09 octobre 2017

Le cuistot de Bouffe : « Qui mange… joue ! » du Piou Piou tout avalé...

Pae Le Barde et Bardibulle


Il y avait une kyrielle de jeunes pousses sur le pré. J'étais le plus ancien. La faute à Dudu et Hamilton. Je regardais tous ces freluquets, ahanant, les bras ballants, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Il y a toujours des âmes sœurs pour dire que l'on a de beaux restes. N'empêche. Je les voyais trotter comme des cabris, vissant leurs passes, dédaigneux de la passe sans effets, simple, sobre, précise. Je suis de la vieille école.
Le temps était au beau ; la lune lorgnait ces petites taches de toutes les couleurs. C'était un peu comme une grammaire en mouvement. Chacun d'être un signe, une lettre. Sans doute avait-elle un faible pour Alban (la lune). Ou pour Jean-Phi serpentant inlassablement la page verte. Ou pour le Prez, droit, le buste haut et le geste aérien.
Sergio assurait ; Croucrou attendait son heure sur son aile. Elle vint. Il nous gratifia d'un essai de quatre-vingt mètres. Lors que Titi nous quittait, le genou en berne. De temps à autre, des vétilles, des bisbilles rappelant l'esprit des lois.
La partie fut équilibrée. Enfin presque. Les petits de Sergio prirent un léger dessus.
Un léger dessus pour certain un pardessus pour d’autres. Le jeu fut libéré. La saison débute avec de bonnes résolutions. A chaque fois le terrain se retourne. Signe que la masse fait nombre et réciproquement. L’époque se prête aux vendanges et à la cueillette des champignons…. Le rugby dresse l'éloge des saisons. L’herbe est humide même synthétique, le ciel indien. Les castors se préparent à l’hivernal en emmagasinant des courses sans fin. 
 
Pioupiou était de trou. En veste et keffieh. Quelle élégance ! Lolo était là. Guitou et JB aussi. Nous eûmes droits à des betteraves et du pâté. Le vieux quatre allait sa voix douce. Donatien buvait ses paroles. Le Saint-Georges caressait nos gorges.
Don était là. Le temps de dépoussiérer sa chope et le voilà repartit dans la descente. L’artiste est de nouveau en herbe. Et c’est bon de le revoir. Du coup nous restâmes sur nos gambettes autour du bar pour le repas. Domi en golf opérateur est là. « So british, So Domi ! ». La poésie est au trou ce que la lotte est à la blanquette. Normal c’est Piou Piou qui régale. Le castor est un frère pas comme les autres. D’ailleurs sa présence le rend multiple. Ce n’est pas pour rien qu’il se surnomme Piou Piou. Piou aurait largement suffit en soi. C’est fou comme la complexité du multiple en soi le rend unique ! Il compte vraiment double pour le trou. « Dans la famille Escassut on ne fait pas les choses à moitié » répète Pépé en caressant son béret…  C’est un signe quand c’est bon ! Le castor en chef se transforme au grand dam de Guitou qui lui reste éternel. La constance a du bon ! Parole de mousquetaire ! La transformation aussi ! Parole de buteur. Les deux s’opposent et se donnent du fil à retordre. Du bonheur pour Mozart qui dans l’escarmouche ne voit qu’une simple mélodie au bonheur. Tout ça pour nous faire oublier que le viandard n’est plus et que vive le marin. Fini le Tartare à la grec, le Bœuf à la coq, le veau de vie, le cochon la bonne case… Piou Piou est devenu pêcheur et tâte l’art du contre-pied avec l’art de la percute. Un vrai gros reconverti en trois quart ! Le nom du plat en relief reste une blanquette. Il ne faut pas pousser… Mais de poisson ! Jacquot pleure. Le veau est pour lui une tradition ancestrale. « Putain la saucisse familiale qui part en queue de poisson, c’est la fin des haricots… ». Le respect est dans la bonne chère et le plaisir d’offrir. Les castors sont ainsi. Foie de castor oblige.
Un lancer d'assiettes tout ce qu'il y a de plus normal. Quelques bris, à peine. Puis des chansons pour accueillir le fromage, monotones ou grivoises. Pépé entonnait de bon cœur de vieilles antiennes. Le Prez, lui, donnait du good morning.
Piou Piou Piou  est maintenant au dessert. La partition il la connait et prend à chaque fois un grade supplémentaire. Il est nature est son dessert aussi. Des Œufs Olé ! je vous prie. Et des macarons faits maison ! Du Piou Piou Piou Piou en somme ! Le castor à chaque bouchée prend un Piou supplémentaire.  La queue de cheval de Cambo est aux abois. Le dessert a du chien ! L’homme prend note et se met en quête pour le secret.
 
Pas de belote de comptoir. Rien que des paroles, des échanges. Gwen papotait. Le vieux quatre se disait littéraire et Amélie s'empiffrait de bonbons Haribo, de longues tiges roses aux très vagues relents de fraises. On parlait de tout et de rien. Des missions féminines de Serge Simon, du talent du petit Hickey. Des hasards de la vie.
La nuit nous attendait. Une nuit d'automne, douce. Hamilton enfourcha son vélo, patiné par le temps. Pas de Perdigue pour tenter un pas de danse sur le pavé des Capus. Le Prez dansait en saluant la lune. Le Poulpe souriait à la vie.

Aucun commentaire: