31 octobre 2014

Le cuistot de la semaine, pour une poignée de castors

Par Le Barde


Ils n'étaient qu'une petite poignée à Victor Louis, une dizaine à peine. Soit deux poignées en réalité et non pas une petite. Un incipit bancal en somme. Pouvais-je commencer par ils n'étaient que deux petites poignées ? La réponse est oui. Encore qu'il faudrait s'entendre sur petite poignée. Qu'elle soit au singulier ou au pluriel, unique ou double. Reste que, de toute évidence, on pouvait les compter sur les doigts des deux mains, une dizaine vous dis-je. De toute manière, je ne peux pas en dire beaucoup plus. Car, je n'y étais pas. Tout ce que je sais, c'est qu'ils s'opposèrent à cinq contre cinq, donc qu'ils étaient dix. Poignée contre poignée. Ah ! Qui dira les charmes de la polysémie, cette manière élégante de ne pas y être et de la ramener quand même, de n'être pas le bec dans l'eau. Car, à vrai dire, ou à bien écrire en réalité,une petite poignée, une dizaine à peine, n'est tien moins que juste. Et nul ne me tiendra rigueur de cette entrée en matière. Enfin peut-être. Elle est un peu tirée par les cheveux, je l'admets. 

Lorsque je suis arrivé au trou, vers les 21:30, ils n'étaient qu'une petite poignée : Gilbert, Pépé, Alain-Charles, Jacouille, et Léo qui était commis à la bouffe. J'étais accompagné par Jesus, et oui, et Gaël. Un accordéoniste et un danseur. Résidence d'artistes oblige. Nous préparons un spectacle, MatcH, pour le 6 novembre à 20:30 au Molière scène d'aquitaine avec Don. À bon entendeur salut. Sur le comptoir, des bourriches d'huîtres. De chez Gillardeau. 

Sans attendre la petite poignée qui était à Victor Louis, nous entamâmes de douces hostilités. Un régal ces Marennes et ces bretonnes. Et c'était assez insolite cette entrée en matière au comptoir. Un incipit de première main. Pourquoi, en effet, réserver un incipit à la seule littérature. De bonnes huîtres valent mieux qu'un mauvais texte. Le comptoir grossit lorsque la petite poignée de Victor Louis nous eut rejoint. Bernarchot, Hamilton, Dudu, Croucrou, Jean-Phi, Toto, le Préside, Don, le douanier et, cerise sur le gâteau, Yannick, notre cinquantenaire. Tous de laper les huîtres de Léo. Et de boire un petit Sauvignon. Pourquoi diable seules les poignées seraient petites. Un pur moment de grâce. Avec Léo, tout est grâce. Un plâtrier céleste. Léo est enfant de la Bible.

Alors nous nous mimes à table. Un cuisseau de jambon de derrière les fagots nous fut servi avec de putains de haricots. Avec Léo, ce qui est lourd devient léger. Tous de déguster. Avec un Hauchat en prime. Le Hauchat de Jean-phi sied au cuisseau de jambonneau avec ses fayote. N'en tirons pas de vaines conclusions. Jésus, l'accordéoniste conversait à la française avec Alain-Charles qui prenait des airs de Marie-Chantal sous l'œil bouleversé de Don. Hamilton évoquait le semblant de peuplier qui se dresse dans le parc du château de la Ligne. Léo trônait comme trônent les dieux. Il y a chez lui je ne sais quoi d'homérique. C'est une épopée à lui tout seul ; comme si le monde tenait tout entier dans sa seule présence, comme s'il en était le suc. Cela n'est pas donné à tout un chacun. Le jansénisme est juste au bout du compte. La prédestination n'est pas qu'une vue de l'esprit. 

Et les assiettes fusèrent comme les grecs à Troie. Pas une main récalcitrante, rebelle. Léo exécutait sa partition comme Pavatotti chantant ma Toscane. Rien que de très juste, de très élégant. Je ne me souviens plus du fromage. Si, c'était du Comté, c'est-à-dire un gruyère sans trou. C'est de peu d'importance car la mousse au chocolat était à se damner tous les saints. Jésus chanta. Car Jésus à du coffre et n'aime rien tant que ceindre l'espace de sa voix puissante. Tout n'était que calme, luxe et volupté.

