31 octobre 2019

50 ans de Bouffes: Christophe met ses lentilles à table!

Par Le Barde et Bardibulle



La nuit est tombée sur le pré. Le synthétique sera moins seul, l’hiver arrive. La lumière se fera aussi plus artificielle. Il en est ainsi quand la nature humaine recule ses aiguilles pour mieux briller dans l’ illusion d’un temps sous contrôle. « La seule lune qui tourne et à laquelle je crois et celle qui me sert d’assise ! » s’exaspère Dudu en poète à muse. Toujours les tours de chauffe, le temps d’essouffler un peu plus le poulpe, bien en ventouse sur le coup et marqueur de multiples essais. Il joue en apnée le bougre. L’essai laisse le jeu sans fin. C’est fou comme ce sport laisse dans ses codes une ouverture à toute chose. Même si l’action se termine en aplati, la marque annonce une suite. Doc sur le sujet a assez de souffle pour prendre le trou. Ses cris de rage annonce qu’il a du coffre à défaut du Poulpe qui lui joue en silence. « Pourquoi gaspiller mon air alors qu’il faut que j’accélère ? Atmosphère, atmosphère est-ce que j’ai la gueule d’un lampadaire ? » Ses voyants sont au rouge. L’orange est passé inaperçu pour le céphalopode. De la mobylette à la charrette, il n’y a qu’un pas. C’est Fayou qui profita de la rentrée du Dudu après ses étirements. Le poulpe ne pouvait pleurer l’affront, plus d’eau et plus d’air pour faire un râle à la bête. Titi sur le sujet s’habille en rouge et les différentes phases de chauffe, le pinson il s’en branle. Pas de baisse de régime, il tient la ligne ! Il taquine le doc qui sans ses gants abandonne le serment pour des sermons. L’hallali des ohlala !

La douche était très chaude. Allez savoir, tout est question de démesure. Nous avions de froid jusqu’à maintenant, nous avons du très chaud, plus de raison de se plaindre. Le froid à l’avantage de ne pas laisser de marque sur la peau. Con se le dise. 

Canesson, c’est un joli nom. Rien à voir avec canasson. Christophe est tout sauf une vieille carne, une rosse ; un mauvais cheval si vous préférez. Et c’est ce petit e glissé entre un n et un s qui fait la différence. 

Coule dans les veines de Christophe, le sang des lettres. Ne compte-t-il pas dans ses proches ancêtres le merveilleux philosophe Gaston Bachelard. Il plaidait pour les douceurs de la rêverie et se laissait aller aux évocations que lui inspirait « la flamme d'une chandelle ».

Plus cheval de trait qu’étalon, encore qu’il possède de belles et bonnes pattes, Christophe n’est parmi nous que depuis une poignée d’années. Pourtant, il semble là depuis une éternité. Christophe est une évidence. 

Comme cette quiche qu’il nous servit en entrée, tendre, délicate, accompagnée de feuilles de salade. Pépé n’était pas là pour goûter ce met lorrain ; Pépé, il est dans les îles et ne reviendra pas de sitôt. En sorte qu’il y avait un grand vide. Peter eut beau s’affubler d’un béret, la ressemblance n’y était pas. Comme si un crâne lisse suffisait. Et la voix bordel, l’organe ! Celle qui nous rappelle à l’ordre, celle d’une histoire en or sans fin récitée, contée. Il y a de l’Homère dans Pépé. 

Illiade le ciel, soleil et la mer… L’Homère se prête au mythe comme les lentilles à sa saucisse. Le raccourci dans l’alimentaire nous éloigne des fondamentaux. Mais le propre de la lentille n’est-elle pas de nous éclaircir la vue. L’histoire est belle quand le flou se dissipe. Le plat se mijote et le dur se radoucit. Les saucisses se trempaient de leur côté le derrière. Mieux moutarde que jamais ! Le plat est un délice quand il se prête au simple du fait maison. Un complexe dans l’art qui donne une toque au chef. 

Le fromage se fera en quadrille. Suite à un lancer d’assiette digne d’un quatrième ligne. Christophe n’est pas demi. Un parcours sans faute, la confiance se fait en conséquence mauvaise amie. Un verre brisé, une mâchoire percutée, le cuistot pour une première déboite les codes. Seuls les grands culminent dans la brise. La pause du lactée et nous voilà parés pour le sucré !

