03 mai 2012

Les bâtisseurs plus forts que les ruines

Par Le Blogueur (citation de l'Académie française dénichée par Le Barde)

Le rendez-vous à Gradignan le jeudi du match contre Les Ruines (ça remonte à tellement loin que je ne me souviens plus quel jour c'était) a répondu à toutes nos attentes et a été à la hauteur de tous nos espoirs. On peut même ajouter qu'il a répondu à tous nos espoirs et a été à la hauteur de nos attentes. Au fond, il a été un match référence qui servira de référence. En même temps, ce match était attendu pour répondre à toutes les interrogations qu'on s'était posées et les questions qu'on s'était demandées.
Il faut dire aussi qu'on avait perdu le chemin de la victoire depuis belle levrette, à ne pas confondre avec la levrette qui est la femelle du lièvre.
Pour une grande équipe, surtout dans l'âge de chacun, la défaite ne pouvait pas durer. Il fallait montrer des choses et pas des promesses, il fallait faire comme les grandes équipes qui savent se retrouver et répondre présent aux grands rendez-vous, sauf celles qui se trompent d'adresse. Ceux qui ne connaissent pas l'adresse n'étaient pas là, ceux qui ne connaissent pas la maladresse étaient là : 27 selon les organisateurs, 20 selon la police.
Comme toutes les grandes équipes, on s'est parlé dans les vestiaires. C'est bien connu, quand les grandes équipes se parlent dans les vestiaires elles ont toutes les chances de gagner. Celles qui perdent, sont celles qui ne se parlent pas dans les vestiaires, qui se font la gueule ou qui n'ont rien à se dire.
Alors, nous, on s'est parlé. On s'est regardé dans le blanc des œufs et on s'est dit des choses. D'abord, on a fait comme les tomates, on s'est concentré. Ensuite, avec des mots simples, des mots que le dico n'en veut plus pour faire de la place à d'autres mots plus importants, on s'est dit nos quatre vérités, sans sentiments, parce qu'avec les sentiments, Popol ne se lève pas. Et c'est justement là qu'il s'est levé, Gwen, le capitaine (le capitaine de l'équipe pas le capitaine de soirée, tu rigoles !?). Gwen était le capitaine parce qu'il fallait un capitaine intellectuellement intelligent et on a décidé que c'était lui. Alors Gwen s'est levé comme un seul homme.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé que la dernière défaite était la goutte d'eau qui fait déborder le gaz.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé que l'amour du ballon ovale était l'origine de notre cercle et que l'ovale est un cercle presque rond mais quand même pas.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé qu'on était un groupe, qu'on avait le rugby dans le sang, qu'on était donc un groupe sanguin.
Avec ses mots simples, il nous a rappelé qu'au rugby il y a qu'une seule possibilité : gagner, perdre, ou faire un match nul.
Il a ensuite pris le huit de devant à huis-clos, et toujours avec ses mots simples, il nous a dit : « Bière ? » Tous en chœur et la bouche en cœur, nous avons répondu oui, un cri qui vient du slip.

Sur le pré, les castors s'appelaient Pioupiou, Douanier, Yann Bilboa, Gwen, Zeille, Perdigue, Dominique, Miguel, Douanier, La piballe, Le Tarbais, Titi, Campese, Tom, Arnaud, Donatien, Peyo, Roumeg, Moi et... gâteau sur la cerise, Seb, le gars de l'école de rugby de Bègles qui a la gueule d'un avant et le cerveau d'un arrière. Sans oublier Pardon, si j'ai un blanc de mémoire et que j'ai oublié quelqu'un.
Dans les tribunes, Loulou faisait la lecture à Jacqouille d'un extrait du Livre des métaphores - Essai sur la mémoire de la langue français, de Marc Fumaroli, de l'Académie française :
Piou-piou : Ce nom tombé en désuétude d’un « homme du rang », du « contingent », d’un « bidasse », d’un « troufion », avait été mis en circulation par Antoine Verner dans Le Pioupiou, ou la Gloire et l’Amour, comédie en deux actes mêlée de couplets jouée en 1838 au Théâtre du Palais-Royal. Rimbaud lui-même fait écho à cette dénomination « pioupiesque » (qui rime avec soldatesque) dans son poème Le Cœur supplicié.
Le 20 juin 1907, les soldats du 17e régiment d’infanterie en garnison à Agde se mutinent et prennent le chemin de Béziers où ils fraternisent avec la population. Gaston Montéhus chante alors sa fameuse chanson Gloire au 17e, où les « pioupious » apparaissent au refrain : « Salut, salut à vous / Braves soldats du Dix-Septième/Salut braves pioupious/Chacun vous admire et vous aime/Salut, salut à vous/A votre geste magnifique/Vous auriez en tirant sur nous/Assassiné la République. »
Comme en amour, Gwen est rentré dans le match sans préliminaires. Comme en amour, Zeille est rentré dans le match avec préliminaires. Si en amour, les préliminaires de Zeille consistent à enlever le pantalon (cf. Têtu spécial Tournée des Archiball en Argentine), dans le match il a enlevé le cerveau (cf. le magnifique bouchon mis au 8 d'en face qui va le faire vieillir tranquillement dans une cave pour quelques années).
Devant, on était beaux comme des camions. Les clefs des poids lourds étaient dans les mains de La Piballe pour la première mi temps. La paire La Piballe / Le Tarbais fonctionnait aussi bien qu'un Gigot / Flageolet. Plus loin, face à son cochon de vis à vis, Jean-Pierre au centre était sacrifié comme la pucelle d'Orléans. Le castor d'or lui revient comme le bucher revient à Jeanne d'Arc. Il a frit, il a tout compris : le haut débit sur les ailes prolongeait ses passes jusqu'à l'essai. Toto, Arnaud et Don prenaient les "intervaux" et gambadaient comme des poulets élevés en liberté.
En deuxième mi-temps, Donatien passe à la mêlée. On réduit le poids du sauteur en touche de moitié et c'est Perdigue qui se fait gicler dans les airs. La troisième ligne est au beau fixe. Titi remplace Jean-Pierre et passe à la vitesse solex. A cinquante ans, si t'as pas un solex, tu as tout raté. Nous, on a rien raté du tout. Les arrières confectionnaient toujours les valises sans poignée et la vie est belle la balle à l'aile. Le chapitre est clôt avec 6 essais pour nous à 2 pas pour nous.

Quelques haies sans Brigitte et tout le monde se pressent sous la douche. On dit que le monde appartient à ceux qui se lavent tôt, mais que serait le monde sans bière. Tournée générale sous l'eau. La bière est servie sous la douche. On s'est dépêchait de la boire avant d'être saouls.

1 commentaire:

Martinet a dit…

Beau texte épique comme d'habit' mais je trouve, cher blogger, que tu abuses de l'anaphore. Si j'en crois mes éléments de langage, il s'agirait en effet d'une formule lourde.