Par Réglisse
Les hautes clôtures de pins symboles des landes girondines et de l’Océan, retenaient par endroits les ultimes offrandes du soleil d’été. C’était un samedi de septembre. L’espace de jeu, dédié à l’esprit des vieux de l’ovalie, était prêt à accueillir 13 équipes de Gironde et de Navarre pour le trophée Bruno Pagès. Un nouveau rendez-vous sportif choisit par notre ami Peyo. Le point précis de rencontre était compris entre 8h30 et 10h00, à droite après le bateau du rond point de La Teste, devant le stade.
A son habitude, Peyo lança un doodle pour informer comme il se doit ses troupes. Les castors connectés répondirent en doodeulisant. C’est sûrement un helvète, qui a créé le concept. Peuple fromager qui excelle dans l’art du secret de l’information et de la ponctualité. L’appel ne se fait plus au détour d’une discussion, d’une missive avec accusé de réception, ou d’un son de corne. Le rappel des troupes se fait maintenant pèle mail. Le castor s’adapte et troque sa plume pour le clic.
L’organisation de Peyo ne faillit pas, elle est digne de l’homme qui gravit un jour le Stromboli sans mots. Il faut le savoir notre meneur du jour monte les volcans comme il travaille la descente. L’inutilité de ses mots dans l’effort symbolise toute la beauté de son acte. Napoléon aurait parlé au pied des pyramides pour lancer une réflexion conquérante des hommes sur le temps. Peyo en haut de la sienne, forgée non par les hommes mais par le feu de la terre, ne disait mot. La nature est belle. Le Stromboli est haut. Point de mots pour Peyo. L’écho de son silence le rendit plus digne et forgea à jamais son empreinte dans la grande histoire des conquérants castors. Sisyphe de son côté, dans ce qui monte et ce qui descend, roule sa bille. Peyo préfère le silence et compose directement avec le temps.
Son nouveau combat n’en est pas moins aussi noble. En effet la conquête ne se fait pas uniquement dans les territoires, dans le temps et les mythes, elle se construit dans l’humain. Le trophée visé par notre ami, est organisé depuis quelques années par l’association Bruno Pagès. Cette association a pour ambition de récolter des fonds pour soutenir les jeunes atteints de maladies graves, en particulier d’insuffisance rénale ou d’un cancer. C’est tout naturellement que Peyo proposa d’impliquer une équipe de Castors à cette aventure.
La sélection se fit dans l’esprit du volontariat du clic. Un déclic pour lui. La promo fruits de mers et crustacés représentée par ses 4 stagiaires, était au complet. El poulpo, Bernachat, Benoît et Régis trépignaient près de l’aire de jeu dans l’attente des règles à jouer et du gros des troupes. Peyo, Perdigue, le Tarbais et Titi représentaient la vieille garde ; sans oublier Esteban la relève. Les couleurs des castors reflétaient la nostalgie d’un ancien périple dans la conquête des Amériques. Le bleu ciel et le blanc seront les marques de cet esprit argentin si fidèle à un jeu puissant et aérien, bien ancré dans le monde des Castors. A ce propos, pour le gros des troupes, il s’est situé entre les quatre premiers et les quatre derniers. Le gros fut donc maigre. Le gros des troupes vous l’avez compris, nous ne l’avons pas vu.
A défaut de gros, place au style, Titi profita en effet de l’occasion pour présenter la dernière collection été pour la boutique Archiball. Tous les responsables de la fameuse boutique en revanche étaient là. Défilé de mode oblige. Notre Tarbais est toujours de la partie, quand il s’agit de la balle. Curieux sur ce coup il ne s’est pas associé à son maître tailleur pour porter cette nouvelle tenue. Les dernières tendances du prêt-à-porter au masculin qui collent le short en jean à la peau doit appliquer quelques règles.
Comment transformer un jean (pas le prénom mais le pantalon de cow-boy) en short (pas de rugby et loin du cow-boy aussi) ?
Tout d’abord le choix du jean est important. Il doit vous aller correctement aux hanches, au derrière et aux cuisses. Rappelez-vous qu’un jean baggy donnera un short baggy, et un jean serré donnera un short serré. Dans cette même logique, le jean de Titi devait être petit car le short était petit. Une étape importante dans la transformation d’un jean jamais porté ou jamais lavé, passez le à la machine ou au sèche linge avant de le transformer. Cela va en effet détendre le jean afin que le short ne soit pas trop court ensuite. Il faut détendre la matière, principe fondamental de toute transformation en profondeur. Sans détente, la matière rétrécit. Loi complexe du textile qui nous éloigne du masculin par excellence.
