Quel entrainement mes amis,
Le terrain annexe fut encore l'enclos de nos ébats. Le soleil déclinait
lorsque nous arrivâmes mais il dispensait ce qu'il faut de lumière pour nous
dispenser d'un éclairage nocturne. Nous commençâmes par une petite moitié de
terrain, puis nous foulâmes le grand. Nous étions une vingtaine. Hamilton s'en
prit au déséquilibre des forces en présence et gagna, en cours de partie, le
camp adverse. Mal lui en prit. Ses ex coéquipiers retrouvèrent une certaine
vigueur, même si Dudu pesta contre le transfert du Barde, c'est-à-dire de
moi-m'aime, au nom du fier maintien de ce qui est.
En fait, ce toucher fut relativement équilibré. Pourtant Seb et Serge
étaient ensemble. Cela ne suffit point. Il y eut de beaux essais d'ailiers.
Beaucoup de passes sautées à la raison très incertaine. La passe a des raisons
que la raison ne connaît pas. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Pioupiou qui
sait manier son Pascal.
Perdigue hésita à choisir les siens, allant d'un côté, puis de l'autre. Il
finit par trouver cheville à son pied, ramassa une pâquerette, la glissa entre
ses dents et se refusa à saisir le ballon. "Moi, on me saute dit-il."
donnant ainsi raison aux conjectures pascaliennes du petit de la Jacouille.
En mai, fais ce qu’il te plait dit le dicton populaire, il ne fallait pas en
dire plus aux Castors qui, arrivés en nombre, jouèrent sur le grand terrain en
herbe.
Deux belles zéquipes s’affrontèrent. Le ballon du Barde revenu, plus une
balle ne chut. Enfin presque mais toutefois sans comparaison possible avec le
désastre balistique du lancer d’assiette de la soirée.
Notre photographe chercha le meilleur point de vue ou éclairage quitte à
changer de camp ce qui ne manqua pas de troubler certains. L’indépendance
d’esprit et le sens de l’équité sont en effet des valeurs peu à la mode ces
derniers temps.
Sur chaque aile, les duels furent âpres. Zeille et Peter, cette fois-ci
coéquipiers, régalèrent. Ce duo comique au style unique fit le spectacle. Que
dire en effet de cette passe « après moi le déluge » de Zeille rattrapée
in-extremis par Peter plongeant par la même occasion dans l’en-but. Chapeau les
artistes.
Quant à Joss, il fit parler sa vitesse. Les années passent, les plus jeunes
aussi !
Serge, toujours exigeant, s’agaça du manque de réussite de son équipe et
quitta le terrain en premier ce qu’il fit également à la belote sauvant une
soirée mal débutée.
Les statistiques de Jeff furent conformes : 6 retours intérieurs «
discutables » et 4 passes de maçons. Cependant, il fut l’auteur d’un
tchik-tchak givrant. Son adversaire resta glacé et immobile tel un eskimo dans
les mains de Béatrice Dalle. Poulpo resta en bord de terrain les yeux éblouis par tant de virtuosité. Sa
masseuse est formelle : les tissus sont réactifs et les corps caverneux bien
irrigués, il est bien dans sa tête et devrait revenir sur le terrain bientôt.
La partie fut donc belle mais longue à terminer, les plus courageux en
redemandant encore.
21h46, une douche et au trou.
Il était là. Superbe, placide, ceint d'un tablier bordeaux. Il souriait. Ah
! Cambot ! D'ordinaire, il lance la saison. Cette année, il la clôt, à quelques
mardis près.
Il est beau Cambot. L’homme à la chevelure des grands cuistots. Sa coupe se
fait en finale. Logique le castor tient la touche. Samson avait sa Dalila,
Cambot sa cuillère en bois pour son tour de bouffe. L’entrée se fera en salade
printanière. Il donna le Thon pour une mélodie maraichère. « Tiens voilà
du pâté » s’exclamait les attablés. Les affamés du bar eux n’avait que la
salade comme dérivatif alimentaire. Perdigue le cochon il s’en fout mais le
pâté de Cambot ça c’est autre chose. Du coup le bar appela la suite. Le trou
donne faim ! Cambot était rôti. La deuxième phase est en retard. La
découpe se fait longue. En même temps pour le castor la coupe reste en finale.
Le rôti se défend apparemment car le cuistot prend du temps. Les castors
grincent, trépignent, pleurent la suite. Les moutons sont lâchés. Le bar sort
les chips. Il fait faim. Le Sabite en Trassard se transpose dans
l’avocat. « Je demande de vous arrêter ! », le viticulteur
charpente à ses heures. Après avoir crié grâce. Le grincement cessa. L’homme du
coup se prosterna et bénit le pain, le rompit et se tourna vers sa droite et sa
gauche, la cène est magique. « Tenez ceci est le corps de Pépé, mangez en
tous… ». Les castors s’apaisèrent par ses mots. Regardant ses disciples,
le saint prit son verre et poursuivit « Buvez, ceci et mon sang, mon
Sabite est à vous, buvez en tous. ». Titi est aux anges. Dans la comme
peut pas mieux faire. Le coquelicot n’a qu’à bien se tenir. Le bonheur vint, le
rôti aussi. Une apparition !
Petit pois, carottes et suppléments se feront légumes.
Le lancer d'assiettes fut fracassant, terrible. La première se brisa contre
le plafond, essaimant ses débris çà et là. Chacun de se réfugier sous la table.
Hervé attendit, sans manifester l'once d'un remord. Nous regagnâmes nos
tabourets. Les oboles trouvèrent rarement preneurs. Que diantre se passait-il
dans la tête d'Amélie ? Il recouvra peu à peu la raison. La table était jonchée
d'éclats de verres, de traînées de Sabite. Comme dévastée. Oui, nous connûmes
l'apocalypse.
Le fromage était juste. Non pas qu'il n'y en eût peu. Bien au contraire.
Non, il était à propos. Avec ce qu'il faut de Sabite. Le calme revenait. Thomas
évoquait son projet de plantation de saucissons végétariens pour mieux faire
fortune. Une manière de répondre à Justin Bridou en satisfaisant à l'air du
temps. Le vieux quatre allait sa voix douce et parlait du redressement de la
France. JB faisait face au prof et vantait les vertus de l'altitude.
Pour dessert, une salade de fruits. Légère, fraîche, que le Prez savourait
comme un enfant. Les dés de fruits, minutieusement coupés, se taquinaient les
uns les autres. Dés de pommes, de fraises, d'ananas. Hervé, en bout de table,
souriait. Serge, placé à sa droite, à la place de Pépé aussi.
Bien sûr, une belote de comptoir se tint. Jeff en sortit vainqueur. Le
hasard se répète ; il a trouvé son maître. Peut-être en changera-t-il ? Les
maîtres du hasard ne durent jamais longtemps, sauf si le hasard se répète et
abandonne un peu de lui-même.
La nuit était douce. Amélie la toisa avec affection. Il avait gardé une
ultime assiette par devers lui et la lança. À charge pour Fredo, Jacky et tous
les autres de l'attraper.
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