L’Automne
est là. Le soleil fait place aux chagrins. Il pleut sans pleuvoir et le
ciel reste gris. Le bleu dans l’âme. Le pré comme de loin trouva son
équilibre sur sa largeur. Point de terrain retourné, même si pour des
raisons qui échappent à nos fondamentaux, nous jouâmes de l’en-but au
quarante adverse. Pour dire que la troupe était au rendez-vous. Pourquoi
s’embêtait à courir sur du long alors que des passes sur le travers
feront la différence.
Le Barde
bichonnait ses adducteurs pour ne pas les froisser et nous attendait à
la popotte. Notre gardien des lettres reste notre porteur de balle.
Mozart lança le tempo, une biscouette pour donner son « lala », d’une
aile à l’autre, putain de rotules qui ne suivent pas le rythme… Queue ne
tienne, la pression se lâchera au trou. Nous dûmes nous faire à une
nouvelle bechigue à défaut de poètes. Maxime est motivé, Dudu dans sa
constance contrariante, et Croucrou aux abois. « Moi le ballon, ce n’est
pas pour moi… ». A le voir de nouveau dans la ligne nous fit douter de
ses paroles. Le castor a quatre poumons pour les prises d’intervalle et
du petit côté oublié avec en prime une touche « Détritus » de la fameuse
Zizanie qui en quelques mots peut déstabiliser tout jeu adverse. Un
physique sur le psychique. Freud adore ! C’est Dudu qui mordit à
l’hameçon et se prit à la joute verbale. Les deux font la paire. Qu’il
est bon ce partage de balle en ballade avec en fond des paroles en
l’air. Une sonate aux clercs deux prunes. Dudu de la vieille trouve
toujours le moyen de glisser dans le sien. Rien à faire, la vista est
là ! Peter trouva une excuse pour s’éloigner de son talon en glissant
une pointe au niveau de ses cervicale. Sans cou pas de talon, c’est bien
connu.
Jean Phi avait choisi son
camp et se proposait à chaque jeu de balle. Nous n’entendîmes les
complaintes de notre Doc qui sur ce coup réussissait chaque lancement.
Point de râle témoigne de son excellence.
Le
score se tint en équilibre. Une partie de la douche en nocturne. Et les
gros minés prirent le chemin de la tablée pour rejoindre leur Titi.
Titi
est un pinson, pas un canari. Il suffit de s’arrêter sur la morphologie
du pinson mâle pour s’en convaincre : « Le pinson mâle a le dos
brun-noisette, le ventre et la gorge rosâtre, les côtés de la tête
rougeâtres, la calotte et la nuque bleu gris qui le différencient de la
femelle, le front noir, les sous-caudales blanchâtres et le croupion
verdâtre. » La ressemblance est frappante vous ne trouvez pas ?
D’ailleurs ce surnom de Titi, d’où vient-il ? À vous de faire votre choix :
- un personnage des Looney Tunes ;
- le héros d'une série de courts-métrages comiques français produits par la Comica à l'époque du cinéma muet ;
- en argot parisien, un jeune enfant ;
- les titis, singes de la sous-famille des Callicebinae, notamment du genre Callicebus ;
- en informatique, une variable métasyntaxique, nom souvent lié à toto ;
- au Québec, titi est parfois utilisé comme juron atténué pour dire beaucoup. Exemple : « Ça fait mal en titi » ;
- Un
titi est un massage d'origine niçoise, prenant la forme de petites
caresses faites du bout des doigts dans le dos. À l'origine, elles sont
faites pour aider le sommeil du nourrisson au moment du coucher ;
Pas
l’ombre d’un doute, c’est la faute au Titi singe. Mais pour moi, Titi
c’est un pinson. Rien à voir avec un primate. Non, c’est un passereau.
Et je sais que le vieux quatre est d’accord. Pioupiou un peu moins.
