30 janvier 2018

Les Vieux de Bouffe: Les Prezzes chantent, le Trou aussi!

Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc


Le temps n'était que douceur. Pas de crachin, pas de vent. Le printemps pointe le bout de son nez. Nous étions une quinzaine. À peine. La partie fut primesautière. L'équilibre, encore une fois, fut de rigueur. Nul ne dominait l'autre. Un monde parfait, étale.

Pas de tarbais. Pas de Prez. Mais Sergio et Ben étaient là. Et Pioupiou. Le vif alternait avec la lenteur. L'équilibre vous dis-je. Croucrou ne sortait pas de ses gonds... Oui, l'équilibre. Stable aurait dit Shrodinger. Car si le terrain avait été le noyau d’un atome, les joueurs en auraient été les électrons. On peut toujours philosopher sur la densité de probabilité de présence de notre imprévisible Toto, toujours est-il que l’agitation fut parfois proche de la fission nucleaire ! L’agilité de l’ensemble atteignit des sommets mise à part quelques passes exceptionnellement médiocres de Dudu qui resta pourtant calme et paisible. L’engagement fut total, les plongeons de Joss et Jean-Phi obtinrent la note moyenne de 9,87/10, les juges anglais ayant bien entendu été écartés pour leurs 2/10 ainsi que les français pour leurs 13/10 !

Comme nous arrivions au trou, les vieux étaient déjà à table. C'était le soir des présidents. C'était surtout le soir de Pépé. L'homme au béret, le conteur infatigable des légendes du pré, le pilier gauche de notre table (Pépé indéfectiblement est situé à la gauche de l'homme de bouffe qui trône au bout de la table) bien qu'il fut talon, notre repère avec notre chairman, une présence tutélaire, indispensable, comme une évidence.

Las, notre prez n'était pas là. Ses petits en furent la cause. Mais il était là quand même bien sûr. Michel, Joël et Loulou occupaient une aile de la table. Entre Lolo et Guitou.

Tcho et Jacouille étaient en cuisine. Un beau couple.


La jeunesse est au bar. Les vieux siègent à table. Aucune négligence n’est de mise dans cette distinction spatiale. Le temps est juste une perception subjective d’une distance parcourue. Guitou sur le sujet en génie du beau tout relatif tire la langue. En tout cas un sacré coup de jeune au trou avec tous ses vieux réunis. A propos que font des vieux à table ?... Et bien ils parlent. Pépé du coup devient un bébé dans la masse. C’est un second souffle inespéré pour la moule. L’entrée se fera dans l’entrecuisse sans grenouille. Le bar se console en pression car la tablée est grande et les vieux en redemandent. Le vieux Jacquot de chanter « Quand on a que la moule… ». Le plat du pays n’est plus qu’une entrée en relief. « Jeff non tu n’es pas tout seul, il me reste trois moules… ». Quand les vieux alimentent la partage est de mise. Du Brel à la bête en somme et surtout un grand Tcho en couleur. Les jeunes picolent et le blabla coule à flot.

Jean phi abreuve toutes les générations. La vigne nous met toujours guillou-raie ! Les vieux sont très mytiliculeux sur le sujet. Les Prez sont aux abois et leur langue taquine le lala pour pousser la chansonnette. Le trou est une voix au bonheur. La voie des anges et voilà que le vieux quatre garde sa patate tant bien ! Tient de l’ail dans la sauce. Ce soir ce sont les vieux qui régalent. La langue et les dents ça ne sert à rien. Quel manque de nez pour ne plus savoir où mettre le doigt.

Ensuite nous eûmes la suite. Un ersatz de pasta pour accompagner le sacrifice de la bête. Le bœuf souffre de la daube comme le taureau se libère du bourguignon. La viande sera en sauce. La différence est pour le narrateur une nuance de carotte. La découpe de la racine est un sacrilège. La nature du trou se fait dans la longueur. Tient un jeune castor qui deviendra vieux. Les Prezzes n’ont pas d’âge et nos vieux la carotte toujours entière vise l’en avant. Une première pour Dudu qui ne passe qu’en arrière même le dos tourné. L’homme garde ses références intactes. C’est ce qui distingue l’aurore de la daube. Le moment est solennel. Les vieux anticipent le lacté par du chèvre chaud. Il paraît que Pépé prend un P en plus. Une question de bougie ou de carotte en plus. Bref, demain après la daube, à l’heure où brandit le champagne, nous partirons. Bois-tu, je sais que tu attends. J’irai par le pré, j’irai par le Montagne. Je ne puis demeurer loin du foie plus longtemps. Victor a vraiment bon dos pour arroser le béret. L’homme nous enivre déjà par les mots alors les bulles il nous les épargne. Honneur à Pépé!

Entre-temps, nous eûmes droit à un récital qui ne fut pas sans effets secondaires. J’en veux pour preuve la réflexion de mon boss le lendemain. Ainsi, assis dans mon fauteuil confortable d’ingénieur payé grassement à résoudre des problèmes complexes que d’autres ingénieurs payés grassement ont générés en pensant, eux-mêmes, résoudrent une problème complexe que d’autres ingénieurs…Bref, mon casque audio sur les oreilles pour m’isoler dans l’espace ouvert plus connu sous le nom d’ ‘’openspace’’, il me trottait dans la tête cette chanson fabuleusement interprétée par Pioupiou : ‘’le père Abraham’’. Sensible à cet intense moment de joies partagées, j’en étais au couplet final, à savoir la langue, quand mon boss me tapota sur l’épaule en me disant : ‘’ Tu peux chanter moins fort stp !’’Lol 😅😂🤪🤣

C'est le Tcho qui lança les assiettes. Aidé par Croucrou. Autant dire que l'on frôla le désastre. Un lancer mi-figue mi-raisin si l'on veut. La houppe dressée, notre Tcho se livrait à un rite à la destinée parfois chaotique. Vint une salade d'orange avec sa cannelle, accompagnée d'une brioche douce et fondante. Parfaite. Cette petite touche de fraîcheur en dit long sur notre Jacouille.

La belote connut sept officiants. Et le Barde de subir la loi de Perdigue en sa fin (de partie). Le doc avait la main heureuse et personne pour lui voler sa victoire à l’instar de la semaine dernière. Dudu triompha modestement comme à son habitude.

La nuit était de Satin. Alain l'abordait à bicyclette en sifflotant une Paulette imaginaire en hommage à Montand. Le Bardibule y allait de son Bashung. La nuit est plurielle, belle. Le plus doux des manteaux.

Aucun commentaire: