Par Le Barde et Bardibulle
C’était une journée de crachin. Elle s’était
commise avec l’orage au petit matin. Elle eut le bon goût d’interrompre
ses larmes avant que la nuit ne tombe. En sorte que nous pûmes jouer
sans entraves.
L’assemblée
était timide au début. Puis, elle s’étoffa. Même Dudu connut un peu de
retard. Nous étions à peine plus d’une quinzaine. Le jeu fut vif de
chaque côté. Les cannes étaient de sortie et les vieux assuraient.
D’aucuns y verront une logique qui n’y est pas.
Le
bardibule nous gratifia d’un(e) offload de grande classe, lors que
Sergio et Seb régalaient leurs comparses. Dudu réinventait les règles et
le barde regardait le ciel. Chris nous offrit un essai d’ailier en
déposant son poursuivant par sa course. Un essai d’école, de rentrée.
Jean-Phi alternait le geste pur et le coup de folie, trouvant un
équilibre improbable mais réel entre l’un et l’autre.
Le
trou fait débat à l’occasion. Le sujet en rebond de l’en-avant reste
une source intarissable sur le pré comme de loin et à table comme au
bar. L’en-avant peut se faire sans mêlée pour des exceptions qui
dérèglent la règle. Le chapitre freudien s’envole dans l’interprétation
des rêves mais reste très léger concernant l’interprétation de la règle
de l’en avant. En bref, le subjectif appelle l’objectif. La règle n’a
son sens que si les référentiels sont communs. L’en-avant pour ainsi
dire peut-être autorisé si le geste est beau et l’essai dans l’esprit du
jeu, et là encore Dudu restera seul juge, l’expérience oblige ! Et
encore sur ce coup l’anglais comme langue universelle vise l’annale avec
un seul « n » si la sentence ne se veut dans l’international. Certaines
victoires méritent un doigt … Pourquoi s’en priver ? Quand l’en avant
est en décalage d’une course en pointe et que la décélération suce-cité
du receveur induit une parabole dont le X² rend improbable le pro-balle
et seul le support vidéo deviendra l’unique juge ( à défaut de Dudu…
faut suivre) pour approuver le sens du jeu sans ballon et
l’impartialité du maitre huissier dont les origines s’oublient par
toutes ses incertitudes. Bref l’arbitre et le joueur en perdent leur
latin et vis et versa…
Titi est un pinson et pour lui l’en avant ne
mérite pas d’être tatillon. La preuve dans son jeu ou sa percute
catapulte la balle. La question ne peut mettre en doute sa vérité. Son
en-avant parle pour lui, pourquoi être limite sur la règle quand on peut
dézingué celle-ci et autoriser les gros à se coller les oreilles. Il y a
du gros dans Titi. Le pinson a du quaterback et il aime ça. Le centre
est au milieu et son en-avant à 3 ou 4 mètres près pourrait passer
inaperçu. Con se le dise !
Le
maître-queux du soir n’était autre que le maître. Lolo, Prof,
Jacouille, Pioupiou attendaient les leurs en jouant une belote de
comptoir avec Hamilton. Dix-heures avaient sonné depuis belle lurette
lorsque nous nous attablâmes. Pour la plus grande joie de Pépé nous
commençâmes par une soupe où le potimarron se mêlait à la courge. D’où
cette couleur d’un orange pâle dont la courge est exempte. Quelle
onctuosité ! Pépé conversait avec le maître sur les aléas de son
potager. Sa parole est un roman. Point ne lui est besoin de la langue
écrite pour dire sa vie ou celle de ses tomates éplorées.
La
suite se fera en parmentier. L’avocat sur le sujet défend sa sentence.
Le confit est une couche comme une autre et la pomme de terre sera en
appel. Son assise est cruelle et la correction sans suite. Certains ont
cru voir de la purée sous le canard en confiture. La cène mérite sa
plaidoirie. Pour sur le parmentier chez l’avocat est une affaire non
classée côté patate. Le Vieux 4 pleure sa courge. La sentence est faite.
Le mélange est bon !
Le
lancer d’assiettes fut parfait si l’on excepte le prof qui manqua de
peu d’être balafré. Pépé ébrécha sa promise. Vint alors un panel de
fromages. Jamais nous n’eûmes pareille abondance. De la mimolette, du
camembert, du comté, et j’en passe. Un florilège. Le maître s’en tint
là. Pas de dessert. Il y eut bien quelques râles de dépit. Sans plus.
Nous étions repus.
Une
deuxième belote de comptoir se dressa. Elle vit la victoire du Barde et
du Tarbais. Amélie avait la main pauvre. Titi alterna le bon et le
pire. Sergio se démena avec sa main pauvrette. Comme d’ordinaire, des
bonbons à foison nous ramenaient un peu plus vers l’enfance.
Toujours
pas la moindre goutte lorsque nous sortîmes. La pluie menaçait
pourtant. La nuit était douce, une nuit d’automne. Le trou se vida.
Hamilton chevaucha son cycle rouge en sifflant You must believe in
spring. Un vent léger se leva exhumant l’odeur des platanes. Oui, une
nuit d’automne très douce et on les aime.
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