Cette étape reste facultative pour cette nouvelle collection car le short de titi se porte petit. Nous comprenons mieux son surnom. Les shorts courts arrivent 4 à 5 cm sous les fesses et ont un ourlet de 2 à 3 centimètres. Ils sont parfaits pour la plage, surtout associés avec un haut de bikini. Point de haut de bikini pour titi, sexe-à-pile oblige. La mode flirte facilement avec l’androgynie. Et la société moderne ne peut qu’approuver l’évolution du féminin dans le masculin et inversement. Ou recto verso pour les puristes. Le bikini est encore exclusif au féminin ; ainsi que le slip kangourou au masculin. La théorie du genre n’a de sens que par son mélange. Le respect de toutes ces étapes permettra d’éviter toutes déconvenues.
Une fois le jean coupé, le jean est coupé, il ne repousse pas. Les regards dubitatifs (en un seul mot) de tous castors dont la précision centimétrique voire millimétrique dans le jeu de balle ne pourra accorder devant la coupe que laïus. L’idée qu’un castor puisse être « in » dans un short court, c’est nouveau. Donc point de photos sur le sujet, les autorités de l’hygiène sportive et morale auront confisqué les pellicules. Seuls les 8 castors présents garderont la primeur et le souvenir de titi dans son fameux short « in ».
Le spectacle sur le terrain était tout autre, les lignes étaient réduites ainsi que le temps. Le toucher se faisait à deux mains. Trop tardifs pour certains. Car il ne faut jamais repousser à deux mains ceux que l’on peut pousser aujourd’hui. Bernachat au toucher n’a pas de temps à perdre donc pas de demains ni de surlendemains pour toucher. Il joue donc avec les épaules. Le style est moins procrastiné donc plus immédiat. L’arbitrage en conviendra. Le geste est technique et dévastateur. La conquête du ballon nécessite parfois le sacrifice de certaines parties. Notre Bernachat sacrifia les mains pour la défense pour mieux les retrouver en attaque.
Nous étions dans une poule de 3, une défaite lors du premier match. Nous sommes loin du pré des écoliers et du toucher à une seule main. Nous espérâmes gagner le second match mais un essai de la dernière seconde de l’équipe adverse nous amena à récolter qu’un match nul. Bilan une défaite et un nul, pour une poule de 3 sur deux matchs nous placèrent troisième pour la suite.
Dans la famille Perdigue, nous nommerons le fils, fier comme un bar à tapas pour avoir conquis au prix de ce maigre score (le gros des troupes étant absent) la troisième place ! La poule n’est pas podium, quoique… il faut bien que jeunesse se fasse… C’est à ce moment que Peyo remobilisa les troupes. Il reprit d’anciennes aventures et ces leaders absents ce jour mais si présents à d’autres. Gwen a un secret, il a une potion magique. Non il n’est pas gros, lui…, moi non plus d’ailleurs… je rappelle que le gros de la troupe n’était pas là. La potion magique fut de rigueur et nous entamâmes des va-et-vient à la source. La pression fut lâchée ainsi que le jeu. 3 matchs et 3 victoires. Les absents étaient présents dans l’esprit et les castors renouèrent dans un jeu libéré et désaltéré.
Le tournoi au final fut remporté pour la deuxième année consécutive par les Hippocampes (ancien de La Teste). Ils connaissent les règles et ont le fameux « truc » magique de jouer à domicile. Les Ptis Pirelons d’Arcachon et le TUC de Toulouse complétèrent le podium. Mais le grand vainqueur de la journée fut l’élan de solidarité que les 13 équipes en présence ont partagé tant sur l’herbe que pour le repas.
Titi renoua avec son short en jean et se rapprocha du bassin. Nous profitâmes un moment de l’ambiance, du discours, de la réception puis chacun repartit pour rejoindre le gros des troupes résidant à Bordeaux, le sourire du devoir accompli ainsi que d’avoir partagé le souvenir de Titi dans un short rétréci.
QLCVP
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