Le dessert était une affaire de père puisque c’est le géniteur de Christophe qui conçut le flan que nous appréciâmes comme des enfants. Un père fait la paire, c’est entendu. Dudu appréciait ainsi que le vieux quatre harcelé de questions diverses par Régis. Mais pourquoi diable s’acharnait-il de la sorte ? Lorsqu’il lui demanda s’il était pour les rosbeefs ou les bocks, le vieux quatre lui répondit qu’il était contre les anglais. 

Si la belote fut un triomphe pour Hamilton et Titi, elle aujouta un dépit pour le barde dont la main était bien maigrelette. Les mardis se suivent et se ressemblent. Jacouille, pourtant, veillait sur lui. En vain. Le bardibule rentré sur le tard fit bonne figure. 

Arpentant les rues des Capus, comme il regagnait sa demeure, Christophe pensa à son aïeul. Lui revint cette phrase « Le noir est le refuge de la couleur ». Et puis une autre : « Comme la nuit s’agrandit lorsque les rêves se fiancent ». « Sacré Gaston se dit-il en esquissant un sourire reconnaissant, je bois tes mots comme d’autres enquillent des pintes. Et cette ivresse vaut bien celle de la mousse. »

24 octobre 2019

50 ans de Bouffe: Aligot-éléments - Aligot-thérapie - Bienfaits de l'aligot - Plus qu'un régime, une Maxime!

Par le Barde et Bardibulle


Dix, nous étions dix. Pas un de plus, et pas une goutte de pluie. Tant pis pour ceux qui ne goûtent guère l’humide. Nous nous repartîmes entre la ligne des 22 et la ligne médiane. Et ce fut bon. D’autant que des vols de grues paraphaient le ciel gris et nous étourdissaient de leurs cris. Un soir d’automne qui annonce la venue des palombes est un soir de rugby.

Le jeu se faisait en impair et en imper. Le chagrin est ainsi pour l’équipe qui perd son marqueur à chaque réussite. Doc en automne est toujours présent. A l’image du Guitou, itou il a su choisir son camp. « Rien de tel que d’être dans la bonne équipe pour ne pas perdre. ». A en déjouer tous pronostics, les moins nombreux franchirent plus facilement la ligne. La constance prie son dard à gnon ! Mousquetaires de l’escarmouche, même sous la pluie on touche ! Nous eûmes un Barde alerte, la crinière au vent a une fâcheuse tendance à aveugler l’adversaire quand il se décide à prendre son trou. Hamilton prit la pose aussi, et avec ses deux genoux brilla à sa manière avec une passe à l’aile qui nous rapprocha de Lourdes. L’immatriculé conception ne craint pas la pluie. Jean Phi en second rideau a un côté « Spitfire » autour de ses vieux et lourds bombardiers. Vieux ne tient que par l’expérience. Con se le dise.

Nous eûmes une douche froide. Rien de nouveau en somme. Vivement l’été pour qu’elle chauffe.

C’est un joli prénom Maxime. Il vient du latin maximus qui signifie "le plus grand". L’étymologie nous prédestine ; Maxime est né pour être grand. Maxime, c’est aussi un nom féminin porteur d’un double sens :
  • Précepte, principe de conduite, règle morale.
  • Proposition, phrase généralement courte, énonçant une vérité morale, une règle d'action, de conduite.
Il porte bien ces deux définitions Maxou, vous ne trouvez pas. Et la seconde lui va comme un gant. Pensez à son talent sur le pré. Certes, certes, il faudrait demander à Seb si nous ne nous éloignons pas trop de la vérité.

Reste qu’il était en cuisine Maxime.
La cuisine peut être la traduction de ce que l’on est. Et oui, Maxime est grand.

L’entrée fit ses débuts dans une salade printanière. L’automne comme les hirondelles fait son printemps. Un mélange de fruits de saisons et de légumes sans saison. Des crêpes du pays suppléaient aux pains de Pépé. Avis aux cuistots à venir, le pain sera à la charge du chef de table. Pépé voyage. Et quand Pépé voyage, les castors ne mangent pas de pain. C’est bien connu.

