06 mai 2017

Le cuistot de bouffe : le lancer rôti d'Amélie

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc


Quel entrainement mes amis,
Le terrain annexe fut encore l'enclos de nos ébats. Le soleil déclinait lorsque nous arrivâmes mais il dispensait ce qu'il faut de lumière pour nous dispenser d'un éclairage nocturne. Nous commençâmes par une petite moitié de terrain, puis nous foulâmes le grand. Nous étions une vingtaine. Hamilton s'en prit au déséquilibre des forces en présence et gagna, en cours de partie, le camp adverse. Mal lui en prit. Ses ex coéquipiers retrouvèrent une certaine vigueur, même si Dudu pesta contre le transfert du Barde, c'est-à-dire de moi-m'aime, au nom du fier maintien de ce qui est.
En fait, ce toucher fut relativement équilibré. Pourtant Seb et Serge étaient ensemble. Cela ne suffit point. Il y eut de beaux essais d'ailiers. Beaucoup de passes sautées à la raison très incertaine. La passe a des raisons que la raison ne connaît pas. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Pioupiou qui sait manier son Pascal.
Perdigue hésita à choisir les siens, allant d'un côté, puis de l'autre. Il finit par trouver cheville à son pied, ramassa une pâquerette, la glissa entre ses dents et se refusa à saisir le ballon. "Moi, on me saute dit-il." donnant ainsi raison aux conjectures pascaliennes du petit de la Jacouille.
En mai, fais ce qu’il te plait dit le dicton populaire, il ne fallait pas en dire plus aux Castors qui, arrivés en nombre, jouèrent sur le grand terrain en herbe.
Deux belles zéquipes s’affrontèrent. Le ballon du Barde revenu, plus une balle ne chut. Enfin presque mais toutefois sans comparaison possible avec le désastre balistique du lancer d’assiette de la soirée.
Notre photographe chercha le meilleur point de vue ou éclairage quitte à changer de camp ce qui ne manqua pas de troubler certains. L’indépendance d’esprit et le sens de l’équité sont en effet des valeurs peu à la mode ces derniers temps.
Sur chaque aile, les duels furent âpres. Zeille et Peter, cette fois-ci coéquipiers, régalèrent. Ce duo comique au style unique fit le spectacle. Que dire en effet de cette passe « après moi le déluge » de Zeille rattrapée in-extremis par Peter plongeant par la même occasion dans l’en-but. Chapeau les artistes.
Quant à Joss, il fit parler sa vitesse. Les années passent, les plus jeunes aussi !
Serge, toujours exigeant, s’agaça du manque de réussite de son équipe et quitta le terrain en premier ce qu’il fit également à la belote sauvant une soirée mal débutée.
Les statistiques de Jeff furent conformes : 6 retours intérieurs « discutables » et 4 passes de maçons. Cependant, il fut l’auteur d’un tchik-tchak givrant. Son adversaire resta glacé et immobile tel un eskimo dans les mains de Béatrice Dalle. Poulpo resta en bord de terrain les yeux éblouis par tant de virtuosité. Sa masseuse est formelle : les tissus sont réactifs et les corps caverneux bien irrigués, il est bien dans sa tête et devrait revenir sur le terrain bientôt.
La partie fut donc belle mais longue à terminer, les plus courageux en redemandant encore.
21h46, une douche et au trou.
Il était là. Superbe, placide, ceint d'un tablier bordeaux. Il souriait. Ah ! Cambot ! D'ordinaire, il lance la saison. Cette année, il la clôt, à quelques mardis près.
Il est beau Cambot. L’homme à la chevelure des grands cuistots. Sa coupe se fait en finale. Logique le castor tient la touche. Samson avait sa Dalila, Cambot sa cuillère en bois pour son tour de bouffe. L’entrée se fera en salade printanière. Il donna le Thon pour une mélodie maraichère. « Tiens voilà du pâté » s’exclamait les attablés. Les affamés du bar eux n’avait que la salade comme dérivatif alimentaire. Perdigue le cochon il s’en fout mais le pâté de Cambot ça c’est autre chose. Du coup le bar appela la suite. Le trou donne faim ! Cambot était rôti. La deuxième phase est en retard. La découpe se fait longue. En même temps pour le castor la coupe reste en finale. Le rôti se défend apparemment car le cuistot prend du temps. Les castors grincent, trépignent, pleurent la suite. Les moutons sont lâchés. Le bar sort les chips. Il fait faim. Le Sabite en Trassard se transpose dans l’avocat.  « Je demande de vous arrêter ! », le viticulteur charpente à ses heures. Après avoir crié grâce. Le grincement cessa. L’homme du coup se prosterna et bénit le pain, le rompit et se tourna vers sa droite et sa gauche, la cène est magique. « Tenez ceci est le corps de Pépé, mangez en tous… ». Les castors s’apaisèrent par ses mots. Regardant ses disciples, le saint prit son verre et poursuivit « Buvez, ceci et mon sang, mon Sabite est à vous, buvez en tous. ». Titi est aux anges. Dans la comme peut pas mieux faire. Le coquelicot n’a qu’à bien se tenir. Le bonheur vint, le rôti aussi. Une apparition !
Petit pois, carottes et suppléments se feront légumes.
Le lancer d'assiettes fut fracassant, terrible. La première se brisa contre le plafond, essaimant ses débris çà et là. Chacun de se réfugier sous la table. Hervé attendit, sans manifester l'once d'un remord. Nous regagnâmes nos tabourets. Les oboles trouvèrent rarement preneurs. Que diantre se passait-il dans la tête d'Amélie ? Il recouvra peu à peu la raison. La table était jonchée d'éclats de verres, de traînées de Sabite. Comme dévastée. Oui, nous connûmes l'apocalypse.
Le fromage était juste. Non pas qu'il n'y en eût peu. Bien au contraire. Non, il était à propos. Avec ce qu'il faut de Sabite. Le calme revenait. Thomas évoquait son projet de plantation de saucissons végétariens pour mieux faire fortune. Une manière de répondre à Justin Bridou en satisfaisant à l'air du temps. Le vieux quatre allait sa voix douce et parlait du redressement de la France. JB faisait face au prof et vantait les vertus de l'altitude.
Pour dessert, une salade de fruits. Légère, fraîche, que le Prez savourait comme un enfant. Les dés de fruits, minutieusement coupés, se taquinaient les uns les autres. Dés de pommes, de fraises, d'ananas. Hervé, en bout de table, souriait. Serge, placé à sa droite, à la place de Pépé aussi.
Bien sûr, une belote de comptoir se tint. Jeff en sortit vainqueur. Le hasard se répète ; il a trouvé son maître. Peut-être en changera-t-il ? Les maîtres du hasard ne durent jamais longtemps, sauf si le hasard se répète et abandonne un peu de lui-même.
La nuit était douce. Amélie la toisa avec affection. Il avait gardé une ultime assiette par devers lui et la lança. À charge pour Fredo, Jacky et tous les autres de l'attraper.

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