La soirée se termina en douceur. Un croissant de lune souriait. Le ciel était parsemé d'étoiles. La belle vie en somme, la seule qui vaille.

17 octobre 2014

Trophée Bruno Pagès : Quand vient la fin de l'été…


Par Réglisse


Les hautes clôtures de pins symboles des landes girondines et de l’Océan, retenaient par endroits les ultimes offrandes du soleil d’été. C’était un samedi de septembre. L’espace de jeu, dédié à l’esprit des vieux de l’ovalie, était prêt à accueillir 13 équipes de Gironde et de Navarre pour le trophée Bruno Pagès. Un nouveau rendez-vous sportif choisit par notre ami Peyo. Le point précis de rencontre était compris entre 8h30 et 10h00, à droite après le bateau du rond point de La Teste, devant le stade. 

A son habitude, Peyo lança un doodle pour informer comme il se doit ses troupes. Les castors connectés répondirent en doodeulisant. C’est sûrement un helvète, qui a créé le concept. Peuple fromager qui excelle dans l’art du secret de l’information et de la ponctualité. L’appel ne se fait plus au détour d’une discussion, d’une missive avec accusé de réception, ou d’un son de corne. Le rappel des troupes se fait maintenant pèle mail. Le castor s’adapte et troque sa plume pour le clic. 

L’organisation de Peyo ne faillit pas, elle est digne de l’homme qui gravit un jour le Stromboli sans mots. Il faut le savoir notre meneur du jour monte les volcans comme il travaille la descente. L’inutilité de ses mots dans l’effort symbolise toute la beauté de son acte. Napoléon aurait parlé au pied des pyramides pour lancer une réflexion conquérante des hommes sur le temps. Peyo en haut de la sienne, forgée non par les hommes mais par le feu de la terre, ne disait mot. La nature est belle. Le Stromboli est haut. Point de mots pour Peyo. L’écho de son silence le rendit plus digne et forgea à jamais son empreinte dans la grande histoire des conquérants castors. Sisyphe de son côté, dans ce qui monte et ce qui descend,  roule sa bille. Peyo préfère le silence et compose directement avec le temps.

Son nouveau combat n’en est pas moins aussi noble. En effet la conquête ne se fait pas uniquement dans les territoires, dans le temps et les mythes, elle se construit dans l’humain. Le trophée visé par notre ami, est organisé depuis quelques années par l’association Bruno Pagès. Cette association a pour ambition de récolter des fonds pour soutenir les jeunes atteints de maladies graves, en particulier d’insuffisance rénale ou d’un cancer. C’est tout naturellement que Peyo proposa d’impliquer une équipe de Castors à cette aventure. 


La sélection se fit dans l’esprit du volontariat du clic. Un déclic pour lui. La promo fruits de mers et crustacés représentée par ses 4 stagiaires, était au complet. El poulpo, Bernachat, Benoît et Régis trépignaient près de l’aire de jeu dans l’attente des règles à jouer et du gros des troupes. Peyo, Perdigue, le Tarbais et Titi représentaient la vieille garde ; sans oublier Esteban la relève. Les couleurs des castors reflétaient la nostalgie d’un ancien périple dans la conquête des Amériques. Le bleu ciel et le blanc seront les marques de cet esprit argentin si fidèle à un jeu puissant et aérien, bien ancré dans le monde des Castors. A ce propos, pour le gros des troupes, il s’est situé entre les quatre premiers et les quatre derniers. Le gros fut donc maigre. Le gros des troupes vous l’avez compris, nous ne l’avons pas vu. 

