16 octobre 2017

Le nounours est un castor comme les autres.

Par Le Barde et Bardibulle



Premier match pour les castors. À Musard, contre les Nounours. Deux équipes jeunes, printanières. Le temps était à leur semblance. Elles s'échauffèrent de longues minutes avant que de se répartir de part et d'autre du pré. Le temps était doux, très doux. La partie le fut un peu moins mais resta toujours dans les limites du genre.

L'arbitre était en noir. Il ressemblait au Barde. Un trompe-l'œil. Il y avait un peu de public. Le vieux quatre, la Jacouille, JB, les deux Yann. Pioupiou, lui, était en cuisine.

L'arbitre vêtu de noir, aux allures du Barde, lança les hostilités. Pour lyre, un sifflet. Pas de mélopée en perspective, mais le rappel de la loi. Mélopée ? Du latin melopoeila (« composition musicale »), du grec ancien μελοποία, melopoia (« id. »), composé de μέλος, mélos(« chant, air ») et de ποιέω, poëô (« faire »).

Le rythme fut vif. Il y avait quelque chose de Stravinski dans cette fougue. Nous étions loin des compositions délicates d'un Reynaldo Hahn. Le rugby est un oiseau de feu. Les corps s'engageaient, se déployaient. Une danse âpre, scandée par la gonfle et le sifflet du Barde bis.

Et ce sont les castors qui franchirent les premiers la terre promise à Moïse. Un avantage mérité pour les compagnons d'Alban qui ne ménageait pas ses efforts. Les Nounours répliquèrent. Après que Peyo eût quitté les siens. Comme il s'élançait de son aile, il fut rattrapé. Son épaule céda hélas. La partie allait ses mouvements. Le ballon ne chut que rarement sur l'herbe virtuelle. Une belle partie d'automne. Comme un printemps. Les castors sacrent le printemps à l'aube de l'automne.

Le coup de sifflet final advint. L'homme en noir anticipa la fin. Les esprits étaient un tantinet échauffés. La raison devait recouvrer sa place. Trois petits coups, et tout s'interrompt. Après les saluts d'usage, le vestiaire. Les castors l'emportaient.

Les Nounours sont parfaits. Vingt-quatre rejoignirent le trou. Pioupiou avait fait dans l'abondance. Aux carottes râpées et autre taboulé, s'ajoutaient pâtés et saucisson à l'ail. Avec du rouge Bertin. Léo apprécia. De petits groupes se constituèrent. Le vieux quatre dominait son monde par sa voix qui est un peu de son être. "Tu connais Schubert ?" lui lança Régis. Et le vieux quatre de répondre par une truite.

Pour restaurer le gros des troupes. Le cuistot avait prévu un bourguignon et coquillettes. Rien à voir avec le poisson suce cité ! Un plat régalien en somme. Les nounours et les castors ont de l’appétit sur le pré comme de loin. Seul Peyo ne suit pas le régime. L'excuse se fait ses bras en croix. Les nounours avaient déjà eu son épaule droite à l’aller et eurent raison de son épaule gauche. Heureusement que le castor garde sa queue plate au centre. Même si son absence du trou et sa blessure me prête à lui prédire un bel avenir au talon. Il parait que les gros courent moins vite que les 3/4. C’est un demi qui me l’a dit. Du coup l’impact est plus léger quand il est moins lancé. C'est un gros dossier! Nous ne garantissons pas l’effet d’un gros lancé mais bon les statistiques ont prouvé que les bras en croix te prédisposent au talon. Affaire de balistique éprouvée. Du coup pour la déguste les mains sont obligatoires pour se lécher les babines. Les castors et les nounours s’entendent bien sur le sujet.

Du fromage et du flan qui ne compte pas pour du beurre.

C'était la fin. Le trou se dégarnissait peu à peu. La fatigue marquait les visages. JB était encore là. Les conversations roulaient un rythme lent. L'ersatz du Barde conversait avec lui. La nuit attendait ses petits et faisait montre d'impatience. La porte du trou se referma enfin. Le ciel était ponctué d'étoiles. Léo jetait, de temps en temps, un œil vers la grande ourse et se rappelait Rovigo. Il chanta un madrigal. Pas celui indigeste d'Il était une fois. Non, un madrigal de l'homme de Mantoue. C'est un tendre Léo.

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