02 juin 2016

Le Cuistot de Bouffe: Domi fait dans l'axoa et nous régale!

Par Le Barde, Bardibulle et Stefaninho


Un pré de printemps. Le ciel était dégagé, un merle chantait. Une fin de journée douce. Sur le pré, peu de mots. Rien que la langue de la béchigue, son chuchotement. A peine un murmure. Nous étions une douzaine, courûmes beaucoup. Serge était affûté et son équipe un ton au-dessus. Une affaire de passes. Rien à voir avec les radeurs. Il y eut bien quelques rappels à l'ordre, en l'occurrence à la règle, mais du bout des lèvres. Enfin presque.

Lorsque nous arrivâmes, Stéphane se perdait dans des explications sur l'impossible corrélation entre l'en-avant et l'en-arrière. Tout en démontrant que la frontière, si mince qu'elle fut, existait quand même. Il fit quelques exercices pratiques. Sans convaincre cependant. Un petit groupe circonspect l'entourait. Il est vrai qu'Amélie n'était pas là pour corroborer ses dires. Amélie, il a mené ses petits au bout ; ils sont champions de France.

Toto cherchait de nouveau cours. Roland Garros étant sous l’eau, notre coureur loin d’être agacé avait un petit air d’Agassi. Un bandeau rouge le couronnait. Point de goutte de sueur pour freiner ses accélérations. La vitesse est exigente! L’homme était au couleur de l’aviron. Jean Phi de son côté a traversé bien des mers ces derniers jours et se retrouve dans des décalages. Les siens semblent encore horaires. Une partie de lui est dans le tempo et l’autre encore en voyage. Il relativise, c’est le propre des voyageurs-coureurs. Les Archis sont ainsi, ils aiment le monde et prouvent à chaque instant que la « terre est ovale comme une orange »…Ce n’est pas Lafourche qui nous contredira, il en fait le tour et nous confirmera notre hypothèse. Le castor et sa castorette se baladent même s’ils sont partis à l’Est pour revenir de l’Ouest. Nous ne marchons pas sur les pas de ceux qui pensent que la terre est ronde comme une pastèque, non mais… Au dernières nouvelles ils sont proches d’une maison bleue comme une orange, elle aussi…

Cette dernière session de mai sentait les barrages … ou pas !

Dès l’arrivée le ton était donné. Sekope Kepu était là gisant le long de sa voiture garée le long du pré. Sa femme et ses enfants placés autour de lui le regardaient inquiets. L’homme semblait exténué mais surtout choqué. Je décidais alors d’engager la discussion :

Moi : Hey guy, what’s happened to your fuckin’ ass (Bonsoir Monsieur, mais que vous est-il donc arrivé ?)
Sekope (jetant un regard noir vers un homme au fond du terrain) : This fuckin’ old shit bothered me, mother fucker ! (Ce charmant monsieur à l’âge respectable m’a humilié, putain con !)
Moi : Who ? (Un groupe de rock anglais des zannées 70)
Sekope : There, the one with a black socket and a green socket. (Là-bas, l’enculé avec des chaussettes dépareillées)

Stupéfaction, l’homme qui se rapprochait d’une petite foulée alerte n’était autre que Dudu.

Moi : ah yes, DouDou, you met him ? (Ah oui Dudu, il a essayé de vous la mettre)
Sekope : Yeah man, he offered me to play the Bastareaud Game into the 5 meters (C’est cela monsieur, il m’a proposé un défi cadrage-débordement dans les 5 mètres )
Moi : And ? (Bien, mais pouvez-vous être plus précis ?)
Sekope : And what, wallabie’s fucker, he tricked me ! (Et quoi, enculeur de mouche, il m’a mis le doigt devant, puis le doigt der… !)

Sacré « Doudou », on ne reverra pas de sitôt Sekope !

Nous rejoignîmes alors « The beast », quand Jocelyn me fit part, du bout des lèvres, de son incompréhension, voire son étonnement quant à l’interprétation de l’en avant. Débat philosophique chez les Archiballs, je décidais pourtant de le ramener à un débat scientifique et me lançais dans une explication tellement incompréhensible que le petit groupe qui s’était joint entre temps me regardait avec un air de … :


Ma thèse était la suivante : le ballon, une fois lancé, peut avancer par rapport au sol sans que la passe soit considérée en avant, because of the relative velocity. La preuve en image et en anglais ici (n’hésitez pas à cliquer sur le lien sinon vous allez avoir du mal…)
Certains crieront au génie, d’autres à la diffamation, l’apostasie. Peu importe, cela n’empêchera jamais les passes de maçon !

Un Seven (7 contre 7) ou Heigth (8 contre 8) débuta. Heureusement que nous n’étions pas au-delà de huit par équipes car nous aurions été chocolat ! (attention celle-là est fine, si tu l’as pas comprise, rajoute de la menthe au chocolat ! Hihihi).

La faiblesse de ma prose ne me permet pas d’écrire ici tous les mouvements magnifiques opérés ici et là sur le pré. Tout le monde sut élever son niveau de jeux et baisser son niveau sonore, cependant je me dois de relever quelques éléments statistiques indiscutables. Attention, l’ego et l’humour de certains vont être sollicités.