A défaut de gros, place au style, Titi profita en effet de l’occasion pour présenter la dernière collection été pour la boutique Archiball. Tous les responsables de la fameuse boutique en revanche étaient là. Défilé de mode oblige. Notre Tarbais est toujours de la partie, quand il s’agit de la balle. Curieux sur ce coup il ne s’est pas associé à son maître tailleur pour porter cette nouvelle tenue. Les dernières tendances du prêt-à-porter au masculin qui collent le short en jean à la peau doit appliquer quelques règles. 

Comment transformer un jean (pas le prénom mais le pantalon de cow-boy) en short (pas de rugby et loin du cow-boy aussi) ?
Tout d’abord le choix du jean est important. Il doit vous aller correctement aux hanches, au derrière et aux cuisses. Rappelez-vous qu’un jean baggy donnera un short baggy, et un jean serré donnera un short serré. Dans cette même logique, le jean de Titi devait être petit car le short était petit. Une étape importante dans la transformation d’un jean jamais porté ou jamais lavé, passez le à la machine ou au sèche linge avant de le transformer. Cela va en effet détendre le jean afin que le short ne soit pas trop court ensuite. Il faut détendre la matière, principe fondamental de toute transformation en profondeur. Sans détente, la matière rétrécit. Loi complexe du textile qui nous éloigne du masculin par excellence. 

Cette étape reste facultative pour cette nouvelle collection car le short de titi se porte petit. Nous comprenons mieux son surnom. Les shorts courts arrivent 4 à 5 cm sous les fesses et ont un ourlet de 2 à 3 centimètres. Ils sont parfaits pour la plage, surtout associés avec un haut de bikini. Point de haut de bikini pour titi, sexe-à-pile oblige. La mode flirte facilement avec l’androgynie. Et la société moderne ne peut qu’approuver l’évolution du féminin dans le masculin et inversement. Ou recto verso pour les puristes. Le bikini est encore exclusif au féminin ; ainsi que le slip kangourou au masculin. La théorie du genre n’a de sens que par son mélange. Le respect de toutes ces étapes permettra d’éviter toutes déconvenues. 

Une fois le jean coupé, le jean est coupé, il ne repousse pas. Les regards dubitatifs (en un seul mot) de tous castors dont la précision centimétrique voire millimétrique dans le jeu de balle ne pourra accorder devant la coupe que laïus.  L’idée qu’un castor puisse être « in » dans un short court, c’est nouveau. Donc point de photos sur le sujet, les autorités de l’hygiène sportive et morale auront confisqué les pellicules. Seuls les 8 castors présents garderont la primeur et le souvenir de titi dans son fameux short « in ».


Le spectacle sur le terrain était tout autre, les lignes étaient réduites ainsi que le temps. Le toucher se faisait à deux mains. Trop tardifs pour certains. Car il ne faut jamais repousser à deux mains ceux que l’on peut pousser aujourd’hui. Bernachat au toucher n’a pas de temps à perdre donc pas de demains ni de surlendemains pour toucher. Il joue donc avec les épaules. Le style est moins procrastiné donc plus immédiat. L’arbitrage en conviendra. Le geste est technique et dévastateur. La conquête du ballon nécessite parfois le sacrifice de certaines parties. Notre Bernachat sacrifia les mains pour la défense pour mieux les retrouver en attaque.

Nous étions dans une poule de 3, une défaite lors du premier match. Nous sommes loin du pré des écoliers et du toucher à une seule main. Nous espérâmes gagner le second match mais un essai de la dernière seconde de l’équipe adverse nous amena à récolter qu’un match nul. Bilan une défaite et un nul, pour une poule de 3 sur deux matchs nous placèrent troisième pour la suite.

Dans la famille Perdigue, nous nommerons le fils, fier comme un bar à tapas pour avoir conquis au prix de ce maigre score (le gros des troupes étant absent) la troisième place ! La poule n’est pas podium, quoique… il faut bien que jeunesse se fasse… C’est à ce moment que Peyo remobilisa les troupes. Il reprit d’anciennes aventures et ces leaders absents ce jour mais si présents à d’autres. Gwen a un secret, il a une potion magique. Non il n’est pas gros, lui…, moi non plus d’ailleurs… je rappelle que le gros de la troupe n’était pas là. La potion magique fut de rigueur et nous entamâmes des va-et-vient à la source. La pression fut lâchée ainsi que le jeu. 3 matchs et 3 victoires. Les absents étaient présents dans l’esprit et les castors renouèrent dans un jeu libéré et désaltéré.

