24 mai 2013

Archiball vs Old Lions : The Crunch

Par Le Barde


Demander à l'arbitre d'une rencontre de faire le compte rendu d'un match, c'est un peu comme si l'on demandait à une canne à pêche d'évoquer le fruit de son bouchon ou à une morue de parler du filet qui a décidé de son sort. Ces deux comparaisons maritimes sont stupides. Mais je les maintiens. Précisément parce qu'elles sont stupides alors que mon arbitrage ne fut qu'élégance et intelligence. N'est-ce pas mon Gwen ?

Tout commença par un large toucher. Il faut bien que le corps des vieux exulte. JB, Lolo, Amélie et moi-m'aime purent ainsi officier. Je ne me souviens pas du score. Mais tout ne fut que luxe, calme et volupté. Sous l'œil énamouré du vieux quatre qui fêtait son anniversaire. Il y avait aussi le général. Quand le général est là, le castor est galvanisé. Un fan club se dressa avec les éclopés Pascalou, La Fourche, Yannick, La Roum et j’en passe. Un public de connaisseurs.


Puis ce fut Le Match. Les Old Lions étaient bien décidés à nous terrasser. Ils n’étaient pas venus pour la dentelle et avait commis en renfort l’un des héros du XV de France qui terrassa les All Blacks lors de la demi-finale de coupe du monde de 1999. Nous on avait cap’tain Gwen, Miguel, Malko devant et les classiques derrière. L’on craignait pour les nôtres. D’ailleurs, l'affaire s'engagea fort mal. Nous encaissâmes un essai dès les débuts de nos ébats. Les castors ne s’en laissèrent pas compter et ne lâchèrent rien. Gwen flamboyait, s’autorisant même des passes. Benoît perforait. Patrice qui, d’ordinaire, butine chez les Olds (mais qui, fidèle à son vieux président qui jouait du sifflet se glissa dans les rangs de son histoire) tenait sa partition à l’ouverture avec discernement et justesse. Titi pinsonnait, Donatien s’intercalait sans cesse,  Bernachatte faisait plus que son devoir en troisième ligne. Léo était insaisissable (même quand on perd un ballon sur son lancer, il parvient à s’intercaler entre le sauteur et le demi-de-mêlée pour leur chiper la gonfle : du grand art, du Léo quoi !). Et, sur son aile, le Toulousain attendait son heure. Elle vint à point nommé. Un regroupement, une extraction vive de Toto et notre Bonnet pointait en terre promise. Le match serait serré. Le derby s’annonçait passionnant. Il le fut. Les Olds vendangeaient quelques occasions, faute de lever la tête pour faire la bonne passe au bon moment. Les castors défendaient becs et ongles leur bout de pré. Les troupes étaient disciplinées, les pénalités rares. Du bon rugby d’anciens même si les castors rendaient quelques années surnuméraires. 

La seconde mi-temps fut aussi indécise que la première. Patric passe à l'ouverture. Avec bonheur. Arnaud permettait aux castors de prendre le dessus par un débordement dont il a le secret. On croit qu’il n’avance pas, ses longues pattes s’élèvent de plus en plus haut, de plus en plus vite et, derrière-lui, ce n’est que désert, terre brûlée. Rien à voir avec la course de Toto. Mais c’est diablement efficace. Deux essais d’ailiers au compteur. Au joli mois de mai, le castor a l’aile impériale. Sur un ton admiratif,  un avant Old lions, attendant son heure derrière la rambarde en contemplant nos trois-quarts, eut ces mots définitifs : « En technique individuelle, ils ont quand même quelque chose qu’on n’a pas. » Les Olds réagirent par un essai à celui de notre préside bien aimé. Allait-on vers un match nul ? Non car Toto vit le trou, prit la clé des champs et fila à l’anglaise au sortir d’une mêlée. Ce petit moment d’égarement coûta cher aux Olds. Quel œil ce Toto ! Il ne restait qu’une petite poignée de minutes. Le vieux quatre n’en pouvait plus. Le Général savait que ses troupes tiendraient. Le regard fier, impassible, il attendait l’issue glorieuse. Jusqu’au bout les Olds crurent, cependant, à l’égalité à défaut d’une victoire. D’égalité, il n’y eut pas. Délivrant les combattants d’un soir par trois coups de sifflet, je mettais un terme à leurs espoirs.  Gwen rugit, le vieux quatre était aux anges ; des larmes de joie perlaient sur ses joues burinées.

Au trou, Pioupiou avait bien fait les choses. La soirée s’éternisa. La suite aux trente ans des olds le 14 juin. Mais au toucher cette fois, rien qu’au toucher.

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