Ah ! L’aligot ! Notre aveyronnais nous dispensa le meilleur de son pays, le meilleur de son être. L'aligot est une spécialité culinaire traditionnelle originaire de l’Aubrac, à base de purée de pommes de terre, de tome fraîche. Maxime touillait, lissait sa purée natale sous nos yeux. Il suait corps et âme. Et le résultat fut grandiose, suave, onctueux, sublime. Maxime habite son prénom.


« Un repas équilibré ne tient qu’à la présence des aligot-éléments. » Souffla notre Piou Piou en fin diète connaisseur !

Une saucisse accompagnait l’aligot, ferme. Pépé dont c’était le dernier repas pour cause de séjour réunionnais savourait. Nous ne le reverrons que fin janvier. Son petit frère était là, la houppe dressée et le regard fier. Quel plaisir que de revoir notre Tcho. La conversation roulait sur France-Galles. Sur la règle. En quoi la règle prête à débats et n’est pas aussi ferme que l’on croit. Règle du hors-jeu, de l’en-avant après arrachage de balle, etc. Il faut disputer la règle.

Maxime déroula à sa manière le thème en fromage. Sa ligne de conduite ne lâche pas l’idée du jour. Il y aura du fromage pour tous ! Dudu avait proposé le concept sans le transformer. Il proposa de mémoire du fromage sauf pour le fromage. La radio irradie et parfois fait son effet. Un essai sans la transformation c’est comme perdre d’un point en coupe du monde, ça fout les boules. Puis on se dit qu’il faudra du temps et on passe à autres choses. Prof élabore une équation pour comprendre l’en -avant qui se mesure en coude. Toutes défaites ne tiennent qu’en l’homme. Les histoires sont ainsi, elles se racontent toujours en différence et nous vieillissent avec le temps. Fromage aux désespoirs, aux fougues ennemies, n’ai-je tant vécu que pour du Brie. Le rugby tient dans ses ellipses de belles échappées affectives. De sacrés clins d’œil, de sacrés pieds de nez qui n’ont que pour ambition de lier notre corps au hasard du bon vivant. Voie lactée en prime. La constellation du centaure a raison ! Une seule assiette sera offerte à l’histoire. Un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beau coude !

La trame de ce repas, était bel bien le fromage puisque nous eûmes un cheesecake en dessert. JB appréciait. Peter aussi, bien qu’il ne put résister à faire profiter du cheese au prof qui ne goûta guère cet élan pâtissier maculé. On craignit le pire, mais le prof est un sage. Amélie lorgnait le plat pour ses poules, persuadé que le cheesecake les comblerait.


Une belote de comptoir bien sûr. Avec un Seb souverain et un Hamilton de gala. Dudu aussi était en veine. Quant au barde, sa main était pauvre. Maxime s’en sortit de justesse. Pas de Jacouille au comptoir. Une belote sans Jacouille, c’est comme Bouvard sans Pécuchet.

Pas de gouttes de pluie au sortir du trou. La ville était calme. Nous allions un pas un peu las. L’aligot infusait nos corps repus. Pas la moindre étoile. Les grues poursuivaient leur vol. Une belle soirée d’automne. Pioupiou gazouillait et le Tarbais dansait sur le pavé mouillé.

22 octobre 2019

50 ans de Bouffe : Thom Thom Thom Thom Thom Thom … (sur l’air de « La Chevauchée des Walkyries »)

Par Le Barde et Bardibulle


Sur le pré comme de loin. Nous étions peu à taquiner le chagrin. La pluie en synthétique fait son automne. Nous n’interrogeâmes pas l’idée de renverser la largeur en longueur. Un puissance 4 fera largement l’affaire. Un quatre contre quatre, ce n’est si pas mal. Le jeu compensa le nombre. Le manque n’était pas dans la qualité mais bien dans le nombre. Du Sergio en magicien, d’un Croucrou en aplati il n’y a qu’une passe qui fait le lien. En face le Tarbais et le Doc ne purent rivaliser que par un jeu en jambes. La vista était d’un côté de l’autre les cannes. La marée se fit par vagues. Déluge dans un sens puis dans l’autre. La qualité se complète par le physique et inversement. 

