01 mai 2013

Le cuistot de la semaine, Gwen Watchers

Par Le Barde


A peine était-il sur le pré que Croucrou prit des airs de sainte-Thérèse (d'Avila) et, contemplant le ciel rougeoyant, au bord de sa chute prochaine, eut une extase. Il me confia alors, comme il étirait ses jambes sur la rambarde, ces paroles du Livre de la vie : " L'âme a désormais des ailes pour bien voler et déjà son premier duvet est tombé." Je restais coi.

Croucrou renvoit dans leurs cordes les pharisiens  incapables de déceler chez les plâtriers cette once de grâce, cette pincée d'absolu, qui les placent au firmament des métiers. Notre Bible ne le sait que trop qui parle des plâtriers célestes.
JB était là. Quand JB est là, c'est un peu comme si Mozart s'invitait à l'improviste. JB, c'est l'anti-Wagner. Il puise dans les profondeurs de la grâce le moindre de ses gestes. Une passe devient une sérénade de Mozart, un moment musical de Schubert, une ballade de Chopin, un intermezzo de Brahms.
JB figurait dans l'équipe où dominaient les plus que cinquantenaire : Hamilton, Titi, le grand Tom et moi-m'aime. Le grand Tom était opposé au petit. A défaut de jambes, il a des bras. Et souvent le petit fut pris dans sa toile.

Nous fûmes à deux doigts de faire la nique aux jeunes malgré la comptabilité désespérément piballienne de Flo. La Piballe a fait des émules. Même loin, il est là.

Ce dernier soir d'avril restera dans les mémoires. L'air était doux, le ciel admirable de nuances, et le spectacle proposé d'une rare beauté. Telle est l'emprise de JB sur ce monde.

Au Trou, muni d'un petit haut marin blanc, cerclé de bleu, Gwen rayonnait. J'aime bien le petit haut marin de Gwen dit Yannick. Par contre, je n'aime pas la chemise bigarrée de Jérôme. Outre qu'elle le moule, elle ne possède pas la grâce enfantine du petit haut marin de Gwen.

Roland secondait Gwen. C'est un comble pour un amiral. Mais l'amiral n'a que faire des vaines représentations hiérarchiques. L'amiral était aux sauces. Il concocta une divine crème fouettée pour les quelques asperges que Gwen avaient mêlé à des gambas, tomates, petites rondelles de chorizo et autres bulots. Walid, il adore les bulots, ce qui fit dire à el Pulpo qu'il y a aussi el Bulo. Sa plaisanterie ne reçut qu'un acquiescement poli. "Je suis un esthète" ajouta le poulpe pour faire bonne figure. "Un esthète de noeuds" répliqua Croucrou. Longtemps JB sauça la crème fouettée de l'amiral, revendiquant un corps toujours aussi admirable pour se livrer à quelques excès, sous l'oeil jaloux et admiratif du grand Tom et de Régis.

Puis, nous mangeâmes des poissons d'avril pour célébrer le dernier jour du mois. "Il est délicieux ton poisson rouge Gwen" dit Walid. "Mes couilles, lui répondit-il, c'est du dos de cabillaud à l'huile d'olive rehaussé par de petites rondelles de chorizo." Gwen a une incontestable dilection pour les petites rondelles de chorizo. Le cabillaud était chiche. Gwen est au régime et il entend faire partager ses efforts. Au grand dam de Titi et de Yannick. Pas d'Hamilton ni de JB qui affirma que le corps se mérite. La purée était  compacte compensant les vertus diététiques du cabillaud. Thibaut, un ancien du stade (Bordelais) et du RC (cubzaguais) comptait parmi les invités. Seb lui fit le coup du tabouret fontaine. Ah ! Si le très mouillé était là sanglota Walid. Guitou, où es-tu ?

Gwen servit ensemble la salade et le fromage. Le lancer d'assiettes était repoussé d'autant. Mais quel lancer d'assiettes. Pas une ne chut. Gwen tenta bien un hypothétique fracas et lança une assiette au hasard. Rien n'y fit. L'engin s'assoupit sur un carton de la boutique à Titi.

Les profiterolles ne furent qu'abondance. Gwen revenait aux sources et visait au repu. Un parfum d'enfance se répandit dans le trou. JB enfilait les profiterolles une à une. Titi et walid Itou. D'aucuns y allaient de leur crème Chantilly. Pas les purs. Et le grand Tom de se venger d'un envoi de cabillaud de Jérôme. Bombe contre bombe, ils s'affrontèrent. Jérôme fut défait. Et le sol tacheté de Chantilly. Une patinoire sur laquelle Flo patinait merveilleusement. C'est la faute à Verlaine dit-il.

Faute de What Else, il y eut Peyo. Peyo, c'est le fils spirituel de What Else. Peyo sait faire du bon café.

Les vertus chômées du 1er mai firent que le trou ne retrouva sa nuit que tard. On belotait, papotait, trempait nos lèvres dans la mousse. Gwen s'était défait de son petit haut marin pour enfiler une chemise non sans en rajouter une couche sur celle de son associé parfaitement insensible à ces comparaisons de comptoir. La nuit attendait les castors. Une nuit douce et marine. Le joli mois de mai s'annonce bien.

1 commentaire:

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