25 novembre 2009

Le cuistot de la semaine, la paire quand il y en a deux

Par Le Barde


C’était une nuit de pleine lune. On avait beau faire et beau dire, rien n’allait et chacun y allait de son courroux. Les ballons tombaient comme des mouches et tout ce petit monde ânonnait ses règles sur son chapelet de faussaire. Musard n’était plus que râles, colères, cris d’orfraie. De temps à autre, un coup d’éclat illuminait les ténèbres. En vain. « N’est-ce pas la Sagesse qui appelle ? et l’intelligence qui donne de la voix ? » est-il écrit dans la Bible (Proverbe 8). Mais nulle voix pour ramener les brebis égarées à la raison. Gwen traînait ses hors-jeux comme une âme en peine, les replis défensifs de Kiki s’éternisaient, Dudu, oui Dudu, laissait échapper la gonfle, Titi et Amélie aussi. La piballe n’en pouvait mais, assommé et meurtri, lui l’homme aux gestes si purs. Et Léo levait les mains au ciel, implorant un dieu qui ne l’entendait pas. La pression montait et l’inévitable se produisit. Le Malin était parmi nous et fit feu de tout bois. Des noms d’oiseaux fusèrent. Peyo était en larmes, Walid en appelait à la vierge, le Toulousain contrit y allait de son boudu con, boudu con. Las, le Rubicon était franchi. N’attendez pas de moi que j’en dise davantage ; mon cœur est brisé, déchiré, en lambeaux. Mes castors, que reviennent la lumière et la bonne parole : « Un souci dans le cœur de l’homme le déprime, mais une bonne parole le réjouit. » (Proverbe 12). Il n’est que trop temps d’écrire nos règles pour que nous puissions enfin nous ébattre dans la clarté de la loi. Nous nous y engageons pour l’assemblée générale du 15 décembre. Et que la miséricorde soit !

Au trou pourtant, l’humeur n’était pas chagrine. Arnaud et Toto faisaient la paire pour servir leurs semblables. Au grand dam de Loulou qui préfère l’un à la paire et exhorta ses petits à respecter la tradition. Mais force est de constater que la paire fut bonne. D’abord parce qu’elle contenta le désir de salade du bloger qui n’en finissait pas de déglutir de la verdure. Et c’est à peine s’il daigna accorder au pain de fromage qui la justifiait la mansuétude dont il était redevable. Le mufle ! Il faut le voir notre libanais s’empiffrer de salade comme d’autres de calembredaines. Walid, c’est un ruminant et de la plus belle espèce. Le premier vin était argentin. Toto a la nostalgie du pays du tango, de Borges et des gauchos. Un vin chaleureux avec ses 14,5°. Nous eûmes droit ensuite à un bon vieux rôti de bœuf des capus. La chose est assez rare pour être soulignée. Pourquoi le bœuf est-il si rare au trou à la différence du cochon ? Pourquoi un tel mépris envers ce mammifère artiodactyle ruminant domestique ? Je ne me l’explique pas. Quant aux tubercules comestibles d’une solanée, elles furent proposées avec une sauce classique que Parmentier n’aurait pas reniée : crème fraîche et ciboulette. Le tout accompagné d’un Saint-Georges de haute tenue. Nos deux petits assuraient, rassuraient après les affres de Musard. Côté fromage, l’incongru tenait aux grappes de raisin qui recouvraient un Brie coulant à souhait. D’aucuns sont familiers de ces incongruités. Il n’y eut pas la moindre réticence. L’incongru ne répugne pas aux castors. Enfin vint le temps du chocolat. Mais que venait faire les crèmes anglaise et Chantilly ? Le gâteau au chocolat ne souffre que lui-même ; l’intrus l’indispose. Et puis, What else répandit les bienfaits de son noir comme les prophètes la parole du seigneur. Que What else soit béni entre tous les castors pour sa fidélité ! « L’homme véridique subsiste à jamais. » (Proverbe 12)

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