19 mai 2011

Le cuistot de la semaine, l'honneur sauf

Par Le Blogueur


Chers amis, l'heure est grave. Vous avez tous suivi l'actualité et vous tous étiez sidérés par ces images insupportables qui tournent en boucle et par l'incroyable nouvelle qui secoue le monde depuis quelques jours. Une nouvelle retentissante, après Fukushima, après l'élimination de Ben Laden, voilà que l'année 2011 nous réserve encore des surprises qui n'ont pas fini de secouer la planète. Encore un événement d'une rare violence qui vient s'ajouter à cette longue liste, un événement qui vient perturber la paisible humanité dont on partage l'inexorable destinée vers l'abîme, une sorte de jugement dernier se prépare, une fin du monde annoncée depuis fort longtemps par les Aztèques... Comme s'il en fallait encore, l'inévitable est arrivé : une mystérieuse vague d'explosions de pastèques sévit en Chine. Vous pouvez en savoir plus sur ce lien, attention âmes sensibles s'abstenir.
Si les Aztèques n'ont pas vu venir la catastrophe des pastèques, l'humanité aura-t-elle les ressources pour faire face à cette nouvelle catastrophe ? En tout cas, nos vaillants castors ont montré le chemin de l'abnégation et de la persévérance ; ils ont montré au monde comment surmonter l'intrusion de la morue à Musard.
La première troupe des castors héroïques fut conduite par Kiki. En meneur d'hommes, le Kiki est parti à la conquête d'un vestiaire avec trois volontaires arrivés les premiers en éclaireurs. Avec une telle volonté, il fallait viser gros. Le vestiaire des arbitres a vite cédé à l'assaut. Le campement était assuré.
La deuxième troupe s'est dispersée pour repérer les terrains. L'habituellement dédié était envahi par les tentes de l'occupant sur la partie droite et sur la gauche un espace dégagé sur lequel le toit d'un chapiteau attendait d'être surélevé. Le terrain du fond était interdit pour cause de récent ensemencage. Le terrain d'honneur était en arrosage.
Un premier camp d'entrainement fut donc établi à l'endroit du chapiteau. Kiki, encore et toujours, mit en place un commando pour déplacer le toit. Dix homme et un cerveau suffisent à l'opération. Pascal, notre Navy Seal, était de ceux-là. Dudu découvrit ce que l'intelligence collective voulait dire.
Mais les castors furent très vite à l'étroit sur le tiers d'un terrain. L'Avocat a vite donner au jeu des dimensions aériennes où les espaces manquaient. De sautée en sautée, les tantes (et non pas les tentes) devinrent des conquérants et l'appel du large leur donna des ailes. Et comme à l'aile, la vie est belle ; le président, avec tous les défauts de sa jeunesse devenus sur le coup des étincelles de génie, appela sa trentaine d'hommes et leur fixa pour mission le terrain d'honneur, mouillée comme une femme-fontaine mais à l'abri de l'arrosage. Le président saura qu'un terrain mouillé mouille le ballon, et qu'un ballon mouillé ne se laisse pas attraper facilement. Mais le président s'en fout, il veut voir gambader ses hommes sur des plaines vertes et jouir en conséquence. Et pour le faire jouir, Toto, Peyo et Dudu s'y employèrent avec des chevauchées fantastiques. Le Barde au trou n'avait pas choisi son jour.
L'arrivée des hommes, revenus de leurs efforts, se fît tardive. Les sages en bout de table avaient déjà saucé leurs assiettes plusieurs fois d'une délicieuse salade de mâches, de tomates cerises, de feta, d'olives et de melon. Tout l'art du Barde était là, la fraîcheur, la subtilité et l'heureux mariage des bons goûts.
Sans aucun doute, Le Barde en impose. Avec ses trois lettres, "EDG" sonne comme l'annonce d'un client VIP dans les plus prestigieux des Sofitel. Le Barde est un personnage de littérature, non seulement celui qui la fait mais aussi celui qui peut l'être. Il est aussi cinématographique, non pas pour son immense culture, mais pour l'envie qu'il donne à le suivre 24h/24 avec une caméra. Une sorte de personnage central qui suffirait à une histoire comme Jean Rochefort suffit dans Le Mari de la Coiffeuse ou Clint Eastwood dans Gran Torino. Voilà, Le Barde c'est ça, un mélange de Rochefort/Eastwood, un mélange de chaud/froid, de salé/sucré, de feta/melon.
Mais Le Barde saura surprendre toujours et subjuguer le plus renfrogné de nous tous. Sa volaille, troussée comme on trousse une domestique et cuisinée à la noix de coco, en est l'ultime preuve s'il en faut. En deux coups de cuiller à pot, il marie les opposés comme des évidences. C'est là le réflexe le plus habile quand on est nourri d'autant de savoir et de culture. Non, Le Barde n'étale pas sa culture car elle est immense. Le Barde est une culture à lui tout seul, une civilisation condensée dans un homme, qui le remplit et le déborde de tous les orifices, même les plus capillaires.
On prendra soin d'éviter le chapitre rugby tant les mots manquent et tant certains restent à inventer. On espère juste vivre assez longtemps pour expliquer à nos petits-enfants l'origine du verbe "desgaretiser l'adversaire" qui servira à décrire, dans le futur, une prise d'intervalle en tortillant du cul et en agitant le crâne pour remettre une mèche à sa place, tout en laissant le défenseur adverse coi. Le dictionnaire s'enrichira aussi d'une ligne de plus dans la définition "barde" :
- Une barde, nf. Geste proche de la nonchalance, esquissé par le poignet, laissant penser que les os du carpe sont liquifiés au point de prodiguer au mouvement la fluidité aquatique d'une nageoire latérale d'un calamar. Se dit d'une passe au rugby, mais s'emploie également dans le lancer d'une boule de pétanque ou d'une assiette.
C'est donc avec une barde que les assiettes furent lancées et le fromage aussi. Celui qui a raté son assiette ne peut en vouloir qu'à lui-même tant il est quasiment impossible de supposer un mauvais lancer. Il y aura des fraises pour tout le monde, même s'il a fallu déballer les paquets.
Tout ce que l'on pouvait espérer est que la soirée s'éternise. Les rumeurs courent que l'année prochaine, à la même époque, nous serons privé du Barde : le cinéphile barbu présentera son film « La Quéquête » au festival de Khan.

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