'une voix brisée par l'émotion. La partie s'acheva par un duel de perdants entre Hamilton et Stéphane dont le roi ne put rien contre le valet d'Alain. En quoi la belote de comptoir est assez démocratique.
La pluie battait le pavé. Un chant triste entra dans notre être. Seb nous dit de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et il dansa sur le pavé mouillé. Perdigue le suivit. Du Minnelli pur sucre. Il ne nous restait plus qu'à laver le cœur du monde.
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