06 février 2013

Le cuistot de la semaine : dans la famille Escassut, je veux le fils

Par le Blogueur


Le 5 février à 17h47, nous avons tous reçu ce mail de Tonton :
« Vue la météo clémente, une question se pose, il y a un terrain pour l’entrainement ? ou c’est directement belote »
Le mail a alors semé le doute et tous les iphone et les blackberry se sont mis en branle (surtout ceux sur vibreur) grâce à notre Tonton flingueur. Tant bien que mal, une quinzaine de personnes a pris le chemin de Muzard. En arrivant, Guitou et Dudu étaient en tenue. Ça suffit pour y croire. Plus qu'à attendre l'arrivée d'un ballon. En attendant, Malko et Le Tarbais ont préféré garder leurs habits. Moi aussi.
Le ballon est arrivé et avec lui Le Barde. Derrière lui Jibé, Jippé, Don, Perdigue, Régis, Tom, Jenfi s’égrènent comme un chapelet. Plus aucune excuse pour feinter le froid et le terrain piscineux qui nous attendent. C'est parti.
Un pré gras, des flaques de parcours hippique, des dérapages incontrôlés, des sorties de routes, un ballon enrobé de gadoue et des passes vaseuses... Comme il faut faire bref, car ce qui suit s'annonce très long, je vous laisse ici à votre imagination. Sachez juste qu'il n'y a pas de Tonton.

Propres sur nous, on file au trou. La liste annonçait un Escassut : je m'attendais au père, il y avait le fils (j'ai l'impression qu'il fait à manger une fois par mois le junior). On ne va pas se plaindre, un Escassut est une valeur sûre, que ce soit le père, le fils ou le Saint Esprit. Ce soir là, la paire était là : le père à table et le fils en cuisine. Comme le fils, il y en a pas deux. Il est bien le seul à prévoir un menu façon menu routier : potage, entrée, plat, fromage, dessert pour le même prix.

Hasard heureux du calendrier (ou coup de com génial de l'agence de com de la charcuterie Escassut ?), ce mardi 5 février annonce la semaine des sept jours gras. Ces sept jours qui précèdent le mercredi des cendres, et qui s'achèvent sur un mardi gras, étaient appelés autrefois les Jours Charnels. Voilà qui veut tout dire !
Si on a l'habitude que Bazas fasse défiler ses bœufs gras en cette période, on a moins l'habitude que Sadirac nous mette son boucher de compétition en cuisine. Et, comme ses vaches, il est pas fou le boucher de Sadirac. Il est élevé selon un calendrier pieux depuis sa tendre viande et sa douce enfance. Alors il sait bien qu'à la veille du Carême – période de jeûne et d’abstinence que tous les castors vont respecter à n'en pas douter –, il fallait nourrir ses camarades pour les préparer au Carnaval*.
(* Petite parenthèse pour rendre hommage au style wikipédien du Barde : Le mot "carnaval" dérive du latin médiéval "carne levare" signifiant "enlever la viande". C'est-à-dire réduire des repas la quantité de viande durant toute la période du carême.)

A 22h, la semaine des sept jours gras est déclarée ouverte sans Tonton. Que les festivités commencent.

Velouté de potiron avec sa plaque de beurre fondue. Ça marche à tous les coups. Une petite assiette de soupe nous donne une bonne petite conscience. C'est sain et on a l'impression de se faire du bien, de demander à notre corps de nous pardonner les excès et les litres de bière et lui montrer qu'on l'aime et qu'on lui veut du bien. Il ne sait pas encore tout ce qu'on va lui mettre. Un peu comme quand on invite une fille à déjeuner la première fois et qu'on prenne une salade pour lui montrer l'excellent état d'esprit dans lequel on est : le souci de la ligne, le mental de sportif. Les filles adorent ça. Notre corps aussi, parce que le veau bien.

Grattons de Lormont et grenier Médocain. Les dents s'éguisent et la bave se met à couler dans les coins des lèvres. Le gratton de Lormont – recette à base de jambon de porc frais, d’épaule de porc et d’épices –, voit le jour grâce à Justine Gaudin de la boucherie Gaudin au XIXe siècle. Au XXIe siècle, le 5 février 2013, le gratton de Lormont fut rayé des plats en inox au 1 rue de Bègles après avoir combattu nos mâchoires honorablement. La mère Justine s'est retournée plusieurs fois dans sa tombe pendant que les castors se resservaient et se resservaient "justine p'tite tranche".
Comme si on le voyait pas, le Grenier médocain a vu son heure arriver dans la foulée. Et devinez de quoi il est fait le grenier médocain ? Hé bé té pardine : de panse de porc et d'épices. Change pas de main, ça vient. Entre le "gra" du gratton et le "gre" du grenier, on commence à parler la langues des carnivores. Comme le hasard fait bien les choses ! Viande crue pour la suite.

Tartare de limousine avec ses assortiments (cornichons, oignons et câpres finement ciselés) et galettes de pommes de terre. Une minute de silence s'est imposée d'elle même. Non pas pour la valeureuse limousine qui vient de donner son corps à la science des castors, mais parce que les mots ont tout d'un coup disparu. Pas un seul "Ah", que des bouches "B". J'ai cru un instant que tous allaient bouffer le plat de tartare des yeux. Sauf dans les yeux de Dudu où j'ai aperçu une légère détresse qui s'est vite estompée à la découverte très récente d'une étude canadienne :
« Associée à davantage d'exercice physique, une consommation de viande plus importante que la moyenne serait le meilleur moyen de maintenir son corps en bonne forme et de lutter contre son vieillissement. »
Hé ! C'est pas une bonne nouvelle ça ? Cliquez ici et vous serez lavés de tous vos péchés : Manger plus de viande et faire du sport, duo gagnant pour la masse musculaire des seniors.
A partir de là, on est dorénavant tous seniors.
Les draculas sont lâchés sous terre et au trou la curée. La messe est vite dite. Avec la viande crue, coulait à flot le sang des vignes de Saby. Au service timoré du Barde, se sont succédé les grandes louches et les grosses plâtrées. Pioupiou n'a pas démérité. Son hachoir à viande manuel n'a pas eu le temps de refroidir. Qui en voulait plus voyait son vœu exaucé dans la seconde. C'était la Saint-Viandard.
20 kilos de tartare plus tard. Les regards repus se croisaient avec l'intensité d'un python royal en plein digestion. 

C'est pas fini. Le camembert a eu la vie sauve. Peu ont eu recours à son coulant. Tout le monde roucoulait. La tarte aux pommes et sa pâte ultra craquante est venue rappeler à tous un peu de finesse dans ce monde de viandards. Les dents du fond baignent comme des poissons rouges dans le café What Else. Le mardi avant le mardi gras a rempli toutes ses promesses et toutes les panses. On est bien parti pour faire des réserves pour un hypothétique carême.

Comme il est conseillé de faire un peu de sport, certains se retrouvent au comptoir. Une belote est enclenchée. Toujours pas de Tonton. Toujours pas compris ce mystérieux mail !




1 commentaire:

Le Toulousain a dit…

C'est qui va falloir trouver un gros tracteur pour le notre...