15 mars 2012

Le cuistot de la semaine pose un lapin

Par Le Barde


C'est le printemps. Des grappes infinies de castors s'éparpillaient sur Musard. La multitude n'est pas propice au toucher en sorte que le jeu s'en ressentit. Il y avait deux petits nouveaux qui gambadaient allègrement sous l'œil attendri de Lolo. De la bonne graine. Couvons-la. Mais le plus alerte, c'était Zeille. Lui, il se branle de la multitude, il est toujours tel qu'en lui-même. L’éternité ne le changera pas. Quant à Amélie, il prêchait, à juste titre, l’esprit du jeu contre ceux qui abusent de positions qui, pour ne pas être hors-jeu, n’en sont pas moins insupportables. Gwen en prit pour son grade. Depuis son interception contre les vieilles grappes, il frétille dans la ligne. Et ça gonfle Amélie.

Au trou, nous étions beaucoup plus nombreux que samedi soir. Tant mieux et tant pis (pour samedi). C'est Donatien qui régalait. Et il régala bien. Donatien, c'est un sensible. Il goûte tout autant les paysages inattendus et superbes que la multitude (encore elle) délaisse et les rencontres que l'on dit belles parce qu'elles sont tout simplement humaines et sans chichis. Un poète Donatien, et de la meilleure espèce. Toutes choses qui se retrouvent dans sa salade. Une salade qui mêle endives, fenouil, et j'en passe. Une salade délicate avec des éléments ordinaires. Le propre d'un poète. Donner un goût plus pur aux mets de la tribu. Il est mallarméen Don.

Il n'y a pas que Diane qui soit chasseresse. Don l'est aussi. C'est ainsi qu'il fit un lapin. Le Lapin de Don est un don de Dieu. Dieu, il est vrai, n'aime rien tant que les lapins. C'est pour cela que croire est si difficile. Dieu n’est pas toujours où on l’attend. Parfois, on l’attend à perpette. Dieu est un poseur de lapins. Sauf pour ceux qui savent l’attraper. Le lapin, comme Dieu, n’est rien sans sa sauce. C'est comme La recherche sans Marcel, les Evangiles sans Saint-Mathieu (pour les Béatitudes : 5, 3-12), Pipiou sans son graton. Ainsi, Don conçu une sauce, une sauce merveilleuse et légère, dans laquelle chacun trempa son petit bout de pain, comme Marcel trempait sa petite madeleine dans le thé. Alors Kiki dit, cette sauce me rappelle quelque chose. J’étais enfant et j’allais embrasser ma petite cousine dans la maison de ma grand-mère…

Question fromage, Don s'en tint à l'unique. L'unique avait assez de diamètre pour satisfaire tout un chacun. Puis, il y eut un bon vieux gâteau au chocolat en guise de conclusion. Croustillant et tendre. Faute de Jacky, le Toulousain fit le café. Le Toulousain sait faire du bon café. La soirée touchait à sa fin. N’était la dizaine de castors qui s'attardèrent au bar en écoutant ACDC puis des chansons enfantines. Il y a un évident changement générationnel aux archis. La jeunesse a pris le pouvoir. Il est temps que la vieille garde rééquilibre la musique du comptoir. Car pour tout vous dire ACDC, ça me les gonfle. On aurait dit qu’ils chantaient le père Abraham.

Une nuit étoilée attendait les derniers attardés.

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