1.       La Jeffitude



 
2.       La Tototitude
 

 
 
3.       Chinitude


 

4.       L’altruitude

 

Sur le terrain annexe, quelques toiles annonçaient la proche fête de la morue. Sur le pré synthétique, les castors parlaient la langue du rugby. Le castor et la morue vont l'amble, en juin, à Musard.

Au trou, toujours pas de Pépé. Il tutoie encore les sommets et de sa cure nous couve d'un regard attendri. Domi respectait sa place calendaire, tout de noir vêtu. Le Tcho et Fayou nous attendaient. Le Tcho qui nous donna quelques nouvelles de Francky qui est un peu plus dans sa nuit, avec quelques éveils toutefois.

Domi trône au bout de table. Il est là confiant. Son trou il le câline lui aussi. Il débuta par du blanc et du rouge. Du simple et de l’excellent. Les couleurs nous rapprochent de l’été. La tomate et la mozzarella font toujours bon ménage. Jacquot cherche sa place. Il a perdu l’habitude de profiter de ses paires. Il est là dans la reserve. Il se met au légume même si la charcutaille lui confère sa taille ! Les plats reviennent vides. Domi fait le nécessaire pour qu’ils reviennent ainsi. Point de gaspillage au trou. Le castor a ses principes. La vinaigrette est maison. Sa saveur tient dans l’huile, la fameuse huile de coude. Dudu siège de même à table. Il est de même dans la resserve même si les olives lui manquent. Les hommes sont heureux, Lolo en famille donne le « La » pour honorer l’entrée. Le trou est comblé. Serge la larme à l’œil apprécie l’ambiance et se libère de son casque lourd. Les éclats sont devenus lointains et restent à table sur des belles paroles. Le Tcho associait la tomate au plus grand des Classiques. Il est oiseau et oreille à ses heures. Pour lui, l’homme à la baguette vise une symphonie. « Tomate et Mozart est là ! ». Le Barde donna le change sur ces mots « Mon Mozart a moi, ne taquine pas les clés enculé (virgule en phonétique), il pilote ! ». Il compense dans la tomate pour combler l’absence. Le manque est ainsi.

Domi sortit ses patates. Lolo donna le « La », celui des las patatas tambien. Le vieux 4 aurait continué à pousser la chansonnette. Mais bon nous eûmes des patates chaudes. Les patates étaient faites pour tenir compagnie. Le plat était en attente. Lolo poussa du coup le fameux « La » de La suite, toute bonne chose sait se faire attendre… Le « La » se transforma en « Ah la Tchoa », un plat divin et le Maroc pour les castors n’est pas loin. Un hommage au Tcho et son féminin sacré. Un délice du pays Basque. Point de doute, celle-ci vient bien du pays. Point d’extincteur nécessaire pour atténuer les vapeurs pimentées. Un délice en bouche, le veau, les piments, les poivrons, la découpe tout est bon. Domi culmine. Il vérifie que le plat s’évapore lui aussi. Il partage sans limite jusqu’à sa dernière patate. Point de patates qui trainent ! Le Tcho trouve son féminin excellent. Le Tcho et l’axoa, l’amour est là !

Le lancer fut plus qu'acceptable. Pas ou peu de mains maladroites. Domi dominait son sujet. Lorsque le sujet est un objet, il est vrai que c'est, parfois, plus facile. La dextérité de l'esprit ne se conjugue pas toujours avec celle de la main. Cet équilibre n'est accordé qu'à peu.

De la salade avant le fromage. Comme pour prolonger en douceur une axoa parfaite. Puis du brebis en hommage à Pépé, avec de la confiture de cerises et de la pâte de coing. Une touche délicate et bienvenue. Le temps des cerises est proche. Celui du coing attendra un peu. La brebis, elle, se moque des saisons.

Comme de bien entendu, nous eûmes des éclairs. Domi est fidèle à cet aphorisme de René Char : "L'éclair me dure." Les éclairs au chocolat se mêlaient aux éclairs au café. Des éclairs onctueux. Jeff dit que les éclairs sont sa Madeleine et qu'il comprit l'œuvre de Marcel, un jour, en goûtant un éclair au chocolat, qu'un souvenir d'enfance lui revint, et qu'il n'eut de cesse de le cultiver dans de petits carnets Moleskine. Le Préside le couvait d'un œil attendri et légèrement interrogatif.

Une belote de comptoir vint clôturer le repas. Stéphane prit des risques inconsidérés. Titi prit lorsqu'il fut opportun de le faire et l'emporta. Stephane déchu et dépité Jura qu'il reviendrait en triomphateur. Au bout de la table, Domi, l'éducateur et Nicolas devisaient sur le rugby. Serge les rejoignit. Une belle conversation comme on les aime.

La nuit était frisquette. Ce qui n'empêcha pas la conversation de se prolonger sur le trottoir. La rue était calme. Chacun de regagner son chez soi. Demain il pleut regretta Serge, mais je m'en moque. Le temps présent est le temps retrouvé poursuivit-il. Et Jeff d'acquiescer.

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