Nous étions une douzaine je crois, je ne sais plus, Je me souviens plus très bien ; j'ai la mémoire qui flanche. Nous n'étions guère nombreux en somme. La faute à l'hiver peut-être, ce qui serait un comble. D'autant que nous sommes encore en automne même si les nuits sont hivernales. La faute au match des B, Blacks et Bleus ? Sans doute. Et pourtant, ce monde numérique permet de partager une passion en la séparant, ce qui n'est pas rien, on en conviendra.
Il y a avait des cannes à Musard : Dom, Tom, Jeff. Et peu de Vieux. En sorte que le toucher ne fut pas aussi fluide et tactile que d'ordinaire. Il n'y a pas que le numérique qui repose sur le digital. Le rugby est un jeu de mains. Dire que les joueurs ayant bataillé saisons après saisons sur le pré font de vilains vieux n'est pas tout à fait vrai.
La partie fut équilibrée. Les doigts gourds laissèrent bien tomber le cuir de temps à autre. N'importe. Et puis, il y avait Perdigue. Une étincelle fait l'automne, l'hiver et pas seulement le printemps. Ou une hirondelle ; c'est tout comme.
Pendant ce temps-là les B Bleus faisaient mieux que se défendre face aux B Blacks. La perfide Albion porte parfois bien son adjectif ; elle avait commis l'un des siens au sifflet. Pour le plus grand bonheur des B Blacks qui se virent épargnés d'un carton rouge et d'un essai de pénalité. Pépé fulminait devant son poste.
Au trou, une barbe poivre et sel seyante à souhait, Marko taquinait la carte, avec un sweat aux couleurs du stade Rochelais. Pépé fulminait de plus belle. La Jacouille était benaise. Yan (Larroumecq), affublé d'un tablier de demoiselle assurait son devoir. Un hommage à Jacques Demy.
Un pain de poisson, avec de petites touffes de mâches et une sauce aurore ouvrait les hostilités . Qui dira les vertus de la mâche (Valerianella locusta), aussi appelée blanchette, boursette, clairette, raiponce, oreillette ou oreille-de-lièvre, valérianelle, valérianelle cultivée, herbe des chanoines, salade de blé, doulcéta, doucette, gallinette, rampon, ramponnet.
Qui dira les charmes de notre langue bien aimée.
Puis vint un poulet gratiné avec une sorte de sauce béchamel et son comptant de riz. Un régal. Amélie appréciait. Le Prez aussi. Le Sabite était le bienvenu. Notre Jean-Phi, lui, il aime la perfide Albion lorsqu'elle se conjugue au féminin. C'est d'ailleurs ce que lui faisait remarquer Amélie. Pépé fulminait toujours malgré les tentatives désespérées du Tcho pour atténuer son ire. Le poulet n'y faisait rien. Par bonheur Yan n'avait pas gratiné du coq.
Le lancer d'assiettes fut presque parfait. Seules deux comparses ne trouvèrent pas preneurs et se brisèrent sur le carreau du trou. Pioupiou ne nous épargna pas sa chanson monotone et pour tout dire casse-couilles. Pioupiou qui ne quitta pas son manteau noir et strict. Comme s'il tenait à arborer son côté cours Georges Clémenceau. Guitou lui manque.
Un sublime mélange de fromage suivit : Comté et Cantal. Puis un gâteau au chocolat avec de petites boules pâtissières fourrées à la confiture.Nous étions repus.
Il était temps de passer à la belote. La folie des uns fit le bonheur des autres. Point n'était besoin d'avoir une main pauvre pour l'emporter. Les baraques annoncées firent florès. Et les pauvres en mains d'accumuler les points.
La nuit était belle. Une nuit d'hiver pure, parsemée de diamants. La petite chambrée regagnait ses pénates. Pépé rageait dans son lit. Le Tcho, lui, s'endormait comme un oiseau en laissant échapper de ses lèvres de petits trilles mélodieux.
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