Une douche de plus, plus froide… C’est Musard qui arrose ! Et direction le trou

Thom était de retour, de retour du pays du soleil levant. Rien pourtant dans son repas ne traduisit ce séjour. Il respecta la cuisine de son histoire. Une forme d’hommage en somme. 

Nous fûmes bien peu à le recevoir. Au Japon, on est redevable auprès de celui que l’on accueille. Le trou était trop peu garni pour mériter un tel hommage. Tant pis pour les absents. Ils n’eurent pas droit aux bienfaits d’un vieux huit qui porte bien son âge.

En guise d’entrée, une garbure. Avec sa coine et sans miettes de porc. Douce et suave. Une offrande. Sergio apprécia. Le Tarbais itou. Tous deux de se retrouver dans cette tradition qui donne le la. Amelie aussi appréciait mais se disait que ses poules n’en profiteraient pas. Le la des poules n’est pas celui des hommes. Il leur faut un peu plus d’épaisseur ; le liquide n’est pas leur fort. La poule aime le dur, c’est entendu. Et pendant ce temps-là, Tom décrivait son futur et long périple à la voile. Notre homme est marin. De la garbure à la mer ou aux océans, il n’y a qu’un pas ; le hasard n’existe pas.


Puis Thom se fit transalpin. Avec, des lasagnes. Mais aussi épinard et confit de canard. Un clin d’œil métissé aux fondamentaux du pays de Dante. Il faut savoir mêler les cultures. « L’unisson est la qualité du tout ennuyeux » écrivait Montaigne. Il va bien à Thom l’homme des essais qui narra aussi son périple sur la botte. 

Les poules d’Amélie auront leur part du met. Faute de combattants, il en restait pour ces demoiselles. Les portions furent pourtant généreuses. Mais la générosité de Thom va aussi aux volatiles d’Amélie. Croucrou allait ses bons mots à foison. Il est en forme notre Croucrou. Il donne chair aux mots.

Le Grand Thom a un physique. Et tout physique tient sa condition. La sienne il la partage en quantité. La table s’est faite timide pour le coup. Mais au fur et à mesure du diner, les convives pesaient double. Allez savoir tout tient dans le mental. Ce n’est pas le nombre pour le gros qui fait la force, c’est la ligne de conduite. La ligne du quatrième ne tient pas de la guêpe mais bien d’un sumotori. Le roquefort fera satiété. La hauteur des quatrièmes lignes ratissent large. Le vieux 4 pleure et en oublie le pouvoir de la patate. « Putain c’est succulent et tout ça sans patate. ». Un quatrième ligne qui n’a pas mis une patate n’est pas un quatrième ligne. Le grand Thom une exception dans la règle de la décalque d’une mâchoire et plaisirs des sens. Le coude est une affaire de gout !

Le lancer digne de son perchoir. Un hymne aux balancés en touche. Qui a dit qu’il y avait un ballon ?

C’était la deuxième mousse de la saison, la deuxième mousse au chocolat après celle d’Isa. Parfaite, différente, mais parfaite. Toujours cette affaire d’unisson chère à Montaigne. Les estomacs étaient pourtant repus. Ils allèrent, cependant, au bout d’eux-mêmes. Surtout Peter. 

Une belote se dressa. Je crois que Thom en fut pour ses frais. Les cartes ne sont guère reconnaissantes. Jacouille s’en tira bien, comme d’ordinaire. Titi aussi. Pas de coups d’éclats, une petite belote en somme, sympathique et sans extras. 

La pluie s’était retirée. Une nuit frisquette nous attendait, une nuit d’automne. Nous nous dispersâmes l’âme gaie, le corps un tantinet lourdaud. Thom pensait à ses mers futures et Jacouille souriait aux très rares étoiles. Tout un art.

07 octobre 2019

50 ans de Bouffes: "On demande le dessert à la barre!"

Par Le Barde et Bardibulle



C’était une journée de crachin. Elle s’était commise avec l’orage au petit matin. Elle eut le bon goût d’interrompre ses larmes avant que la nuit ne tombe. En sorte que nous pûmes jouer sans entraves.

