Je ne pouvais pas me déroberJe vous l'avais dit qu'il allait y en avoir d'autres !
Car aux âmes bien nées la longueur n’attend pas le nombre des années. Voilà ce qu’entendit le général lorsqu’il fut porté sur les fonds baptismaux. Il était long le général, si long déjà. Et pourtant, s’il en est un qui ne s’étend pas sur ses vertus, c’est bien lui. Mais sa longueur lui colle à la peau. Si bien que l’armée, sa tendre et chère armée lui accorda trois pattes (rien à voir avec les canards car quiconque comparerait le général à un canard est un imposteur !) en lieu et place des trois étoiles. Le général à trois pattes, il ne pouvait y en avoir qu’un seul : le nôtre. Comprenne qui pourra mais c’est ainsi ; les vraies insignes ne se portent pas en bandoulière.
Il nous manqua à Pau le samedi 31 octobre le général. Jamais nous n’eûmes subi un tel affront s’il avait été parmi nous, haranguant ses petits, et, placé au cœur de la meute, leur demandant de passer outre leurs faiblesses passagères pour franchir l’Arcole de leur découragement. Je l’imagine hurlant sur le bord de la touche : « Putains tu la donnes ta gonfle bordel ! » , « C’est quoi ces plaquages de tarlouse ! », « Qu’est-ce qui branle ce con, il va l’attraper ce gros enculé qui le perfore à chaque voyage ! » … Mais il n’était pas là, et les hordes paloises déferlèrent, déferlèrent. Nous ne l’avons pas entendu hurler : « Allez mes castors, ralliez-vous à mon panache long ! ». Chez le général, même le panache est long.
Par une cruelle ironie, il n’était qu’une quinzaine à festoyer auprès de lui ce mardi d’après Pau. Mais ils se mirent à plusieurs à lui déclamer leur fidélité inébranlable. Je le devine pleurant à longues et chaudes larmes devant la prose de ses petits. Oui, les généraux pleurent ; ce sont des sentimentaux, des vrais. Pas des pleurnicheurs à la sauvette, des handicapés du cœur. Oui, les généraux ont du cœur. Et le général, il a un coeur long comme ça. C’est un tendre ; il sait les vanités du dur. N’allez pas en déduire que c’est un mou ; non, le général est d’une vigueur à toute épreuve et la tendresse chez lui n’est jamais flasque, lâche, mollassonne.
J’ai bonne mine à me répandre de la sorte moi qui n’était pas là pour partager le repas de mon compagnon de chambrée lors de nos conquêtes britanniques et marocaines. Mais comment aurai-je pu rester muet ? Il fallait bien que j’en rajoute après tous les apprentis bloggers à qui il faudra, tôt ou tard, passer la main. Comme tu le fis en confiant à Tom et Arnaud nos destinées sportives.
Sache mon admiration éperdue.
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