Par Le Barde
Nous arrivâmes dispersés à Musard. Le ciel était au beau. Pas de bardibule. Pas de doc. La faute à leurs corps empêchés. Le Tarbais se fit attendre ; il goûtait au trou les vins promis à notre cinquantenaire. Ses courses s’en ressentirent. Mais les devoirs de la cinquantaine priment sur le pré. Notre haricot a la gousse associative.
Sous les commentaires des espoirs de l’UBB perchés sur un balcon, nous allions nos courses. Joss était particulièrement en cannes. Mais c’est surtout Yann qui domina les débats. Il fut renversant. Au point que le barde, sidéré par tant de grâce, chut lourdement sur le pré. Toto, encore tout à ses joies bayonnaises se faufilaient dans les intervalles, lors que Sergio préparait ceux des siens pour un ciel merveilleusement terrestre. Le paradis est bel et bien sur terre.
Nicolas et Alban se tapaient une petite bourre. Comme mardi dernier, le toucher relatif de certains étaient vécus comme une pure hypothèse par d’autres. Le problème est, au bout du compte, assez simple. Il y a le toucher franc et massif : la main s’imprime sur le corps. Et il y a le toucher du tissu : la main effleure le maillot sans que le corps ne la ressente. Et bien, le toucher du tissu vaut toucher ; c’est comme ça, c’est dans la table de nos lois, tissu et corps ne font qu’un.
Au trou, dans sa djellaba au teint marron clair, le chef coiffé d’un bob retourné en guise de chéchia, Coco rayonnait. Il s’était paré de la sorte pour chanter la fille du bédouin. Faute de cameraman, il garda ses apprêts tout au long de la soirée. Sans caméra, pas de chant. Mais quel port altier, quelle évidence dans la métamorphose.
Dom, d’astreinte, donna une touche basque à ses devoirs culinaires. Par une simple tortilla d’abord, plus ibérique que basque, sous le regard frondeur de Christian Ithurbide. Une salade l’accompagnait. Guitou appréciait. Il devisait encore sur l’Union, regrettant que le damier l’emporte sur l’autre moitié de ladite Union pour célébrer un titre. Il est vrai que par sept fois, le Brennus fut stadiste. L’union est affaire d’équilibre ; c’est entendu ; elle ne saurait diviser. Christian affirmait que celle tant espérée par certains entre biarrots et bayonnais est une pure chimère.
Vint l’axoa, une axoa douce, avec de plantureuses pommes de terre qui ravirent le vieux quatre si heureux de pouvoir entonner sa chanson favorite : lundi des patates, mardi de patates, etc,. Une déclinaison légumineuse de notre chanson monotone. Les uns buvaient du rouge, les autres du rosé. Poulet jetait un œil vif sur l’assemblée. Amélie et Croucou allaient leur gémellité, le sourire aux lèvres. Et Pépé trônait.
Le lancer d’assiettes fut une formalité. Jacouille ne trembla pas, d’une main ferme il saisit l’ustensile, le déposa sur la table et adressa un clin d’œil complice à Perdigue. Le Prez ne regarda même pas l’obole, tendit sa main gauche, fit comme si de rien n’était et poursuivit sa conversation.
Du brebis et du brie. De la pâte de coing. JB raffole de la pâte de coing. Une affaire d’enfance. JB, c’est un enfant ; il en possède la grâce. N’est pas Mozart qui veut. Mozart, c’est la fidélité à l’enfance, un certain goût du monde.
Comme de bien entendu, un gâteau basque (etxeko biskotxa) qui fourré aux cerises noires, qui fourré à la crème pâtissière conclut nos ébats. Il en resta quelques miettes pour les poules d’Amélie. Toto était aux anges.
Il y eut une belote. La folie de quelques-uns fit que des mains pauvres connurent le succès. La belote est audace et mesure. Le juste équilibre, seul, permet d’assurer ses arrières. Sergio domina les débats. Jeff un peu moins, enfin, pas du tout. Les mardis se suivent et ne se ressemblent pas.
Douce nuit, nuit de mai. Le Prez se rappelait ses récitations d’antan. Il murmura son Musset :
« Le printemps naît ce soir ; les vents vont s’embraser ;
Et la bergeronnette, en attendant l’aurore,
Aux premiers buissons verts commence à se poser. ».
En écho, Perdigue, ajouta :
« La bouche garde le silence
Pour écouter parler le cœur. »
Et d’aller l’un et l’autre, bras dessus, bras dessous.
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