L’assemblée était timide au début. Puis, elle s’étoffa. Même Dudu connut un peu de retard. Nous étions à peine plus d’une quinzaine. Le jeu fut vif de chaque côté. Les cannes étaient de sortie et les vieux assuraient. D’aucuns y verront une logique qui n’y est pas.

Le bardibule nous gratifia d’un(e) offload de grande classe, lors que Sergio et Seb régalaient leurs comparses. Dudu réinventait les règles et le barde regardait le ciel. Chris nous offrit un essai d’ailier en déposant son poursuivant par sa course. Un essai d’école, de rentrée. Jean-Phi alternait le geste pur et le coup de folie, trouvant un équilibre improbable mais réel entre l’un et l’autre.

Le trou fait débat à l’occasion. Le sujet en rebond de l’en-avant reste une source intarissable sur le pré comme de loin et à table comme au bar.  L’en-avant peut se faire sans mêlée pour des exceptions qui dérèglent la règle. Le chapitre freudien s’envole dans l’interprétation des rêves mais reste très léger concernant l’interprétation de la règle de l’en avant. En bref, le subjectif appelle l’objectif. La règle n’a son sens que si les référentiels sont communs. L’en-avant pour ainsi dire peut-être autorisé si le geste est beau et l’essai dans l’esprit du jeu, et là encore Dudu restera seul juge, l’expérience oblige ! Et encore sur ce coup l’anglais comme langue universelle vise l’annale avec un seul « n » si la sentence ne se veut dans l’international. Certaines victoires méritent un doigt … Pourquoi s’en priver ? Quand l’en avant est en décalage d’une course en pointe et que la décélération suce-cité du receveur induit une parabole dont le X² rend improbable le pro-balle et seul le support vidéo deviendra l’unique juge ( à défaut de Dudu… faut suivre)  pour approuver le sens du jeu sans ballon et l’impartialité du maitre huissier dont les origines s’oublient par toutes ses incertitudes. Bref l’arbitre et le joueur en perdent leur latin et vis et versa…
Titi est un pinson et pour lui l’en avant ne mérite pas d’être tatillon. La preuve dans son jeu ou sa percute catapulte la balle. La question ne peut mettre en doute sa vérité. Son en-avant parle pour lui, pourquoi être limite sur la règle quand on peut dézingué celle-ci et autoriser les gros à se coller les oreilles. Il y a du gros dans Titi. Le pinson a du quaterback et il aime ça. Le centre est au milieu et son en-avant à 3 ou 4 mètres près pourrait passer inaperçu. Con se le dise !

Le maître-queux du soir n’était autre que le maître. Lolo, Prof, Jacouille, Pioupiou attendaient les leurs en jouant une belote de comptoir avec Hamilton. Dix-heures avaient sonné depuis belle lurette lorsque nous nous attablâmes. Pour la plus grande joie de Pépé nous commençâmes par une soupe où le potimarron se mêlait à la courge. D’où cette couleur d’un orange pâle dont la courge est exempte. Quelle onctuosité ! Pépé conversait avec le maître sur les aléas de son potager. Sa parole est un roman. Point ne lui est besoin de la langue écrite pour dire sa vie ou celle de ses tomates éplorées.

La suite se fera en parmentier. L’avocat sur le sujet défend sa sentence. Le confit est une couche comme une autre et la pomme de terre sera en appel. Son assise est cruelle et la correction sans suite. Certains ont cru voir de la purée sous le canard en confiture. La cène mérite sa plaidoirie. Pour sur le parmentier chez l’avocat est une affaire non classée côté patate. Le Vieux 4 pleure sa courge. La sentence est faite. Le mélange est bon !

Le lancer d’assiettes fut parfait si l’on excepte le prof qui manqua de peu d’être balafré. Pépé ébrécha sa promise. Vint alors un panel de fromages. Jamais nous n’eûmes pareille abondance. De la mimolette, du camembert, du comté, et j’en passe. Un florilège. Le maître s’en tint là. Pas de dessert. Il y eut bien quelques râles de dépit. Sans plus. Nous étions repus.

