26 mai 2019

50 ans de Bouffes: Trez pour la cène

Par Le Barde et Bardibulle


Il y avait comme un soupçon d’été. Les saints de glace ont abusé des prolongations. Le temps redevient de saison et on l’aime bien comme ça.

Petit a petit, pas à pas, peu à peu, une quinzaine de castors investirent le pré. Perdigue, de bouffe, poussa l’hybride à son comble en débutant la partie, partie champêtre s’il en fut. Le ballon voletait, les courses étaient vives. Une ardeur printanière en somme, l’équivalent d’un soupçon d’été si vous préférez.

Le toucher fut parfois acariâtre ; le toucher au sens strict, c’est-à-dire le fait d’employer une main, qu’elle soit droite ou gauche, à effleurer le corps de l’adversaire. Ainsi le Tarbais et Dom réfutèrent l’évidence. Ils prirent pour une pure hypothèse, le frôlement qui les avait bel et bien affecté. Et ce fut l’objet de longues palabres.

Sergio nous quitta avant la fin. L’un de ses doigts subit les foudres de Régis. Un artiste sans doigts n’est plus un artiste. Perdigue aussi, mais pour d’autres raisons. La partie alla son train au-delà de l’extinction des feux. L’envie se gausse de la lumière.

Il y eut des essais, des en-avants, des passes approximatives. Mais c’était gai, virevoltant, agréable. Dom avait prit son petit bout d’aile., doc filait, Régis interceptait, Christophe rugissait, Joss transperçait...

Il était donc au trou, Perdigue, comme nous le regagnions. L’assemblée était légèrement garnie. Tautau et le vieux quatre préparaient un karaoké à base de fille du bédouin. Accompagnés par un accordéoniste et un caméraman. Les cinquante ans approchent !

Perdigue aime le fraternel. La fraternité, chez lui, conjuguent grattons et boudin. Avec cornichons, cela va de soi. Yan qui sait ce que rive droite veut dire apprécia. Guitou itou. Avec de la moutarde en sus. C’est fou ce qu’il aime la moutarde Guitou. Il fallait le voir tremper son petit bout de boudin dans le condiment si cher à notre Pinson.

Frère Perdigue nous pardonne, la ripaille s’accompagne du mise au vert. Les mœurs l’exigent et sa société moderne vise dans la couleur un espoir salutaire. Sauce en prime, le cochon et la salade n’eurent raison de la volonté des castors à consister en chœur. Les plats vides nous appelâmes comme il se doit la suite. Le vieux 4 entre deux prises de vues se chauffait la voix pour les patates à venir. Le vieux et ses compères imagent nos 50 ans en chanson. Ils ont du Sardou en eux, quand ils étaient petits castors, ils attrapaient le ballon en chantant, et quelques années plus tard, ils gagnaient les radis noirs, en chantant, c’est beaucoup moins inquiétant de préparer nos cinquante ans, en chantant, et c’est tellement plus mignon de se faire mouiller le fion en chantant, le trou c’est plus marrant, c’est moins désespérant en chantant !

Perdigue à force de gratter l’assiette daigna de nous servir la suite. Joue de porc en sauce et carottes pour apprécier la vue. Car le grand absent fut le légume ! Comment ça la carotte ne peut se suffire à l’appellation d’origine contrôlée ? Le légume fait bon nez sur son bonhomme de neige, mais deux patates comblent plus facilement les chœurs. Le vieux 4 pleure sa bonne mère et Sergio suce du coup son doigt enflé. Les petits oignons ne pourront aider à rivaliser cette ère de non patate. Le cri du vieux 4 résonne encore dans nos estomacs de tristesse. Le grand écart entre le sublime et l’absence dézingue l’entre en table ! Les joues, la sauce sont fabuleux ! Que le pain de pépé pour saucer le nectar du jus…  Perdigue sa carotte il la vénère. Le légume a bon dos. Dudu ne dit rien, son fromage il ne le sert qu’en entrée. Les facéties du cuistot s’acceptent et les castors se doivent de protéger toutes prises d’intervalle. Le propre du soutien, bordel. Entre celui qui annonce, celui qui ne comprend pas l’annonce, celui qui n’entend pas l’annonce, celui qui se fout de l’annonce, celui qui annonce à son tour, la réussite de la prise d’intervalle ne tient parfois qu’à un miracle… parfois à un JB, ou à un Sergio …  mais sûrement à des automatismes construits dans la constance du lien toutes générations confondues ! La carotte à défaut fait tabac. La fille du bédouin mouille elle sa banane!!! Castors mouiller votre maillot !  


Le lancer fut parfait à une exception près : Christophe. Il faut toujours que quelqu’un déroge à l’unisson ; c’est comme ça. Perdigue, c’est un calme. Enfin, lorsqu’il lance l’assiette.

Quel Brie mes aïeux ! Il y a Brie et brie. Perdigue sait ce que Brie veut dire. Poulet, en connaisseur, apprécia. Pour du bon fromage, c’était du bon fromage. Chanson et Brie allaient l’amble. Nous briâmes le seigneur de table et lui pardonnâmes son écart de jeunesse de ne voir en la seule carotte toutes les vertus d’une patate tambièn. Le vieux 4, sécha ses larmes et mouilla ses fesses. Le plaisir ne se contient ! Trou est question d’équilibre. Il s’agenouilla devant le sublime poivré et orangé du riz au lait. Il revisita à sa manière les anecdotes de Porto et s’évada dans la chanson de Roland. Les deux font la paire. Ils en ont vu des carottes, de l’arroz et de l’arrose. Bref, ils chantent sur les starting block pour les cinquante ans et gèrent l’international. Les anciens membrés ne comptent pas leurs heures en bon honoraire et amoureux du trou qu’ils sont ! Le temps n’a pas d’emprise sur le couple. Sacré exemple du solide ! En revanche l’absence de patates a bousculé le vieux 4 qui ne s’est plus que motivé pour le match des anciens castors des cinquante ans. Con se le dise. Le vieux 4 un coup de carotte et il repart ! Après une resserve du succulent riz au lait. N’exagérons pas !

Le compte à rebours en haut à droite suit son décompte comme il se doigt ! Le trou ne s’est pas fait en un jour, nos cinquante ans non plus. Il s’est construit en comptant sur de nombreuses générations de queues plates. « Plus on est au trou, moins on a de brie ! » s’exaspérait Perdigue heureux de satisfaire son petit comité à table. Il bria le Saint Castor, pour que l’assemblée soit plus grande la prochaine fois. C’est Domi qui régale !

Une large belote se dressa ; nous étions huit autour du tapis. Et par un singulier retournement des habitudes, Jeff et le barde l’emportèrent. Il faut savoir patienter. Le Tarbais eut une main bien pauvre. La Jacouille fut très déraisonnable. Une belote bien différente des autres en somme.

Dieu que la nuit était douce. Mai a la nuit heureuse. Mai ne nuit pas à la nuit ; il la mène par le bout du nez. Et ce n’est pas Poulet qui dira le contraire. Il humait la nuit, l’accueillant avec la béatitude.

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