09 janvier 2019

50 ans de bouffe...L'Amiral ouvre le bal !

Par Le Barde et Bardibulle


La pluie n’était pas de rigueur. Elle nous accorda un répit pour ce premier toucher de l’année. Nous étions une petite vingtaine, ou, si vous préférez, une grosse quinzaine. En somme, nous étions entre quinze et vingt.

Nous commençâmes sur une moitié de terrain et, la troupe s’étoffant, nous nous répartîmes sur toute sa longueur. Il est bon de prendre le large.

Les forces en présence étaient équilibrées. L’équipe de Sergio prit un léger avantage sur celle du Bardibule. A quoi tient un avantage ? A un essai ou deux de plus, une opportunité mieux saisie, une défaillance passagère. Mais c’est sans importance tout compte fait.

L’événement, ce fut, sans conteste, la rentrée de JB. Après avoir trottiné autour du terrain, s’être étiré avec soin, il rentra. Premier ballon, première feinte de passe. Une sérénade, une sonate où les mains et le ballon ne firent qu’un. Le temps s’arrêta. Au ciel, Guy Boniface versa une larme.
 Oui, l’année commence sous les meilleurs auspices ; Jeff a enfin trouvé une passe. Il exécuta une passe sur un pas de toute beauté. Régis en resta coi et omit de saisir le ballon. Joss, admiratif, dit : « Putain, c’est beau ». Perdigue, lui, il s’en branlait. Jean-Phi s’épargnant ses traverses d’antan filait droit. Le doc aussi. Un doc affûté. Une jolie reprise en somme.

Au trou, l’amiral avait pris les choses en mains et confirma son accent lusophone. L’assemblée était garnie : trente-huit castors. Coco était là pour nous donner le la de l’année, heureux, vif, tel qu’en lui-même. Pépé hurla de venir à table. Tous d’obtempérer. Peu à peu. Amélie, le prof, la Jacouille, Poulet, la Piballe, le Tarbais, Lolo, etc,.
La proue tenait son béret en son Pépé. La poupe elle aussi est coiffée en notre Jacquouille qui couvre nos arrières en silence. Roro vérifie son embarque et ne néglige aucun détail. Le poulpe est au centre sans coiffe. Bérets en proue et en poupe, le poulpe aux abois, les castors sont prêts. Morue nous voilà! Un bon bout couvert prévient de toutes mésaventures. « Si cela peut m’éviter la désillusion d’un doodle incompris, je prends… » Se persuade le pacha en s’entourant de sa vieille garde. Le vieux a du jeune en lui et non du jeûne. L’amiral ne sait que trop les exigences d’un long voyage et d’un équipage qui a faim. "Voyage copieux, équipage heureux!" L’expérience se paie par le temps. Le mammifère qu’il cajole n’est pas marin mais bien à poils. Le castor marin ne sait que trop qu’un long périple ne se vit qu’avec une préparation d’excellence. Haubans tendus, la table est mise les bouts sont couverts, les voiles peuvent être livrées aux bons vouloirs de Calypso.

L’art sème lupins aux bars. L’illusion sent l’embouchure du Douro et Porto revient à notre porte. La conquête se fait en deux sens, une histoire de va et vient il parait, sans queue ni tête uniquement pour le plaisir du trou. Coco veille à ce que tout ce qui se cuisine reste dans sa simple destinée nourricière. Seuls les chants et les assiettes se réservent la magie des envoles. Les castors aiment les défis, Gwen et Lolo en gardien eux aussi, du trou alimentent un animisme certain. « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout peut voler ». Aucune animosité dans l’animisme qui les habite (en un seul mot) mais bien en sacre enfantin en l’honneur du trou. Le jeu fait l’innocent. Coco ne sait où donner de la tête. La guerre des gloutons est lancée. La cène est une bataille navale. Easy Gwen flirte maintenant avec Corsair ! « A l’abordage moussaillons », les échanges se font entre le bar en défense et la table en attaque. Coco a perdu un œil dans la bataille. Seb réfléchit pour une jambe de bois. Point d’abordage et de prise d’assaut seuls les boulets sont en action. Le Barde garde la magie des mots et pour les ballades aériennes nous avons Mozart. L’entrée fut froide mais bien chaude en goût. La morue est ainsi, elle aime sa pomme de terre, son oignon et son olive. Freud sur le sujet trouve que la morue a bon libido.

La suite se fit toujours dans l’esprit de la mer. Une arrose de marisco. La réserve a de la resserve. Des jambes de crevettes, coques en stock, le plat a du corps. Une légère douceur terrienne dans un plat marin. « Mignonne allons voir si l’arroz est écluse ». Pour Piou Piou c’est là où passe la péniche.

Le lancer d’assiettes tint du miracle.
Plusieurs ustensiles s’échouèrent sur le carreau et demeurèrent intacts. Roro a la main heureuse. Après notre antienne fromagère, nous eûmes droit à des produits du pays de Pessoa. L’un avait la croûte rouge. D’ordinaire, ils se savourent à la cuillère. Las, le brouhaha empêcha notre amiral de faire passer le message. Il en éprouva un légitime regret, une légère amertume.

Les agapes achevées, les uns et les autres se répartirent dans notre antre. Qui pour une belote, qui pour commercer. L’ambiance était douce. Comme si le bruit du temps nous épargnait son joug. Il est bon d’être à la vie dans ce qu’elle a de plus évident : passer un bon moment, converser, plaisanter, sourire.

A peine sortis du trou, la nuit nous recouvra de son manteau gris. Pas l’once d’un crachin. Hamilton enfourcha son cycle rouge. Toto et Titi regagnaient leurs pénates repus et souriants. JB entonna sa petite musique de nuit. L’année sera belle.

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