Le tournoi au final fut remporté pour la deuxième année consécutive par les Hippocampes (ancien de La Teste). Ils connaissent les règles et ont le fameux « truc » magique de jouer à domicile. Les Ptis Pirelons d’Arcachon et le TUC de Toulouse complétèrent le podium. Mais le grand vainqueur de la journée fut l’élan de solidarité que les 13 équipes en présence ont partagé tant sur l’herbe que pour le repas. 

Titi renoua avec son short en jean et se rapprocha du bassin. Nous profitâmes un moment de l’ambiance, du discours, de la réception puis chacun repartit pour rejoindre le gros des troupes résidant à Bordeaux, le sourire du devoir accompli ainsi que d’avoir partagé le souvenir de Titi dans un short rétréci.

QLCVP

Le cuistot de la semaine : au Trou, la moule inspire

Par Le Barde


L'automne, le doux automne est là. Les bateleurs sont de retour. Foin des canaux et vive le pré. Don nous a rejoint. Alléluia ! Le seul bateau ivre, c'était Jean-Phi. Un brelan d'Eric, une pincée de Dudu, une touffe de Léo et le tour est joué. Peyo se prenait pour Toto et Titi pour lui-même. L'ambiance était bon enfant, avec un Régis au sommet de son art. Il y eut des essais, beaucoup d'en-avant, de passes tutoyant l'herbe plus que de raison. Mais après tout la raison, on s'en branle puisque l'on s'amuse. S'amuser : ce luxe, cette jolie manière de faire la nique au temps. Nous sommes enfants de la balle, ce qui, invariablement nous ramène au trou. Car nous sommes callipyges. Amen.

Au trou, Yann (Larroumecq) était de service. Lorsque Donatien descendit les marches, pointa son corps amaigri par trop de coups de rames, l'assemblée chanta :

« Rame, rame. Rameurs, ramez.
On avance à rien dans c'canoë.
Là-haut,
On t'mène en bateau :
Tu n'pourras jamais tout quitter, t'en aller...
Tais-toi et rame.
J'm'en vais 
Mais l'eau est lasse. »

Yann a quelque chose en lui de Titi. Le Lou Gascoun était, en effet, de rigueur avec sa mâche, ses gros cucurbitaceae, ou, si vous préférez, ses cucumis sativus. C'est bien connu, le cucumis sativus appelle la moule, et c'est tout naturellement que des moules au curry advinrent. Avec du riz pilouf. Il s'agit d'une nouvelle variété. Le riz pilouf, le riz qui étouffe, impuissant à séparer ses grains. Des touffes de riz si vous préférez. Des touffes de riz qui étouffent. D'où son nom qui tire ses origines du lointain Caucase. Force est de reconnaître que la moule est rare au trou. Grâce soit donc rendue à Yann d'avoir renoué avec la moule. D'autant qu'elle inspira la tablée. Une muse la moule. Un véritable florilège se propagea dans le trou.

C'est Croucrou qui entama les hostilités en lançant un « Faites la moule pas la guerre » qui trouva un écho chaleureux chez notre Jacouille. En grande forme, Croucrou interpella Dudu : « Tu as déjà fait des mammographies à des moules toi ? » Un rien dédaigneux, Dudu lui répondit : « les mytiloïdes ne sont pas de ma clientèle ». (Dudu qui évoqua le tournoi à toucher de Tarbes en précisant qu’il y eut cinq parties des dix minutes : soit cinquante minutes. Dudu a l’âme mathématique.) Et Léo d'entamer : « Ah ! Qu'elles sont jolies les moules de mon pays. » Léo, nanti d'une chevelure épaisse qui lui donnait un petit air de Ricky Nelson. Mais en brun, en poivre et sel. Je l'imagine chantant The sun is Sinking un the west. Avec le Tcho en Walter Brennan et Perdigue en Dean Martin. Perdigue en Dean Martin, ça se discute, j'en conviens. Walid, peut-être, serait plus à son aise.

