26 octobre 2018

Kid Walid a bon porc

Par le Barde, le Bardibule et le Bardatruc
 
L’automne a pris ses quartiers à Musard. La fraîcheur de l’air ne trompe pas. Le ciel était pur, la lune belle. Dudu trottinait déjà comme nous arrivions en désordre. Petit a petit, le pré accueillit tout son monde. La Piballe faisait son retour. Pas de tarbais. Pas de Jean-Phi. Pas de pinson. Pas de grand terrain. Nous n’étions qu’une quinzaine. La partie fut vive. Emmenée par Sergio.

JB nous regardait du bord de la touche en sifflotant une sérénade de Mozart qui allait comme un gant à notre chorégraphie. Dans peu de temps, il sera des nôtres. Les jeunes gambadaient. Les vieux tempéraient leur ardeur par des gestes justes. La balle circulait. Parfois, elle tirait la langue et s’affalait sur le pré. Régis interceptait moult béchigues comme d’ordinaire, sauf que cet ordinaire tient de la grâce. Jeff guettait le geste juste et aspirait à l’intervalle. La capacité à passer entre est l’acmé du toucher. Flo batifolait sur son aile gauche. Et le doc était plus saillant que jamais.

Serti dans son tablier « Bordeaux débat », il était là. Le cheveu poivre et sel et le sourire aux lèvres. Lui, le bloger, le Libanais, waaaaaaaaaaaaaaaaaalid. C’est peu dire que le trou était aux anges. Le Prez, la barbe taillés à l’anglaise, du côté de Manchester, rayonnait. Et quand le Prez est heureux, les castors dansent.

Walou nous concocta un repas à damner tous les saints. Il pourrait presque tenir dans la formule : Il était un foie, un cœur et une longe. Le foie et le cœur parce qu’il nous servit en entrée lesdits abats, nappés de mâche et d’oignons. Un pur régal. Hamilton et Pépé, sis l’un à côté de l’autre, savouraient. Le vieux quatre itou. Il ne resta que quelques pétales de mâche et plus l’ombre d’un abat.

La suite vint. Une longe de porc, découpée à la côte par Jacouille. Avec ses tagliatelles, ses oignons, ses gousses d’ail et sa sauce aux champignons. La longe est un raccourci pour le bonheur de nos papilles. Pépé dans sa série papille fait de la résistance pleure. La vie est belle et le minaret a tapé dans le mille. L’oignon fait ses émules. L’ail élimine tout surplus sanguin et garde au loin tout esprit à dents crochus. Point de reflets dans le miroir pour tout vampire en approche. L’ail cache le laurier qui promet son sacré. Certains acceptaient une damnation pour une simple resserve. Le dit l’aime entre le plaisir éphémère et le paradis éternel. Il parait que l’éternité est long surtout vers la fin… Mais l’air n’est plus dans la carnasse, mais dans une amitié franche partagée.WAAAAAAAALID… pour le plaisir! Plus le sacrifice de l’animal est grand plus l’homme est sacré. Du coup Jacquouille sort son canif, léger pour l’esprit d’un mâteux qui résout des noeuds dans chaque dérives complexes de l’existant en nombre. Il parait que le canif de Jacquouille a une particularité qui unit le marin au charcutier. Avis aux amateurs. Pour ma part l’union est dans le minaret à bon porc!

Le premier lancé fut d’une intensité rare car l’objectif était ambitieux à savoir lancer l’assiette d’un bout à l’autre de la tablée. Figure rarement osée et souvent ratée, Walid tel un caïd du far west, les jambes légèrement écartées, opina du chef pour attirer l’effronté qui oserait se placer en face de lui. C’était sans compter sur Bad Barde venu lui du far medocain. Ils se jaugèrent longuement sachant que l’un comme l’autre n’avait le droit à l’erreur sous le regard aiguisé de chérif Jack'ouille et Sergent PP. Leurs regards complices en disaient long sur ces nombreuses années a vider les clubhouse et disserter sur la sonnette du serpent ou la plume du sion du fioux.
Peu à peu, le silence s’installa lourdement, un bout de tagliatelle tomba de la bouche de Peter, jamais avare pour faire tomber quelque chose. Un pêt contraint par l’émotion se fit entendre sans qu’il fût possible de distinguer son auteur. Kid Walid crachat sa paille alors que Bad Barde machouillait son cigare calmement. Une goutte de sueur perlait sur leurs fronts... Non pas une goutte pour deux fronts mais une sur chaque front. Je précise car sinon, on comprends rien bordel !

La main ferme de Kid Walid, aussi tranchante que celle d'un journaliste d'investigation, jeta le projectile à la vitesse de la lumière. Bad Barde, prit le temps de poser son cigare et d’un geste aussi rapide que l’éclair rattrapa l’assiette. Kid Walid et Bad Barde rièrent alors sardoniquement, ravis d’avoir prouver une nouvelle fois que si la lumière est blanche, l’éclair est au chocolat.

La petite touche exotique tint dans les tranches d’ananas servies en dessert. D’aucuns diraient un carpacio d’ananas. D’aucuns en font un peu trop. Amélie et Sergio, face à face, se goinfraient et révisaient leur rugby d’antan tout en jetant un regard avisé sur celui d’aujourd’hui. Rien à voir avec lés ananas. Justement. Justement quoi, dirait Perdigue ? Mais Perdigue, il n’était pas là.

La nuit nous attendait sous l’œil d’une lune douce et bienveillante. Le ciel était piqueté d’étoiles. Jeff et Sergio partirent bras dessus bras dessous. Et le Bardatruc trouva fort à propos ce vers d’Aragon : « C’est miracle que d’être ensemble ».

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