02 juin 2023

Le cuistot de bouffe : l'oeuvre d'art-tare d'Alex

 Par Le Barde


Les propos de comptoir ont du charme.
Comme nous attendions ceux du pré, accoudés, avec Peyo, Flo et Poulet, nous nous prêtâmes au jeu. D’abord par une phrase définitive qui se suffit à elle-même parce qu’elle dit tout : « Il y a Poulet ». Elle est à l’image de cet incipit de Loin du regretté JB Pontalis : « Il y a les femmes. » La forme brève a du charme. Et Peyo d’ajouter : « Ça dit tout, mais ça Guitou » avant d’ajouter un « Touché Poulet ». Le castor a le goût des mots.

Alex était commis au dîner. La table était garnie jusqu’à ses extrêmes. L’été s’affirmant, il nous gratifia d’un gaspacho fort à propos que le Prez, plus Tom Cruise que jamais, savoura. Seb le taquina de son nez redressé avant que d’y mettre la langue et d’exprimer son contentement.


Il évoqua la possibilité d’un gaspacho à base de haricots. Alex demeura coi. Quoi de plus simple qu’un tartare ! Nous eûmes donc droit à un tartare préparé à souhait, accompagné de pommes dauphine. Christophe jugea bon de le poêler. Il n’aime guère le cru. C’est la vieille distinction de Levi-Straus entre le cru et le cuit chère à notre bardibulle. Il y alla de son explication : « Dans cet ouvrage fondamental, Le cru et le cuit, Lévi-Strauss tente de montrer que les qualités purement sensibles et empiriques comme le cru ou le cuit se laissent articuler en un réseau abstrait de relations, souvent binaires, et qui forment un système. » 
Pioupiou opina du chef et entonna sa chanson monotone. Elle fit un flop.
Le lancer d’assiettes de notre dacquois fut précis, vif et ferme. Las, Christophe laissa choir l’ustensile. En quoi, le cuit, qui l’eut cru, n’est guère propice à l’adresse. Et pourtant. Un camembert bien coulant vint napper nos bouts de pain.


La suite ? Un tourteau serti de glace à la famille et au chocolat. Pour mémoire : Le tourteau fromagé tient son nom de « tourterie » qui signifie « gâteau » en poitevin. Rien à voir avec le crabe éponyme cela va de soi. Amélie appréciait, espérant quelques miettes pour ses poules.

Alors, Dudu mit sous les yeux de l’enfant de notre tendre Jacouille sa carte d’identité. Il avait gagné son pari. Et Pioupiou de donner son dû que Dudu négligea en grand seigneur. Notre béarnais a du cœur. 

Nous restâmes un long moment au comptoir. Il est bon de papoter sous l’œil de notre cher Tayyip. Puis, nous nous glissâmes dans la nuit, la dernière nuit de mai. La saison touche à son terme. Tendre est la nuit de mai.

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