Une deuxième belote de comptoir se dressa. Elle vit la victoire du Barde et du Tarbais. Amélie avait la main pauvre. Titi alterna le bon et le pire. Sergio se démena avec sa main pauvrette. Comme d’ordinaire, des bonbons à foison nous ramenaient un peu plus vers l’enfance.

Toujours pas la moindre goutte lorsque nous sortîmes. La pluie menaçait pourtant. La nuit était douce, une nuit d’automne. Le trou se vida. Hamilton chevaucha son cycle rouge en sifflant You must believe in spring. Un vent léger se leva exhumant l’odeur des platanes. Oui, une nuit d’automne très douce et on les aime.

01 octobre 2019

50 ans de bouffes : Titi et ses gros minets

Par Le Barde et Bardibulle


L’Automne est là. Le soleil fait place aux chagrins. Il pleut sans pleuvoir et le ciel reste gris. Le bleu dans l’âme. Le pré comme de loin trouva son équilibre sur sa largeur. Point de terrain retourné, même si pour des raisons qui échappent à nos fondamentaux, nous jouâmes de l’en-but au quarante adverse. Pour dire que la troupe était au rendez-vous. Pourquoi s’embêtait à courir sur du long alors que des passes sur le travers feront la différence.

Le Barde bichonnait ses adducteurs pour ne pas les froisser et nous attendait à la popotte. Notre gardien des lettres reste notre porteur de balle. Mozart lança le tempo, une biscouette pour donner son « lala », d’une aile à l’autre, putain de rotules qui ne suivent pas le rythme… Queue ne tienne, la pression se lâchera au trou. Nous dûmes nous faire à une nouvelle bechigue à défaut de poètes. Maxime est motivé, Dudu dans sa constance contrariante, et Croucrou aux abois. « Moi le ballon, ce n’est pas pour moi… ». A le voir de nouveau dans la ligne nous fit douter de ses paroles. Le castor a quatre poumons pour les prises d’intervalle et du petit côté oublié avec en prime une touche « Détritus » de la fameuse Zizanie qui en quelques mots peut déstabiliser tout jeu adverse. Un physique sur le psychique. Freud adore ! C’est Dudu qui mordit à l’hameçon et se prit à la joute verbale. Les deux font la paire. Qu’il est bon ce partage de balle en ballade avec en fond des paroles en l’air. Une sonate aux clercs deux prunes. Dudu de la vieille trouve toujours le moyen de glisser dans le sien. Rien à faire, la vista est là ! Peter trouva une excuse pour s’éloigner de son talon en glissant une pointe au niveau de ses cervicale. Sans cou pas de talon, c’est bien connu.
Jean Phi avait choisi son camp et se proposait à chaque jeu de balle. Nous n’entendîmes les complaintes de notre Doc qui sur ce coup réussissait chaque lancement. Point de râle témoigne de son excellence.
Le score se tint en équilibre. Une partie de la douche en nocturne. Et les gros minés prirent le chemin de la tablée pour rejoindre leur Titi.

Titi est un pinson, pas un canari. Il suffit de s’arrêter sur la morphologie du pinson mâle pour s’en convaincre : « Le pinson mâle a le dos brun-noisette, le ventre et la gorge rosâtre, les côtés de la tête rougeâtres, la calotte et la nuque bleu gris qui le différencient de la femelle, le front noir, les sous-caudales blanchâtres et le croupion verdâtre. » La ressemblance est frappante vous ne trouvez pas ?

D’ailleurs ce surnom de Titi, d’où vient-il ? À vous de faire votre choix :
  1. un personnage des Looney Tunes ;
  2. le héros d'une série de courts-métrages comiques français produits par la Comica à l'époque du cinéma muet  ;
  3. en argot parisien, un jeune enfant ;
  4. les titis, singes de la sous-famille des Callicebinae, notamment du genre Callicebus ;
  5. en informatique, une variable métasyntaxique, nom souvent lié à toto ;
  6. au Québec, titi est parfois utilisé comme juron atténué pour dire beaucoup. Exemple : « Ça fait mal en titi » ;
  7. Un titi est un massage d'origine niçoise, prenant la forme de petites caresses faites du bout des doigts dans le dos. À l'origine, elles sont faites pour aider le sommeil du nourrisson au moment du coucher ;

