21 novembre 2023

Le cuistot de bouffe: Titi nous rend zinzin

Par le Barde et Bardibulle

                                            


Le pré est une aire de jeu. Ce soir le jeu se fera en nombre. Il y aura du beau monde pour taquiner la gonfle. Dudu éternel s’éprouve dans des règles suprêmes, son décalogue compte en effet un  fameux « Tu ne feras point de sautée si tu ne veux pas être chaussé. » Il est bon de l’entendre rappeler les lois du toucher salvateur. Le jeu du soir ne se fera pas sur la ligne mais bien dans le ciel. J’annonce une Pedro. Pedro pour les intimes est un arrière. Un castor dont le jeu se propose en trois dimensions. Les avants ont une fâcheuse à négliger ce jeu en 3D. La perspective a des limites le nez dans le chagrin ! Refoulement ou abnégation. Freud sur le sujet est encore sur les vidéos de la coupe du monde. Sa pipe ne lâche pas la rewind. Tout inconscient a ses codes cachés. Pour l’aire c’est de la géométrie appliquée. La surface prend dans l’aire lorsque la hauteur s’en mêle. Du coup, à chaque essai suffit son renvoi. C’est là que le hic fait ad hoc. Repassons la scène au ralenti. Le poulpe lui, ne perd pas la balle sur les coups d’envoi… Il est d’usage que le receveur s’annonce à la suite du coup du pied adverse. Nul ne sait où le ballon part. A ce moment précis, le 10 fait X comme cible. L’idée est de trouver la faille adverse. Celle qui pourrait donner un avantage ou bien donner un avantage. La technique est reine et le hasard son roi. Bref le ballon haut fait débat ! Les annonces se font au gré des placements. Et ce soir le mieux placé c’est notre Pedro. Son jeu de 15 se ressent. Le castor a du recul. L’annonce vient à point. Un « J’ai » prend place qui donne du doute aux doutes. Il est sûr qu’il aura. Cela mérite un second ralenti vidéo qui sur le feu de l’action fait presque un arrêt sur image. L’ensemble est magique. La réception certaine, sure, engagée, anticipant la course d’une remontada si chère à tout rêveur d’excellence. Le beau est bien dans l’action. Dommage qu’il ne manquât l’ovale pour se vivre dans l’extase. Cela put être un simple détail comme un autre. Mais notre Pedro n’est point avare dans cet art de la réception manquée. Pour ceux qui auront raté la scène, l’ouvreur d’en face fait quine pour ne pas dire carton plein à chaque renvoi. Une réception manquée est un renvoi réussi. Con se le dise !

Pedro fut pris pour cible et ne put trouver grâce à de tels engagements. Le jeu se prêta aux essais au grand dam du receveur. Un avantage certain si vous suivez bien ! Le Prez prend des notes à défaut de JB sur la touche. « Pensez à prendre des moufles pour Pedro, l’hiver est proche ! ». Fayouze a donné ses directives, la relève se travaille tous les mardis. Le tarbais dans sa constance. Le jeu fut dans l’équilibre. Musard a réparé sa chaufferie. La douche en douceur de saison. Direction le trou c’est un pinson en cuisine !

C’est vrai que Titi est un gamin déluré et malicieux. Il porte merveilleusement bien son surnom. Il n’a rien d’un petit canari jaune vivant dans une cage dorée. Ses racines en Côte d’Or ont-elles joué pour le nantir de son sobriquet ? Non, ce serait incongru, déplacé. S’il relève d’une comparaison ornithologique, le pinson est de mise. Notre Titi est gai, son sourire en témoigne. Le barde a opté pour ce passereau au chant incomparable. Foin des canaris et vive les pinsons.

Notre Titi ne déroge jamais à la tradition. Son tour de bouffe respecte quelques fondamentaux. Ainsi, le Lou Gascoun est-il toujours de mise en entrée, de même que le cancoyotte tient lieu de fromage. Bien entendu, la patte de Mamie Zinzin transparaît dans ses autres offrandes. 

Le velouté de potimarron étrennait la partition de notre pinson. Il y avait incontestablement du Mamie Zinzin dans ce breuvage suave. La petite pointe de gingembre, dont la rime avec membre sauta aux yeux d’Amélie, était la bienvenue. Titi apportait sa touche avec son Lou Gascoun.

Titi est un pinson. Le poids est un don et ses lasagnes un délicat supplice aux intentions de tenir la ligne. Confondre son jeu mérite bien son oxymore d’une lourde légèreté. Notre centre est en effet au milieu de toutes choses. Pour le pinson son art se prête toujours au solide. La cuisson dans le lourd fut légère. Piou en mode adorateur de la fameuse cuillère, l’énonce à tous juges discrets. Les lasagnes sont pourtant un éloge aux mélanges. L’amour du fait maison se branle de la température glisse Louis en relève de médecine douce. Rajoutant que la réchauffe du cœur ne se mesure pas en Celsius mais juste en calorie. Le kiné est poète quand le muscle se veut estomac. Platon lui tombe tant le piège d’une nouvelle assiette. Les saveurs elles naviguent entre une romance italienne et une solidité bourguignonne. 

Le lancer d’assiettes ne souffrit d’aucunes tares. Pas un débris ne joncha le carreau du trou. Le fromage vint en cancoillotte. Il est à Titi, ce que la confiture est à tant d’autres enfants. Notre petit dijonnais se délectait, chaque matin, de ce fromage crémeux à souhait. Les jeunes castors le découvraient. Les plus anciens se repaissaient de cette vieille coutume.


Le dessert devait beaucoup à la tendre Isa. Un crumble de poires et de pommes , parfumé à la cannelle. Un délice dont nos deux Prez, l’ancien et le le nouveau, se délectaient. Titi souriait d’aise.


 Notre pinson rentra à Quinsac tout sourire. Il jetait de temps à autre un regard à la lune si blanche, répétant sans se lasser le poème éponyme de Verlaine :
 « La lune blanche
 Luit dans les bois ;
 De chaque branche
 Part une voix
 Sous la ramée… 

 Ô bien-aimée. 

L’étang reflète,
Profond miroir, 
La silhouette
Du saule noir
Où le vent pleure…

Rêvons, c’est l’heure.

Un vaste et tendre
Apaisement
Semble descendre
Du firmament
Que l’astre irise… 

C’est l’heure exquise. »



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