Par le Barde et Bardibulle
Dix, nous étions dix. Pas un de plus, et pas une
goutte de pluie. Tant pis pour ceux qui ne goûtent guère l’humide. Nous
nous repartîmes entre la ligne des 22 et la ligne médiane. Et ce fut
bon. D’autant que des vols de grues paraphaient le ciel gris et nous
étourdissaient de leurs cris. Un soir d’automne qui annonce la venue des
palombes est un soir de rugby.
Le
jeu se faisait en impair et en imper. Le chagrin est ainsi pour
l’équipe qui perd son marqueur à chaque réussite. Doc en automne est
toujours présent. A l’image du Guitou, itou il a su choisir son camp.
« Rien de tel que d’être dans la bonne équipe pour ne pas perdre. ». A
en déjouer tous pronostics, les moins nombreux franchirent plus
facilement la ligne. La constance prie son dard à gnon ! Mousquetaires
de l’escarmouche, même sous la pluie on touche ! Nous eûmes un Barde
alerte, la crinière au vent a une fâcheuse tendance à aveugler
l’adversaire quand il se décide à prendre son trou. Hamilton prit la
pose aussi, et avec ses deux genoux brilla à sa manière avec une passe à
l’aile qui nous rapprocha de Lourdes. L’immatriculé conception ne
craint pas la pluie. Jean Phi en second rideau a un côté « Spitfire »
autour de ses vieux et lourds bombardiers. Vieux ne tient que par
l’expérience. Con se le dise.
Nous eûmes une douche froide. Rien de nouveau en somme. Vivement l’été pour qu’elle chauffe.
C’est
un joli prénom Maxime. Il vient du latin maximus qui signifie "le plus
grand". L’étymologie nous prédestine ; Maxime est né pour être grand.
Maxime, c’est aussi un nom féminin porteur d’un double sens :
- Précepte, principe de conduite, règle morale.
- Proposition, phrase généralement courte, énonçant une vérité morale, une règle d'action, de conduite.
Il
porte bien ces deux définitions Maxou, vous ne trouvez pas. Et la
seconde lui va comme un gant. Pensez à son talent sur le pré. Certes,
certes, il faudrait demander à Seb si nous ne nous éloignons pas trop de
la vérité.
Reste qu’il était en cuisine Maxime.
La cuisine peut être la traduction de ce que l’on est. Et oui, Maxime est grand.
L’entrée
fit ses débuts dans une salade printanière. L’automne comme les
hirondelles fait son printemps. Un mélange de fruits de saisons et de
légumes sans saison. Des crêpes du pays suppléaient aux pains de Pépé.
Avis aux cuistots à venir, le pain sera à la charge du chef de table.
Pépé voyage. Et quand Pépé voyage, les castors ne mangent pas de pain.
C’est bien connu.
Ah
! L’aligot ! Notre aveyronnais nous dispensa le meilleur de son pays,
le meilleur de son être. L'aligot est une spécialité culinaire
traditionnelle originaire de l’Aubrac, à base de purée de pommes de
terre, de tome fraîche. Maxime touillait, lissait sa purée natale sous
nos yeux. Il suait corps et âme. Et le résultat fut grandiose, suave,
onctueux, sublime. Maxime habite son prénom.
« Un repas équilibré ne tient qu’à la présence des aligot-éléments. » Souffla notre Piou Piou en fin diète connaisseur !
Une
saucisse accompagnait l’aligot, ferme. Pépé dont c’était le dernier
repas pour cause de séjour réunionnais savourait. Nous ne le reverrons
que fin janvier. Son petit frère était là, la houppe dressée et le
regard fier. Quel plaisir que de revoir notre Tcho. La conversation
roulait sur France-Galles. Sur la règle. En quoi la règle prête à débats
et n’est pas aussi ferme que l’on croit. Règle du hors-jeu, de
l’en-avant après arrachage de balle, etc. Il faut disputer la règle.
Maxime
déroula à sa manière le thème en fromage. Sa ligne de conduite ne lâche
pas l’idée du jour. Il y aura du fromage pour tous ! Dudu avait proposé
le concept sans le transformer. Il proposa de mémoire du fromage sauf
pour le fromage. La radio irradie et parfois fait son effet. Un essai
sans la transformation c’est comme perdre d’un point en coupe du monde,
ça fout les boules. Puis on se dit qu’il faudra du temps et on passe à
autres choses. Prof élabore une équation pour comprendre l’en -avant qui
se mesure en coude. Toutes défaites ne tiennent qu’en l’homme. Les
histoires sont ainsi, elles se racontent toujours en différence et nous
vieillissent avec le temps. Fromage aux désespoirs, aux fougues
ennemies, n’ai-je tant vécu que pour du Brie. Le rugby tient dans ses
ellipses de belles échappées affectives. De sacrés clins d’œil, de
sacrés pieds de nez qui n’ont que pour ambition de lier notre corps au
hasard du bon vivant. Voie lactée en prime. La constellation du centaure
a raison ! Une seule assiette sera offerte à l’histoire. Un détail pour
vous, mais pour nous ça veut dire beau coude !
La
trame de ce repas, était bel bien le fromage puisque nous eûmes un
cheesecake en dessert. JB appréciait. Peter aussi, bien qu’il ne put
résister à faire profiter du cheese au prof qui ne goûta guère cet élan
pâtissier maculé. On craignit le pire, mais le prof est un sage. Amélie
lorgnait le plat pour ses poules, persuadé que le cheesecake les
comblerait.
Une
belote de comptoir bien sûr. Avec un Seb souverain et un Hamilton de
gala. Dudu aussi était en veine. Quant au barde, sa main était pauvre.
Maxime s’en sortit de justesse. Pas de Jacouille au comptoir. Une belote
sans Jacouille, c’est comme Bouvard sans Pécuchet.
Pas
de gouttes de pluie au sortir du trou. La ville était calme. Nous
allions un pas un peu las. L’aligot infusait nos corps repus. Pas la
moindre étoile. Les grues poursuivaient leur vol. Une belle soirée
d’automne. Pioupiou gazouillait et le Tarbais dansait sur le pavé
mouillé.
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