Par Le Barde
Il y eut quelques cagades ; le ballon, parfois, était en rade. Plus souvent que de raison. Il y a des soirs comme ça. Pourtant JB était là, nous gratifiant d’emblée d’un geste de classe, d’une pichenette céleste. Et puis Gwen aussi était là, avec sa chevelure poivre et sel. D’accord, il n’a pas la gestuelle de JB, mais il a d’autres arguments. C’était un peu Mozart et Karl Orff face à face. Peyo nous gratifia également de sa présence bien que son apparition fut furtive. Garcimore, enfin, et Luc nous retrouvaient. La famille se recompose.
Quelques éclairs de bonne facture honorèrent la partie, et la balle allait sa vie avec vivacité et bonheur. Sergio était content. Ce toucher fut agréable et nos jambes alertes.
C’est sur un score d’équité que nous regagnâmes les vestiaires. Flo allait d'un pas repu. Son aile pourtant fut bien négligée. Le Poulpe s’étirait avec Titi. Le ciel était d’une pureté incomparable.
Le douanier assurait une suite lusitanienne. Par le nom. Roro, lui n’est portugais que d’adoption. Mais Jérôme, dont le saint est le patron de la traduction, ne mitonna pas comme au pays de Vasco (de Gama) ; il mit une french touch. Avec pour trait d’union le poisson. Nous sommes enfants des mers.
C’est par une soupe de poisson avec croûtons, fromage et rouille que nous entamâmes de tendres hostilités. Rien que de très ordinaire. Mais l’ordinaire, lorsqu’il est délicat, donne au temps qui passe une saveur onctueuse qui rend la vie moins âpre. Toutes choses qui collent bien à Jérôme. Ce qu’il touche, il le rend plus humain, sans en faire des tonnes, simplement. Du grand art en somme. Gwen dirait du grand lard ; on ne se refait pas.
Le rôti ne se réduit pas à la viande ; il peut être halieutique. Et c’est ainsi que le douanier commit un rôti de poisson où se mêlaient les chairs de la lotte, du saumon et du sabre. Le sabre nous est peu familier. C’est est un poisson semi-pélagique à nageoires rayonnées de la famille des Trichiuridae. Il fait partie des poissons dits « de grand fond » car ils vivent et sont pêchés à très grande profondeur. Un régal accompagné de riz avec ce qu’il faut de tomate. Il n’en resta que des miettes.
Régis arriva sur le tard. Il venait d’assister à un match des boxers. Gwen éprouva le besoin d’afficher sa connaissance de ce sport de glace et d’un ton solennel affirma qu’une partie de hockey comprenait quatre tiers temps de trente minutes. Nous étions tous médusés. Surtout le poulpe 🦑.
Vint le temps du fromage. Des assiettes. L’exercice fut accompli avec maîtrise. Coco eût été ravi. Et c’est par un pain de coco, ou si vous préférez, un flan à base de coco en forme de pain, que nos agapes s’achevèrent.
Il ne restait plus qu’une belote de comptoir pour clore ce mardi. Elle fut tâtonnante. La faute à Amélie qui n’était guère dans son assiette. Le Prez reprit sa main en pure perte. La partie se délita. Nous n’avions pas l’âme à la belote. Une déclinaison du « J’ai l’âme de regrets touchée » de Ronsard.
Que dire sur la nuit qui ne soit dit déjà ? Que la nuit est plurielle, qu’aucune nuit ne se ressemble, un peu à l’image du fleuve d’Héraclite : « On ne se baigne dans l’eau du même fleuve. » C’était donc une nuit nouvelle, belle, une autre nuit. Et chacun de rentrer à demeure sous son doux manteau.
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