Par Le Barde (disco-photo par Titi)
C’était la reprise, mardi soir à Musard, sous un froid de saison. On oublie dans notre paisible Gironde que l’hiver s’entiche parfois d’un ciel gris et s’acoquine avec des températures répugnant à franchir la barre fatidique du zéro. Le ciel était donc promis à une neige qui ne tomba qu’à l’aube. Les doigts gourds, la course raide, une vingtaine de castors s’en donnèrent à cœur joie emmenés par un Guitou plus fringant que jamais. De guerre lasse, il dut cependant laisser ses compagnons de jeu à eux-mêmes victime d’un mollet récalcitrant. Guitou, il ne se remet pas de la fin de l’été sur la plage ; et ce temps de misère ne pouvait que lui chercher des noises. C’est un azuréen dans l’âme notre crooner.
Le ballon ne chut sur le sol qu’à de rares reprises. C’est dire la maîtrise de ceux qui taquinaient la gonfle. Y compris Miguel qui, affublés de gants, offrit d’incomparables passes à ses comparses. Mais force est de constater que Walid les supplanta tous, offrant ses cannes de feu, que les chemins escarpés des montagnes de l'Aude ont su régénérer, aux bras orphelins, transis de froid, de ceux qui tentaient de l’effleurer. La Piballe, admiratif, et toujours hors-jeu ne devait qu’à son admiration de rester planté dans le camp adverse. C’est un contemplatif la Piballe. On notera enfin que les nouvelles règles ne furent pas vraiment respectées. Tonton avait raison, il faut laisser du temps au temps.
Au trou, Croucrou nous accueillait. Il est en pleine forme notre plâtrier céleste, notre dénicheur de béchigue, notre tarentule des mauls. Ses bras, il sait aussi les utiliser pour mitonner de bons petits plats d’hiver. Quelle soupe, oui quelle soupe en entrée ! Croucrou, il sait jouer avec la météo et réchauffer ses frères. Les castors lapaient comme jamais, la soupe ruisselait qui sur leurs peaux glabres, qui sur leurs barbes, qui sur leurs poils en pointillés. Les castors lapaient comme les rejetons de Marie Marquet dans La vie de château. Et ça faisait de grands slurps, ça faisait de grands slurps. Sauf Guitou qui poussait son éternelle chansonnette.
Le plat principal était charnu, dense, inépuisable. Un hachis parmentier mais avec du confit de canard. Un régal ! Rien ne vaut la simplicité. Toute la grandeur de Croucrou elle est là : la simplicité ; c’est elle qui commet les œuvres les plus belles. Et les castors se gavèrent comme des oies pour faire la nique au canard. Leurs panses recevaient comme autant d’offrandes divines les chairs en mèches du confit et les tubercules comestibles des solanées. Les vieux étaient aux anges. Au lancer d’assiette, Zeille conjugua l’efficace à l’esthétique. Mieux, il y ajouta une pointe de vitesse qui en surprit quelques-uns. Zeille, il a des bras, ce n’est pas une découverte !
Alors le fromage vint : un bleu de quelque part et un roblochon avec un petit carré de beurre. Et le Tiens voilà du bon fromage retentit. C’est notre cantate à nous, notre choral et Dieu qu’elle a de la classe. Et, tout en délicatesse, un assortiment de pâtisserie nous fut servi sur des plateaux d’argent. Tous les goûts sont dans la nature et Croucrou respecta la délicatesse de chacun. Mieux de beaux pruneaux complotant dans une eau de vie achevèrent de nous combler lors que What Else dispensait son café.
En vérité je vous le dis, nul n’était mieux désigné que la deuxième des grâces pour honorer la décade naissante. Ah ! Croucrou, tu nous as déjà fait entrer dans l’éternité et je te bénis.
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