Donc, notre pinson nous avait concocté une promenade gustative internationale en cette période de Coupe du Monde . Soit :
« Italie / salade de tomates mozzarella avec son basilic et l'inévitable Lou Gascoun
Sénégal / Poulet Yassa à la mode bretonne dans sa marinade au vinaigre de cidre
France (franche comté et Savoie)/ Reblochon et cancoillotte
Amérique latine / Mousse au chocolat à la fève de cacao du Brésil (et d’ailleurs) levée aux oeufs de Quinsac »
Suivons le guide qui avait eu le bon goût de nous transmettre ses promesses la veille du trou.
Entrée
: si le lou Gascoun était inévitable, ce méli-mélo de poivrons, tomates
de Quinsac, de basilic, nous laissait encore aux charmes de l’été.
L’été traîne ses restes dans l’automne, et c’est bien. Les césures ne
valent rien si elles ne lient pas les saisons. Yan sauçait, Pépé aussi.
Guitou savourait. Mais le meilleur restait à venir.
Que
vaut un poulet yassa s’il n’est mariné dans un cidre breton et mitonné
avec de petits oignons ? Rien. Isa le sait ; elle sait l’art de mêler
les cultures heureuses. Ce poulet avait un côté atlantique et se moquait
bien des continents. Toute frontière est imaginaire. Il y avait très
précisément trente six morceaux ; nous étions trente cinq. La juste
mesure avec ce zeste en plus qui est le signe des mains généreuses.
Le
lancer d’assiettes et le fromage mérite un arrêt sur image. Les légumes
viennent de Quinsac mais point de navet pour les soucoupes. La
confiance et le doigté font la différence. Titi a du talent ! Le bri fut
limité ainsi que le brie. Nous eûmes en revanche à foison du reblochon
du pays qui est le sien et de la cancoillote. Joel s’intéressa sur le
sujet sans pain et sortit du coup le lien wiki. La cancoillotte est un fromage à pâte fondue principalement fabriqué en Franche-Comté , ainsi qu'en Lorraine et au Luxembourg (où son nom est Kachkéis). Elle est obtenue à partir d'un mélange de metton (lait écrémé caillé) et d'eau, additionné de beurre en fin de préparation. Ce fromage typique de la cuisine franc-comtoise est un fromage (hors produit industriel) maigre, dont le taux de 8 à 12 % de matière grasse vient du beurre ajouté lors de la fonte. La saveur de ce fromage a évolué et deux cancoillottes, dont une au goût plus prononcé, existent. Le vieux4 à défaut de pain garda la patate tambièn !
Une
mousse au chocolat ? Non, une action de grâce. Suave, délicate,
onctueuse, sublime. De mémoire d’homme, jamais mousse ne fut plus
exquise. Il faut toute la délicatesse d’Isa pour offrir un tel bouquet.
Titi se contenta de séparer les blancs d’œufs des jaunes. C’est peu et
c’est beaucoup. Nous étions repus, comblés, heureux.
Pioupiou
entonna son hymne aux chiens. Le Prez l’accompagnait. Une histoire de
derrière. Quant à Pépé, il feuilletait son smartphone de ses doigts lors
que JB lui tenait le crachoir. Pépé est un moderne. Il est à la page.
Il feuilletait les photos de ses Pyrénées.
La
belote de comptoir vit la défaite de Perdigue. Il en demandait beaucoup
trop à sa main étique. Le jeu n’a, parfois, que faire du panache, et
Perdigue se retrouve gros Jean comme devant.
La
nuit daubait la pluie. Plus une goutte. Titi était gai comme un pinson.
Il reprit le chemin de Quinsac en murmurant des vers de Prévert :
« Est-ce qu'on sait ce que c'est qu'un pinson
D'ailleurs il ne s'appelle pas réellement comme ça.
C'est l'homme qui a appelé cet oiseau comme ça
Pinson pinson pinson pinson
Comme c'est curieux les noms »
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