Le trou s’était transformé en moulodrome. La muse moule n'en finissait pas de titiller notre imaginaire. « Jean-Philippe est habité par la moule » dit Lolo. Croucrou, décidément très en verve, d'ajouter : « J'ai la moule sur le bout de la langue » en jetant un regard énamouré vers Amélie. Et les deux Eric de conclure : « Ce n'est pas très élégland toutes ces moules au trou ». Oui, rarement le trou ne fut si inspiré. Il faut dire que Yann a la moule abondante. Tout ça sous l'œil attentif de Titi qui avait, selon Lolo, un petit air de Marcel Achard. La faute à ses lunettes. Pas l'ombre pourtant d'une moule dans l'œuvre d'Achard. C'est Pépé qui l'a dit.

De la moule, on passa à Saby. Allez savoir pourquoi ? Yannick : « Tous les mardis on boit du Saby Brahim ». Et le trou d'entonner : Lundi du Saby, mardi du Saby, mercredi du Saby aussi... On eut droit également au Saby broyeur et à la Sabynette de Noël. Oui, le trou était inspiré. Très inspiré. Moule ou Saby, peu lui chaut. 

Côté lancer d'assiettes : RAS, Yann à la main précise. Un zest de fromage et Jean-Phi de demander s'il y a des moules givrées au dessert. À défaut de moules givrées : des tartes aux pommes avec de la glace à la vanille. La tarte, cependant, n'est rien sans son moule : il lui donne forme. Ne confondons pas les moules cependant. Si l'étymologie du mollusque vient du latin musculus : petite souris, celle de la matrice qui accueille les tartes, charlottes et autres plats, vient du latin modulus.

Les castors regagnèrent leurs pénates. Et tous d’avoir à l’esprit cette pensée de Sengai que leur avait délivré la Fée avant de les quitter : « Ne soyez pas arrogants. Le cercle parfait de la lune ne dure qu'une nuit. »

10 octobre 2014

Le cuistot de la semaine, désirs 2 rôti de porc

Par Réglisse


L’été s’enfuit pour faire place à l’automne. Les stigmates de ce perpétuel changement se dessinent maintenant sur le pré des écoliers. A la tombée du jour, il fait déjà nuit. Les feuilles jaunissantes des arbres recouvrent peu à peu le tapis terrien permettant alors à l’aire de jeu de briller par sa verdure. L’éclairage est maintenant artificiel et suppléera pour quelques mois le soleil. Certains diront que l’herbe est un peu haute ou que nos foulées sont plus lourdes. Que nenni, l’automne est bien là ! 

Les Archis pieds-nus maintenant se cramponneront, les tee-shirts s’épaissiront et deviendront maillots, et les socquettes grandiront pour être chaussettes de rugby. L’eau froide d’une douche d’été est une histoire ancienne. L’eau chaude est de retour. Tous ces petits détails préparent les jeunes et vieux castors à dépasser les aléas saisonniers et garder le plaisir du jeu dans l’ovalie. 

La météo fut cette fois-ci clémente et préserva l’aire du jeu de tout chagrin pluvieux. Les saisons sont cycliques et la gonfle n’est pas ronde ! Nous étions une bonne vingtaine pour jouer, rejouer et déjouer ces constantes de la Nature et celles de l’ovalie. Les essais furent de la partie, le ballon trouvait dans les mains de notre Tarbais des solutions pour traverser la ligne défensive adverse. Dudu ne marqua pas, l’abandon du tee-shirt de ses seins protégés nécessite apparemment un rodage. Il ne marqua pas, mais donna des occasions de marquer. JB imposa son rythme et y laissa un orteil, d’autres un muscle. Le jeu était de la partie, la défense aussi. La vieille garde sait se faire entendre et guider les jeunes jambes. Thomas sans le soleil court vite ainsi qu’avec le soleil d’ailleurs... Les saisons apparemment lui, il s’en moque. Nous eûmes droit à la feinte du bloggeur toujours aussi inattendue qu’elle est efficace. Tout ça pour aboutir sur un score nul, gage de tout un équilibre préservé. 

