Par Réglisse
L’été s’enfuit pour faire place à l’automne. Les stigmates de ce perpétuel changement se dessinent maintenant sur le pré des écoliers. A la tombée du jour, il fait déjà nuit. Les feuilles jaunissantes des arbres recouvrent peu à peu le tapis terrien permettant alors à l’aire de jeu de briller par sa verdure. L’éclairage est maintenant artificiel et suppléera pour quelques mois le soleil. Certains diront que l’herbe est un peu haute ou que nos foulées sont plus lourdes. Que nenni, l’automne est bien là !
Les Archis pieds-nus maintenant se cramponneront, les tee-shirts s’épaissiront et deviendront maillots, et les socquettes grandiront pour être chaussettes de rugby. L’eau froide d’une douche d’été est une histoire ancienne. L’eau chaude est de retour. Tous ces petits détails préparent les jeunes et vieux castors à dépasser les aléas saisonniers et garder le plaisir du jeu dans l’ovalie.
La météo fut cette fois-ci clémente et préserva l’aire du jeu de tout chagrin pluvieux. Les saisons sont cycliques et la gonfle n’est pas ronde ! Nous étions une bonne vingtaine pour jouer, rejouer et déjouer ces constantes de la Nature et celles de l’ovalie. Les essais furent de la partie, le ballon trouvait dans les mains de notre Tarbais des solutions pour traverser la ligne défensive adverse. Dudu ne marqua pas, l’abandon du tee-shirt de ses seins protégés nécessite apparemment un rodage. Il ne marqua pas, mais donna des occasions de marquer. JB imposa son rythme et y laissa un orteil, d’autres un muscle. Le jeu était de la partie, la défense aussi. La vieille garde sait se faire entendre et guider les jeunes jambes. Thomas sans le soleil court vite ainsi qu’avec le soleil d’ailleurs... Les saisons apparemment lui, il s’en moque. Nous eûmes droit à la feinte du bloggeur toujours aussi inattendue qu’elle est efficace. Tout ça pour aboutir sur un score nul, gage de tout un équilibre préservé.
Nous retrouvâmes les vestiaires, la douche et la direction du trou à rat.
C’est Lafourche qui est de tour de bouffe. On ne peut être de bouffe et sur le terrain en même temps. Cette constante garantie la bonne cuisine du castor de bouffe. « Et puis nos coutumes divergent, et divergent c’est énorme. ». Pour parler de Christian, citer Desproges n’est pas de trop. L’un n’est pas avare de mots fins, l’autre de mets fins. Christian pour les intimes du trou connait les plaisirs de la bouche et l’intérêt de croquer la vie à pleine dents, déformation professionnelle ou amateur simplement du vivant. Dans tous les cas, notre hôte d’un soir sait recevoir. La tablée était bien préparée. La première ligne des cuisines, assurée par ses deux solides piliers Pépé et Tcho et au talon notre cuistot, avait organisé le trou pour la bonne réception de leurs convives. Les assiettes proposaient une coquille Saint-Jacques remplies de délices de la mer et de petits légumes. Des associations appréciables de saveurs et de fraicheurs.
Quelques réfractaires restèrent au bar pour apprécier cette entrée et libérer la pression. En même temps toutes les places étaient bien occupées. Des chansons émergèrent et des discussions permirent de faire la transition avec le plat principal. Un gratin dauphinois et rôti de porc. Dans la famille Escassut nous avons le fils qui actuellement a pour passion la photographie animalière. Certains partagent les vœux en hiver, Pioupiou partage les bœufs en Automne. Bref, l’animal du soir n’était pas à corne mais bien savoureux dans notre assiette. C’est le pied marin de PiouPiou qui arrive toujours à bon porc.
Bernachat dévora même tous les morceaux d’ails du plat pour profiter des derniers restes de ce met d’exception. Je le citerai même pour promouvoir les bienfaits de ce répulsif à vampires. Il nous parla d’Homère, d’Hippocrate, d’Aristophane et d’Aristote qui ont longuement vanté les mérites de l’ail, symbole de force physique. En fait, l’ail est un véritable « alicament » combinant les vertus d’un aliment et d’un médicament. Il nous parla de Marseille et du « vinaigre des 4 voleurs », les férus d’histoire d’ails auront reconnu cet elixir à base d’ail censé protéger l’initié des ravages de la grande peste. Bernachat fit du coup un détour obligé par Toulouse. Pour revenir à Bordeaux et passer de l’ail à l’aïe. Le fin gourmet et le rugbyman qu’il est, associa à l’occasion l’ail à sa santé et l’aïe aux marrons.
Les amateurs de plaisir des sens eurent l’occasion de se servir et de se resservir. Le Kiki est une répétition de Qui en veut ?. Tout était bon et il ne manquait de rien. Il y eut même du nouveau pour les liqueurs, la bouteille de Saby a trouvé une nouvelle robe, pas à l’intérieur mais à l’extérieur, c’est une question d’étiquette.
Le lancer d’assiette, le fromage le dessert et même le café. Tout avait été pensé par notre chef cuistot.
C’est à ce moment que JB amateur d’intervalle sur le pré, en trouva une à table pour rassembler les convives. Il partagea avec quelques bouteilles de champagne son plaisir d’être propriétaire d’un avion. Le cirrus SR20 est sa référence technique, Oscar son petit nom. Un oiseau mécanique qui a trouvé son nid et son nouveau maitre dans les Graves. Les Tigres Volants ne sont plus, l’ère des Castors Volants a commencé. Volontaires Castors engagez-vous !
Du haut du ciel à la plongée de la nuit, la mayonnaise est bien montée et nous passâmes de l’ail au lit.
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