Par Le Barde, Bardibulle et Bardatruc
Le ciel était noir, si noir. Ça et là des éclairs claquaient. Un bel orage en somme. Un clin d'œil à Perdigue qui aime qu'on lui parle de la pluie et non pas du beau temps, le beau temps le dégoûte et lui fait grincer les dents. Quelques-uns, cependant, tentèrent Musard. Pas de lumières sinon celle des éclairs dans le ciel noir, si noir.
Quelle galère mes amis.
Une reprise catastrophique, cataclysmique si j'ose. Rien ne fonctionnait, à commencer par le nouvel éclairage du stade. Un coup, le prè était éclairé d'une lumière blanche très puissante accompagnée d'un grand bruit de camion écrasant un groupe de manchots climato-sceptiques puis la seconde d'après, nous étions plongés dans le noir tel un Fou de Bassens piquant un plongeon derrière un pétrolier arménien battant pavillon turque, piloté par un équipage kurde du "petcaca" . Tout ce fric dépensé pour ça, c'est foudroyant. Et si ce n'était que l'éclairage, mais l'arrosage également fut acadabrantesque. Ce bijou de technologie, le MYWE (make you wet everywhere...), semblait mal maîtrisé de nôtre jardinière musardienne. En effet à peine ouverte la porte de votre véhicule que vous étiez copieusement arrosé !
Enfin, pour couronner le tout, l'agenda électronique des castors avait dû buguer puisque seuls 6 castors étaient présents ! Inutile de les citer, leurs pudeurs naturelles de joueur tout temps en souffriraient. Cependant, le manque de joueurs eut raison de leur volonté de s'entrainer dans des conditions climatiques certes peu clémentes mais loin d'effrayer l'amoureux du rugby, le vrai... Bref, ces six héros prêts à tomber au champ d'honneur pour quelques passes s'en retournèrent au trou retrouver les "autres" . Les "autres", ceux qui, peut être, estiment que le rugby est une activité ultra-libérale ou l'on se retire dès qu'il y a le moindre risque ou bien, plus prosaïquement, pensent que le rugby ne se joue pas par alerte météo orange !
Vivement mardi prochain, en espérant que les techniciens du stade ne mettent pas en place le fameux système de contrôle d'accès inspiré du non moins fameux poulet bressois à savoir le FIYA !
Il ne restait plus que le trou. Pas de gonfle, pas de pré. Une semaine d'attente encore. Le temps est longuet sans la béchigue. Mais l'on ne peut rien contre les caprices du temps. N'importe, commencer par l'orage n'augure pas d'une mauvaise saison. Bien au contraire. Rien n'est plus triste que le train-train, le paisible, l'ordinaire. Les superstitieux diront que nous étions le 13. Il ne faut pas céder à ces chimères.
C'est Lolo qui étrennait tout sourire la saison. Le trou avait gardé la chaleur de l'été. Un trou moite, étanche à l'air frais dispensé par la pluie. Il était bien garni. Coco en tête, l'œil vif, nanti, depuis dimanche, d'une année de plus. Avec lui, l'éternité a une sacrée gueule. Le Tcho nous gratifiait encore de sa présence. Accompagné de son Pépé bien-aimé. JB était là aussi ; il n'entendait, pour rien au monde, se dispenser du premier soir. Pioupiou arborait sa ligne étique, la Jacouille son sourire et Florian une mine épanouie.
La soirée fut douce et débuta par une salade sertie de petits lardons. Un peu de fraîcheur en somme avant le lourd. Rien que de très simple. Lolo sait que la simplicité est le début de la grâce. Il n'y a que les faquins pour espérer atteindre le chaland par l'emphase. Une salade, quelques lardons craquant dans la bouche. Et le tour est joué. Avec une gorgée de Saby bien sûr.
Le Prez nous avait rejoint. Perdigue itou. Avec une tenue marine. Il est mignon Perdigue en marin. Lolo surveillait la déglutition des feuilles, veillant à ce que le saladier soit exsangue. Puis, il nous confia d'acquises lasagnes où se glissaient de petites tomates cerises. Il avait pressenti ce regain de fraîcheur et pouvait se permettre un plat consistant. Il veilla de nouveau à ce que pas une miette ne demeure. Et y parvint. Sous l'œil satisfait de Gwen.
Piou Piou picore dans son ascète. A chaque service, l’homme dessine à la fourchette. Il n’est pas dans l’abstrait, ni dans le cubisme du culinaire, il se presse dans le sublime des choses. La salade devient une feuille et les lardons, un lardon. La quantité ne suffit à se rapprocher de l’essence des choses. La saveur est dans le noyau. Entre la pulpe et le pépin apparemment ... Le pilier pointe son centre. Il alimente son bien-être. Le féminin en est loin sinon il se ferait Miou Miou. Freud s’inquiète à tort. Sa mêlée perd un pilier. Piou Piou tient la forme. Il le chante. Il le parle. L’anatomie est le plaisir de la chair n’ont point de secret pour ce castor de taille. « L’anus est dans le trou du cul ». Ronsard aurait effleuré une feuille de rose. La métaphore, inutile pour le poète en herbe, se positionne dans l’anus. « L’anus suit le jour », me susurre l’horloger… Piou Piou garde ses fondamentaux. « La rose est une fleur, un point tu broutes ! ». On est au trou ou on ne l’est pas. Gwen en premier fan est heureux quand Piou Piou prend ses envols. Ses yeux pleurent fontaine, tellement l’émotion est grande. Les castors sont sensibles surtout les gros. La finesse est dans la condensation du trop. Son trou du cul n’est pas vulgaire, il fait rire. Chapeau l’artiste !
Pour la peine la cène eut droit à son père Abraham. Nous n’avons jamais été aussi près du dit vin ! Coco était aux anges. La famille se perpétue et le trou prend père pète !
Lolo les ascètes, il les satellise. Car le Lala rappelle le Lolo à ses obligations. La technique est parfaite même si le lanceur n’improvise pas de réception les mains dans le dos. Une autre de ses spécialités. Le lancer est frontal, en vrillé s’il vous plait. Ses passes de seconde ligne nous rappelle que la vrille dépend de son axe de référence. Les assiettes tournent dans le sens des aiguilles d’une démonte. L’axe n’est pas homologué. Mais bon les receveurs maitrisent. A sa décharge une mauvaise réception. Le brie fut donc limité !
En dessert du Tiramisu. Ce soir Lolo nous sort les couches.
La nuit s'étirait. On bavardait de tout et de rien. Les mauvaises langues diront que l'on bavassait. Elles ignorent le plaisir de ces échanges où la parole est plus qu'un échange, que les quelques mots dispensés mais une manière d'être ensemble. Un ciel lourd accueillit les derniers récipiendaires. Le Prez dansa sur le pavé mouillé, chantonna d'une voix douce, heureux du temps retrouvé.
Tout voulait de source. Coco appréciait la douce sérénité de ses petits, Coco nanti d'une année supplémentaire depuis dimanche. Avec lui, l'éternité a de la gueule.
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