01 juin 2012

Le cuistot de la semaine, l'ostréiculeur

Par Le Blogueur


« Ha ! Quel bordel. Si j'avais su, me disait-il, si j'avais su ! » Si tu avais su, tu n'aurais rien changé mon Guitou. « Si c'était moi... ». Non plus mon Guitou, si c'était toi, tu n'aurais rien fait. « Un grand joueur comme moi... ». Non plus mon Guitou, non plus. Un grand joueur ou un petit, au rugby, c'est pareil. Tu le sais. Tout le monde a sa place. S'il y a bien un sport fait pour tout le monde, c'est bien le rugby. Les grands et les petits, les gros et les fins, les blonds et les rouquins, les bruns et les poilus... tout le monde peut jouer au rugby (c'est en tout cas ce que je croyais jusqu'à ce que je rentre aux Archiball). « Oui mais moi, avec le corps que j'ai... » Mon Guitou, avec ou sans le corps que tu as, les terrains sont interdits. Celui du fond comme celui de droite, et même celui d'honneur où l'on ne tombera jamais comme sur un champs. Alors, prends ton sac et viens avec nous. On trouvera bien quelques brins de gazons à brouter à la plaine.
Nous voilà partis sillonner Bègles à la recherche de la plaine. Une escadrille de scoots est partie ouvrir la route ; Léonard avec sa réédition vintage, Titi avec son tricycle et moi sur ma tondeuse. Jean-Phi a mendié un casque pour vivre son quart d'heure de Bad boy sur un deux roues, il a fini sur le trois roues de Titi.     
Pour ceux qui ne le savent pas, la plaine des sports de Bègles est coincée entre la plage et l'autoroute. Et j'ai bien peur que certains que l'on a plus vu de la soirée se soient retrouvés, sur ces indications, au stade Vélodrome.
Sur la plaine des sports, l'herbe est verte comme nulle part ailleurs. Le terrain a de drôles d'en-buts qui sont faits de filets d'écrevisses. Mais ce coucher de soleil entre les immeubles avec vue sur la rocade nous a suffi pour faire une partie endiablée de rugby à toucher. Quelques jeunes en manque de clubs en cette fin de saison sont venus "pimenter le jeu" (l'expression est du président, lui aussi en manque de club mais ça n'a rien à voir avec la fin de saison.) Et à en croire ceux qui l'ont dit, c'est le réseau Florian. Étonnant comment ces jeunes se multiplient alors qu'ils ne se reproduisent pas en vrai. Il y avait donc du 25, du 27, du 28 et du 28 ans et 1/2. Bandant non ? Je parie que Kiki les aurait reconnus à l'odeur du slip.
Bref, quelques 50 remontées du terrain et autant de redescentes, sans oublier les 350 piqûres de moustiques (il y a la plage à côté on vous dit !), l'éclairage naturel baisse d'intensité. Les douches sont à 90 °C et les vestiaires de série change du luxe Top 14. Guitou a pleuré un bon coup choqué par autant de misère sur terre. L'endroit s'est vite transformé en étuve à raviolis vapeur. On a beau se sécher mais rien n'y fait, on refait son eau comme une huître. Prémonitoire !

Au trou, il y a Kiki. Un Kiki dans un trou, c'est un fantasme de jeunesse. De ce fantasme, beaucoup d'Archiball et non Archiball sont venus débattre. L'assemblée était fournie comme une grappe de moules sur un pieu. Là où y a Kiki, y a forcément une petite odeur de marée, une odeur du Bassin. Je ne parle pas d'anatomie, je parle du bassin d'Arcachon. Kiki est notre vahiné des sables, notre pin tortueux des grandes dunes, notre courlis du banc d'Arguin. Alors vous pensez bien qu'entre quatre murs en sous-sol, Kiki fait office de soleil. Au coucher, il est magnifique.
Un peu partout, Kiki dispose ses huîtres avec un air d'entretenir ses parcs. Des huîtres taille 2 (à vue d'œil), charnues et bien pleines. Il y avait plus de douzaines que de bouches à nourrir. Et comme d'habitude, les huîtres remportent un succès incontestable. Elles ont mis tout le monde d'accord et tout le monde à table.
Du brouhaha, on est passé à slurrrrp et chlupsssss. Selon si on porte l'huître à la bouche avec une fourchette ou si on porte l'huître dans sa coquille pour la gober.
A marée basse, Kiki a prévu le vin blanc sec et le rosé. Le tableau estival est complet. J'ai bien fait de venir en short.
A table, les coquilles s'entassent dans les assiettes et dans les saladiers. Les plateaux sont même pas vides que tous déclarent forfait. Sauf un ! Dudu. Dudu la dorade. Dudu le bigorneau perceur, le légendaire prédateur de la Crassostrea gigas a décidé d'achever l'introduction de l'huître au trou et de prendre à son compte la disparition du mollusque marin bivalve. Il est comme ça Dudu, ne lui mettez pas un bivalve sous le nez, ça le rend fou.
Toujours sur le thème marin, Kiki porte les petits plats de paella. Là, on s'est dit que Dudu allait être aux anges. Dudu, le roi de la paella, ne bronche pas. Avec une tête de chapeau chinois, il ne décolle pas des dernières huîtres restées sur la table. C'est plus treize à la douzaine, c'est dix douzaines à la douzaine.
Viennent ensuite le fromage et le dessert et le café et le cigare et l'armagnac. L'un après l'autre. Le fromage à la hauteur du reste. Le dessert abondant et variée. Le café fait par Jacky ne se discute plus. Le cigare au tirage facile. L'armagnac concentré de saveurs. C'est là toute la patte à Kiki.

Un dernier mot pour la photo. Autant vous dire que devant la grande difficulté de sélection parmi toutes celles qui ont été prises, la planche contact s'est imposée. Même s'il y en a qu'un, Kiki est multiple (Tiens, me voilà possédé par le Barde !).
Allez, je tape Enter. Le blog est fait. Je ferme ma valoche et direction Biarritz. Agur !

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