Ah ! L’hiver, le bel hiver ! Froid, sec, avec ce qu’il faut de vent, à peine, pour se signer. Nous étions quatre, puis conduit, puis six, pour atteindre le chiffre fatidique de 10. Pourquoi fatidique ? Pour rien, comme ça. Nous étions donc dix, considérant que le froid, le froid sec, avec sa petite touche de vent, n’enlevait rien à l’exercice qui nous est cher et familier. Bien au contraire. Les trois bardes étaient là, en e, en ule, en truc.
Dans les vestiaires Titi nous raconta son heureuse jeunesse bourguignonne. Loin des clichés sur la rudesse et l’alcoolémie des gens de ses contrées rurales, il nous comptât ses premiers émois dans la paille avec sa cousine à la poitrine opulente et laiteuse sur laquelle il aimait déverser sa cancoillotte !
Nos doigts étaient gourds. Peu à peu, ils recouvraient la normale, et s’appropriaient celui qui nous noue. Sauf pour Jeff. Jamais il ne parvint à les réchauffer. Il n’aime pas l’hiver Jeff. Son jeu s’en ressentit. Au grand dam de Sergio. En homme des montagnes, il se gaussait des vicissitudes saisonnières.
La partie fut belle, paisible, calme. Ben était alerte, Jean-Phi ondulant et Peter vif. Il se passait quelque chose. Quelque chose de rare, de précieux. Le rugby devenait une évidence, un lien indélébile, souverain. En quête de père, Peter appelait le barde papa qui en était tout chose.
D’autres auraient pu également dire que ce froid glacial n’a pas aidé le rugby.
Mais, à la réflexion, a-t-on déjà vu des Inuits jouer au rugby ?
Non ! Alors qu'un bébé phoque éviscéré, un peu d'air et vous avez un splendide ballon de rugby Louis Vuitton ! Mais ces peuples premiers, pour ne pas dire primitifs, ne s'intéressent à rien. Les JO d'hiver viennent de se terminer certes dans l'indifférence générale et surtout celle des Coréens. Y'a t-on vu une délégation Inuits ? Non ! Connaissez-vous un pilote de rallye sur glace Inuits. Non ! Et le comble, un glacier Inuits sur le bassin d’Arcachon, non plus ! Rien vous dis-je. Ces gens semblent obnubilés par leur existence en harmonie avec la nature regardant hautainement le monde moderne tourner avec un plaisir morbide la clé de contact de sa bagnole ou le chauffage de sa maison.
Et l’inuit suit le jour.
Thomas était de bouffe. Le Tcho était là, avec son Pépé de frère et sa Jacouille. Amélie aussi. Et Hamilton et le Prez itou. Le Prez de retour d’une tournée triomphale à Cuba. Toto nous la joua savoyarde. Il a un petit côté alpin Toto.
Il n’y a pas d’heure pour compter la Savoie. La montagne est belle surtout quand elle est enneigée. Le trou se morfond du froid la clim’ est en panne. La douceur prie la salade et les suppléments qui donnent à la verdure une ossature. Le vert sent bon la chartreuse. Le jaune attend pour sa part sa radio. La retraite a apparemment du bon. Le vin sur la table dit merde à Sabite qui n’en tient pas rigueur. Le castor est polyglotte et surtout il ne cultive pas son saint dans ces montagnes. Son appellation ne porte pas la même croix. En revanche notre cuistot vise du vin d’Espagne de Savoie et du blanc comme neige pour faire glisser le solide. Le castor aime la glisse. Il patine dans la cuisine comme il court sur le pré. Sa vitesse n’a de concurrence. L’accélération culminera donc sur un autre coup de massue post-verdure. Si le poids n’y est pas la vitesse compense. Loi de Newton deuxième Dan. Qui a dit que les gazelles n’aiment pas le sauté ? Le vert est une mise en bouche et là le maigre envoie du gros !
Sergio vénère sa Marie il vient de Lourdes. Tarbes de son côté se console avec ses Pyrénées. Domi lui golfe à ses heures et reste open. Titi prend des notes car pour la semaine prochaine c’est lui qui REGALE. L’atome lacté porte un autre nom en fonction de qui le fermente. Du coup nous eûmes le gros de la force en creusets et diot du pays. L’appendice se prononce [djo]. C’est une saucisse de Toulouse qui se fait en Savoie se plaint la Tarlouse coincé à Montpellier. La météo est rude en cette saison. L’avion a bon dos.
Avec la noria des plats. Nul doute que la glisse sera contrôlée. Le poids est le produit d’une masse et d’une vitesse gravitationnelle. Du coup les gros ne peuvent toujours pas sauter en revanche ils deviennent plus rapide dans la descente. Au sens propre comme au figuré. Quand l’élémentaire s’attache à l’alimentaire.
Le lancer d’assiettes fut parfait. On sait l’adresse de Toto. Une assiette, une assiette seulement recouvrit le carrelage de ses éclats. Un moment d’inattention. Amélie était dans ses pensées.
Un Tom de Savoie en fromage avec ses appendices normands. Et ce petit Côtes du Rhône que Sergio appréciait. Le vieux quatre haussait la voix par intermittence. Il se fendit d’un voyage d’hiver. Schubert est son Dieu. C’est un mélancolique. Pas de Pioupiou, pas de chansons monotones. Le Pinson était dans sa bouffe prochaine. Il pensait à Isa. A ces correspondances merveilleuses qui embellissent la vie. Le Doc n’avait pas quitté son bonnet et opinait du chef.
Avez-vous bien pris en compte que Titi mijote son printemps ? L’hiver s’en va n’en déplaise à Got. Tom Snow s’est décarcassé dans la Savoie pour faire place à d’autres rondeurs annoncées plus chaudes. L’annonce est réelle. L’amiral pointe Porto tandis que Titi cajole son robinet. L’hirondelle fait son pinson. La régale son printemps.
La belote fut copieuse. Sergio et le barde furent opportunistes. Et se répartirent le gain des deux parties. Tom perdit. C’est comme ça. Et pour tout dire, c’était assez injuste. Mais n’est comme ça. Le bardibule et le bardatruc demeurèrent dans l’entre-deux.
La nuit était belle. Nous nous séparâmes un peu tristes. Sergio arpentait le pavé d’un pas sûr et complice. Jeff avait toujours froid aux doigts. Le Prez dessinait des mondes dans sa tête. Un architecte de l’âme. Et Hamilton regagnait ses pénates, en pensant à son proche retour sur le pré. Oui, un soir d’hiver comme on les aime.
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