15 mai 2019

50 ans de bouffes : hip hip piperade de Bernard

Par Le Barde et Bardibulle



C’était son grand retour. Sans pompes ni ors. Simplement son retour, là, sur son aile. Hamilton recouvrait le pré, la veille d’une armistice. Comme si son corps pouvait enfin être en paix avec le pré.

Il pleuvait par intermittence. La douzaine de castors s’en donnait à cœur joie. Le bardibule paraissait réconcilié avec son coude. Le doc était vif. Le barde un peu moins. Christophe, lui, allait bon train.

Nous nous tenions sur l’espace exclusif des vingt-deux mètres. En sorte que le geste l’emportait sur les cannes. Disons que les cannes n’étaient que l’aboutissement du geste. Titi étincelait Musard. Il aime les prémices de l’été. Avec ou sans pluie. Maxime itou.

Nous arrêtâmes à 21:30 pétantes. Quelques-uns s’étiraient lors que d’autres gagnaient les vestiaires.

Bernard nous attendait. Encore qu’il arriva sur le tard. En sorte qu’il n’était pas là comme les premiers belligérants avaient rejoint le trou. Pas de Pépé non plus. Mais Guitou, le prof, Poulet, Amélie et notre Jacouille, cela va de soie.

Tout commença par des œufs mimosas. Le bardibule ne put s’empêcher de citer son Aragon : « Si le miroir mimer osa/

La rose et l’or des mimosas » sous l’œil envieux du vieux quatre. Amélie nous parla de ses poules, du souci de ses poules. Le Prez lui proposa de les inviter à notre soirée des cinquante ans pour les requinquer. Les poules d’Amélie sont en mal de ponte.

Les œufs dans les yeux, Bernard annonça le plat principal. Sacrifice de la poule aux œufs d’or, sous son coulis de piperade girondine, échine de porc rosée à la plancha et cuit à la sueur du golfeur. C’est un parcours en œuf trous pour l’entrée et une suite en dix-huit ! Les marmites sont à l’honneur. La triade se pose au centre de la tablée. Les chapeaux se soulèvent pour faire place aux vapeurs.


Le Prez l’échine, il l’aime bleu. Il siège au bout de la table. Il en voit de toute les couleurs notre Prez en ce moment. A croire qu’en un an il prend cinquante. Son genou a plié face à l’adversité et l’a éloigné du plaisir de jouer. Du coup, Il est dans le dur de l’organise. Le joug est sur ses épaules, cinquante ans c’est du lourd. « A chaque joug suffit sa peine » me glisse tautau à l’oreille. Et il est là aux commandes, le Prez. Putain 50 ans ! Il n’était pas nez le bougre quand l’idée à germer pour enfermer une bande de copains dans un trou et les faire sortir autour d’un ballon même par rond. Le temps a fait son œuvre et sa culotte courte a fait place à un short que l’on taille maintenant trop facilement. Les castors ont de sacrés caractères ce qui rend le trou si unique. Même si de mémoire, le short le plus raccourci a été porté par Titi, con se le dise ! Le président se doit d’être porté sur un bouclier même à bras raccourci. L’ambition bien commune de continuer à vivre de belles choses ensemble, photos à l’appui.

Bardibule reprit de la piperade. La diversité lui donne de l’appétit. Et il en profite pour rééduquer son coude à grands coups de fourchettes. TauTau ne sait plus où mettre la tête pour chanter et le vieux 4 donne un sacré cœur à la chorale. Il y a des monuments dans le trou. La semaine prochaine vise de réunir les cathédrales. De sacrés piliers sont sur les starting-blocks bien motivés eux aussi à faire de cette rencontre une fête à part entière. La réussite se doit d’être communicante et l’adversité de trouver sa cible unique sur l’événement. Ce qui fait union c’est notre amour du trou. Même si pour Piou Piou c’est l’oignon qui fait la force ! Qu’il est bon dans le vestiaire d’avant match, d’entendre des crampons qui battent la mesure sur le carrelage, ce ne sont pas des mots, c’est un son unique, celui de se sentir ensemble et de jouer bien ensemble. L’arbitre siffle les gars c’est maintenant ! Bernard profita de son jeu d’ouverture pour sortir les assiettes et envoyer les siennes. Gardons l’étiquette !

Le lancer fut sage, précis. Coco l’eut apprécié. Tautau le trouva un tantinet indolent. Pas un débris ne joncha le sol. Et nous pûmes déguster le traditionnel camembert de Bernard, que nous étalions sur de petits croûtons frottés à l’ail.

Une belote se dressa. Ils étaient sept. Le barde perdit face au doc. La Jacouille et Hamilton s’étaient faits la malle depuis belle lurette, la main heureuse.

La pluie s’était interrompue. Les Capus étaient calmes, paisibles. Alors le doc chantonna :

usez vos souliers
usez l'usurier
soyez ma muse
et que ne durent que les moments doux
durent que les moments doux
et que ne durent que les moments doux
osez, osez Joséphine
osez, osez Joséphine
plus rien ne s'oppose à la nuit
rien ne justifie

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