Nous retrouvâmes les vestiaires, la douche et la direction du trou à rat. 

C’est Lafourche qui est de tour de bouffe. On ne peut être de bouffe et sur le terrain en même temps. Cette constante garantie la bonne cuisine du castor de bouffe. « Et puis nos coutumes divergent, et divergent c’est énorme. ». Pour parler de Christian, citer Desproges n’est pas de trop. L’un n’est pas avare de mots fins, l’autre de mets fins. Christian pour les intimes du trou connait les plaisirs de la bouche et l’intérêt de croquer la vie à pleine dents, déformation professionnelle ou amateur simplement du vivant. Dans tous les cas, notre hôte d’un soir sait recevoir. La tablée était bien préparée. La première ligne des cuisines, assurée par ses deux solides piliers Pépé et Tcho et au talon notre cuistot, avait organisé le trou pour la bonne réception de leurs convives. Les assiettes proposaient une coquille Saint-Jacques remplies de délices de la mer et de petits légumes. Des associations appréciables de saveurs et de fraicheurs. 

Quelques réfractaires restèrent au bar pour apprécier cette entrée et libérer la pression. En même temps toutes les places étaient bien occupées. Des chansons émergèrent et des discussions permirent de faire la transition avec le plat principal. Un gratin dauphinois et rôti de porc. Dans la famille Escassut nous avons le fils qui actuellement a pour passion la photographie animalière. Certains partagent les vœux en hiver, Pioupiou partage les bœufs en Automne. Bref, l’animal du soir n’était pas à corne mais bien savoureux dans notre assiette. C’est le pied marin de PiouPiou qui arrive toujours à bon porc. 

Bernachat dévora même tous les morceaux d’ails du plat pour profiter des derniers restes de ce met d’exception. Je le citerai même pour promouvoir les bienfaits de ce répulsif à vampires. Il nous parla d’Homère, d’Hippocrate, d’Aristophane et d’Aristote qui ont longuement vanté les mérites de l’ail, symbole de force physique. En fait, l’ail est un véritable « alicament » combinant les vertus d’un aliment et d’un médicament. Il nous parla de Marseille et du « vinaigre des 4 voleurs », les férus d’histoire d’ails auront reconnu cet elixir à base d’ail censé protéger l’initié des ravages de la grande peste. Bernachat fit du coup un détour obligé par Toulouse. Pour revenir à Bordeaux et passer de l’ail à l’aïe. Le fin gourmet et le rugbyman qu’il est, associa à l’occasion l’ail à sa santé et l’aïe aux marrons. 

Les amateurs de plaisir des sens eurent l’occasion de se servir et de se resservir. Le Kiki est une répétition de Qui en veut ?. Tout était bon et il ne manquait de rien. Il y eut même du nouveau pour les liqueurs, la bouteille de Saby a trouvé une nouvelle robe, pas à l’intérieur mais à l’extérieur, c’est une question d’étiquette. 

Le lancer d’assiette, le fromage le dessert et même le café. Tout avait été pensé par notre chef cuistot. 

C’est à ce moment que JB amateur d’intervalle sur le pré, en trouva une à table pour rassembler les convives. Il partagea avec quelques bouteilles de champagne son plaisir d’être propriétaire d’un avion. Le cirrus SR20 est sa référence technique, Oscar son petit nom. Un oiseau mécanique qui a trouvé son nid et son nouveau maitre dans les Graves. Les Tigres Volants ne sont plus, l’ère des Castors Volants a commencé. Volontaires Castors engagez-vous ! 

