19 juin 2019

50 ans de bouffes : Mozart est là...même sans tomates

Par Le Barde,



De pré, il n’y eut point, faute de vestiaire. Bien sûr, l’on peut toujours se changer et rincer son corps vaille que vaille avec le premier filet d’eau venu. Mais a l’exception de Jean-Phi, personne n’éprouva le désir de fouler le pré sans passer par la case vestiaire.Jean-Phi était accompagné de son chien et d’un bidon en guise de ballon. Il est comme ça Jean-Phi ; il a un petit côté Marcel Duchamp en herbe.


De toute manière, personne n’aurait pu conter le toucher de ce mardi 11 juin. Ni le bardibule ni le barde n’étaient à Musard. Le Prez et son bureau réglaient, en effet, les derniers détails de nos festivités du demi-siècle. Et comme le bardibule et le barde en sont, tintin pour le pré. Le trou était ainsi copieusement garni avant l’heure. L’équipe des cinquante ans buvait les paroles du Prez. Sur son petit cahier orange, le crayon à papier dans la main, il consignait l’essence de ce qui sera.

Peyo avait apporté la boutique, polos et noeuds paps. Un très joli noeud papillon bleu marine, sobre et élégant qui nous ceindra le cou pour le gala. Le polo, gris, est réservé au dîner de vendredi. Toto avait pris nos nouveaux maillots. Nous seront beaux. Pioupiou et Croucrou partirent faire les dernières reconnaissances à la plaine des sports. Le Prez avait l’exemplaire de référence de notre moitié de siècle. Une couverture bleue, sobre.

Et pendant ce temps-là, JB mitonnait, lentement, sagement. La cuisine est un andante. L’ambiance était alerte, l’impatience de rigueur. Et lorsque, enfin. tout fut bouclé, Perdigue, le Prez, Titi et le barde entamèrent une vraie belote. JB entama de douces hostilités avec de délicieuses tranches de melon, quelques tranches de jambon espagnol et ce qu’il faut de rillettes et de graton.

Une entrée mêlée, alternant entre la fraîcheur nécessaire à l’été et la charcutaille. Fidèle à lui-même, notre Mozart, nous avait concocté une daube de taureau. Il aime le taureau JB, parce que la tauromachie est un art et que ses prolongements peuvent l’être tout autant. Le taureau en miettes, revenus dans le vin, avec ses petits ronds de carottes ravit l’assemblée. L’aficionado qui dort en chacun de nous portait à ses lèvres la chair du condamné mort avec grâce. Et le vieux quatre ne put s’empêcher d’entonner un air de Don Juan en plantant son couteau dans les petites miettes. Quant à Pépé, il toréait des boulettes de pain avec son béret en guise de muleta.

Le lancer d’assiettes fut parfait. La perfection sans casse n’est pas. L’imparfait souligne ce qui pourrait être. Les deux assiettes qui churent sur le carreau mirent en évidence la main sûre et précise de JB. Le crâne du Poulpe connut la caresse de l’obole, ou plutôt de l’auréole. Et les mains de Lolo, disposées dans son dos, laissèrent échapper l’accessoire à dessert avant que de se reprendre. Deux vaut mieux qu’une tu l’auras est son dicton. Un méli-mélo de glaces acheva nos agapes. Une touche estivale encore. Chocolat, rhum-raisin, vanille, caramel. Perdigue se prit pour Alain Delon en chantant Paroles, paroles, le regard tendrement tourné vers un vieux quatre indifférent. Des speculos, croquants à souhait accompagnaient le méli-mélo.

Un petit crachin cinglait la nuit. JB prit le chemin de Villenave en chantant. Hamilton fredonnait aussi. La Jacouille susurrait O nuit enchanteresse, un air des pêcheurs de perles. Le Tarbais cherchait en vain un air où l’haricot soit de mise et se rabattit sur Ma pomme de Maurice Chevalier en pensant à Sergio.

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