Par Le Barde et Bardibulle
Goûter le pré le deuxième jour de l'année, malgré la pluie, malgré le vent. Humer l'air si particulier du terrain, comme si un autre monde se dépliait par la grâce d'un ballon volant de mains en mains. Rester muets, savourer, se donner corps et âme. La gonfle est une religion, un abandon de soi, une altérité sans cesse en mouvement.
Ce voeu ne put être exaucé. Nous l'avions tous formulé pourtant. Mais la vie ordinaire nous blesse comme l'affirme Pascal. Et de pré il n'y eut point. N'importe, nous étions convenus de nous retrouver dans notre antre. Et Peyo était de rigueur.
Peyo garde sa tête sur ses deux épaules. Le castor garde la fâcheuse habitude de plaquer avec l’articulation suce dite. Côté droit ou côté gauche nul doute que la percute allonge. Le souci reste dans la répétition, il tire juste mais ne recharge suite à la percute. Le rapport animal est ainsi la droite avait croisé le chemin d’un nounours, la gauche celui d’un toucan. Le castor sur le sujet resta en croix. Du coup il habille ses compères et les nourrit à l’œil. Le sacre a son acropole et Peyo soigne ses acromions.
La mâchoire se préserve en entrée par une soupe de poisson. Sans rouille, je vous prie car la queue plate a assez dérouillé ! Bref il n’oublia pas d’avertir la marée avec quelques bacalaos marinés en guise de mise en bouche. Croutons et fromages à bâbord. A si le Stromboli pouvait parler, sa soufflante est réglée comme une horloge, la nature a sa magie. Peyo l’a gravit. Il vise sur le coup la magie Sicilienne. Quand la nostalgie flirte avec la mélancolie. Les nuances sont ainsi la régression est constructive. Le plat sera dans le choix des pâtes, il ne lui reste d’ailleurs que ça pour courir. Des vraies pâtes, pétries avec amour par les mains ridées d’une Mama sicilienne. L’amour est dans le doigté rêvasse notre Piou Piou éruptif. Tout vient de l’huile d’olive. Les pâtes seront somptueuses comme peuvent l’être les plaisirs d’amour. « Une éphémère éternité » soupire le Barde pour sa deuxième assiette. Le goût est italien, la mer est présente. Le faim du faim ! Pasta à la sicilienne, Thon, tapenade et tomates sèches en noyau des choses.
Le lancer d'assiettes, le premier, ne sur qu'à Croucrou de ne pas être parfait. Loin d'être abattu par sa maladresse, il nous confia cet aphorisme de René Char : "L'inaccompli bourdonne d'essentiel". En guise de bourdon, Pioupiou entonna sa chanson monotone. Elle connut un flop.
Deux superbes tomes de Savoie, rondes comme du bon pain, à la croûte grise, nous furent servis. Qu'un basque satisfasse d'autres monts que les siens soulignent son esprit d'ouverture. Nous le découpâmes en tranches, avec force attention.
L’atome est puissant. Le lacté englouti Peyo ramena enfin sa fraise. Fruit de saison par excellence. Le fraisier en rectangle fit des ravages. La quantité fut de mise et tous les assauts de nos castors en bouche ne purent satisfaire sa destinée entropique. Le « festin est de trop » pique Dudu dans son hommage ultime à la fraise. L’homme rêve nostalgique de tous les clichés qui ont irradié son labeur. Point d’os à l’horizon.
Tiens du Patxaran pour diluer le passage. Peyo est un sein !
Pas de belote de comptoir mais une vraie, à table, pour la plus grande joie de Pépé qui se remémorait les premiers soupers de notre sainte chapelle. Les deux Eric l'emportèrent sur le Prez et le Poulpe. Ils eurent la main plus heureuse.
Le crachin ne désarmait pas. Il pleuvait sans cesse sur B ce soir-là. Les castors s'en moquaient. Régis slalomait entre les gouttes et se prenait pour Gene Kelly. Pioupiou en vain se voulait en Fred Astaire. Et le Prez sifflait la chanson de Rio Bravo.
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