Du haut du ciel à la plongée de la nuit, la mayonnaise est bien montée et nous passâmes de l’ail au lit.

03 octobre 2014

Le cuistot de la semaine, Piballe qui roule n'amasse pas mousse (au chocolat)

Par Le Barde
(Bien vu ! La photo est vieille, mais La Piballe est toujours aussi jeune!)


Mardi après mardi, le pré retrouve les siens. Ainsi, Walid était de retour. Comme Guitou et le toulousain toujours pas remis du Bayonne-Toulouse de vendredi et des aveuglements de M.Minery. M. Minery est une pipe et les pipes sont aveugles, c'est bien connu. Hervé Delage nous avait aussi rejoint, le temps d'un dernier jour de septembre. La jambe est toujours aussi vive. 

Guitou choisit les plus lestes. Walid se glissa sur son aile et Jean-Phi trépignait en dessinant des arabesques sur la page verte.

La partie fut équilibrée. Force est cependant d'admettre que les vieux furent particulièrement à leur aise. J'en veux pour preuve le splendide essai de Walid après un je t'aime moi non plus avec Hamilton, un côté je vais et je viens qui fit mouche. Les jeunots en furent pour leur frais.

En face, il y avait Thomas qui, entre deux odes à M.Minery, prenait la poudre d'escampette.Titi distillait des passes millimétrées. Régis filait l'intervalle comme Donatien les métaphores. Dudu décidait de la vanité ou non des passes sautées d'Hamilton. « Vanitas vanitatum omnia vanitas. » Quant au tarbais, il tentait, sans relâche, des cadrages débordements sur Dominique qui ne se laissait pas prendre. 

Du bon rugby en somme, certes entaché encore de quelques chamailleries. 

Dans l'antre, La Piballe était de service. En tenue BCBG, très alerte, il mitonnait. L'antre était bien garni. Trois compères de Victor Louis étaient parmi nous. Dont un Jérôme. 30 septembre oblige puisque c'est la fête du patron des traducteurs. Et celle du douanier. Le général était là. Toujours aussi sémillant. Et Juan Carlos, ou si vous préférez Gilbert. Quelle classe ! 

Tous de déguster les tomates de la Piballe avec leur mozzarella et leur basilic en feuilles. Rien que de très estival et de bienvenu. Puis un poulet au citron et aux olives avec sa semoule. On reste dans le méditerranéen. La Piballe a l'âme septentrionale. On pourra toujours chipoter sur sa semoule. N'importe, la sauce désassemblait son grain trop compact. Walid était aux anges et en redemanda. 

La Piballe se joua de la tradition et proposa un brie onctueux et odorant, ainsi que de l'époisse, sans passer par la case assiette. Puis, il exécuta un lancer d'assiettes de très haute tenue. Il a la main experte et juste la Piballe. Des mains bénies des dieux. La grâce efficace en quelque sorte. Ou l'adaptation par un rite de la position théologique défendue par saint Augustin, et dont les Jansénistes se sont servis dans leur polémique contre les Jésuites. "Les hommes n'accèdent au salut et ne peuvent gagner le Paradis que si Dieu leur a accordé la grâce. Seule cette grâce divine peut les soutenir dans la foi. Ce dogme, développé à l'origine par Augustin d'Hippone dans son débat des thèses du moine britannique Pélage, s'oppose à la thèse des Jésuites qui attribuaient au libre-arbitre et aux œuvres la prérogative du salut." Ainsi parla notre Jacouille pour expliquer les prédispositions de notre lanceur d'un soir. Jacouille qui avait un petit air à la Georges Clooney. Les grâces vénitiennes l'inspirent. 

Le dessert fut une bénédiction. Une mousse au chocolat à damner tous les saints. Exit la méditerranée et retour aux fondamentaux de la nation.

Une belote de comptoir s'improvisa. Walid, le cigare à la bouche, dominait son petit monde. Lolo bluffait et le préside tentait d'improbables paris. 

Peu à peu, le trou se vida. Et les étoiles au ciel faisaient un doux froufrou.