Pas l’ombre d’un doute, c’est la faute au Titi singe. Mais pour moi, Titi c’est un pinson. Rien à voir avec un primate. Non, c’est un passereau. Et je sais que le vieux quatre est d’accord. Pioupiou un peu moins.
Donc, notre pinson nous avait concocté une promenade gustative internationale en cette période de Coupe du Monde . Soit :
« Italie / salade de tomates mozzarella avec son basilic et l'inévitable Lou Gascoun
Sénégal / Poulet Yassa à la mode bretonne dans sa marinade au vinaigre de cidre
France (franche comté et Savoie)/ Reblochon et cancoillotte
Amérique latine / Mousse au chocolat à la fève de cacao du Brésil (et d’ailleurs) levée aux oeufs de Quinsac »

Suivons le guide qui avait eu le bon goût de nous transmettre ses promesses la veille du trou.

Entrée : si le lou Gascoun était inévitable, ce méli-mélo de poivrons, tomates de Quinsac, de basilic, nous laissait encore aux charmes de l’été. L’été traîne ses restes dans l’automne, et c’est bien. Les césures ne valent rien si elles ne lient pas les saisons. Yan sauçait, Pépé aussi. Guitou savourait. Mais le meilleur restait à venir.
Que vaut un poulet yassa s’il n’est mariné dans un cidre breton et mitonné avec de petits oignons ? Rien. Isa le sait ; elle sait l’art de mêler les cultures heureuses. Ce poulet avait un côté atlantique et se moquait bien des continents. Toute frontière est imaginaire. Il y avait très précisément trente six morceaux ; nous étions trente cinq. La juste mesure avec ce zeste en plus qui est le signe des mains généreuses.


Le lancer d’assiettes et le fromage mérite un arrêt sur image. Les légumes viennent de Quinsac mais point de navet pour les soucoupes. La confiance et le doigté font la différence. Titi a du talent ! Le bri fut limité ainsi que le brie. Nous eûmes en revanche à foison du reblochon du pays qui est le sien et de la cancoillote. Joel s’intéressa sur le sujet sans pain et sortit du coup le lien wiki. La cancoillotte est un fromage à pâte fondue principalement fabriqué en Franche-Comté , ainsi qu'en Lorraine et au Luxembourg (où son nom est Kachkéis). Elle est obtenue à partir d'un mélange de metton (lait écrémé caillé) et d'eau, additionné de beurre en fin de préparation. Ce fromage typique de la cuisine franc-comtoise est un fromage (hors produit industriel) maigre, dont le taux de 8 à 12 % de matière grasse vient du beurre ajouté lors de la fonte. La saveur de ce fromage a évolué et deux cancoillottes, dont une au goût plus prononcé, existent. Le vieux4 à défaut de pain garda la patate tambièn !

Une mousse au chocolat ? Non, une action de grâce. Suave, délicate, onctueuse, sublime. De mémoire d’homme, jamais mousse ne fut plus exquise. Il faut toute la délicatesse d’Isa pour offrir un tel bouquet. Titi se contenta de séparer les blancs d’œufs des jaunes. C’est peu et c’est beaucoup. Nous étions repus, comblés, heureux.



Pioupiou entonna son hymne aux chiens. Le Prez l’accompagnait. Une histoire de derrière. Quant à Pépé, il feuilletait son smartphone de ses doigts lors que JB lui tenait le crachoir. Pépé est un moderne. Il est à la page. Il feuilletait les photos de ses Pyrénées.

La belote de comptoir vit la défaite de Perdigue. Il en demandait beaucoup trop à sa main étique. Le jeu n’a, parfois, que faire du panache, et Perdigue se retrouve gros Jean comme devant.
La nuit daubait la pluie. Plus une goutte. Titi était gai comme un pinson. Il reprit le chemin de Quinsac en murmurant des vers de Prévert :

« Est-ce qu'on sait ce que c'est qu'un pinson
D'ailleurs il ne s'appelle pas réellement comme ça.
C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça
Pinson pinson pinson pinson
Comme c'est curieux les noms »