Pas de terrain ce mardi. Pas de trou. Mais rien ne vous empêche d’imaginer un mardi réel. Imaginer la réalité, c’est un comble ; c’est aussi une jolie manière de faire un pied de nez à l’actualité et d’être vivant. Après tout, la vie est un roman.
Vous êtes confinés chers castors.
Vous êtes confinés chers castors.
L’occasion est belle d’accorder aux mots l’attention que la vie ordinaire n’autorise guère. Épouser les confins de la lecture pour franchir le seuil qui nous est imposé, c’est dépasser les frontières et voguer vers l’imaginaire. Rien de tel pour emmerder les virus sanitaires que de s’adonner à celui de la lecture; il est inoffensif.
Donc, nous sommes sur le pré. C’est un soir de mars. Pas de giboulées. Le vent est très léger. Nous taquinons la gonfle. Et l’histoire immanquablement se répète. Jean-Phi lacère l’herbe synthétique de ses courses zigzaguantes. Le bardibule est toujours aussi redoutable dans ses interceptions. Joël mime la trompette au moindre éclat de Dudu qui, placide, offre des caviars avec son maillot qui est, à chaque fois, une pièce de collection. Dudu, c’est un musée à deux pattes. Seb feinte la passe au mépris de nos mains baladeuses. Encore que certaines parviennent à le caresser, l’effleurer provoquant un râle rageur chez notre Tarbais préféré. Notre pinson, tout de rouge vêtu a le cœur à Quinsac et pousse de petits trilles énamourés au grand dam de Pioupiou, si seul sur son aile.
Le pré est une page. Oui, cent fois sur le pré remettez votre ouvrage. Sur le bord du terrain, comme une note de bas de page, JB commente.
Le ciel était sans nuages comme nous sortions du trou. Nous pûmes regarder les étoiles. La constellation des castors brillait un peu plus que de coutume. Le visage de Grozan apparut : « Je veille sur vous mes petits. » nous dit-il.
Le pré est une page. Oui, cent fois sur le pré remettez votre ouvrage. Sur le bord du terrain, comme une note de bas de page, JB commente.
Au trou, c’est Peter qui s’y colle. Peter, il aime la morue comme chacun le sait. Alors, il nous offre son foie. Et rien d’autre, à l’exception de petits quartiers de citron qui, pressés, rendront le passage du foie moins revêche. Il y a beaucoup d’altérité dans cet acte.
Il faut remettre le foie de morue au goût du jour. Il est en effet extrêmement riche en vitamine D, sachant que le lien est établi entre déficience en vitamine D et troubles de l’humeur. Il veut que nous ayons l’humeur joyeuse Jeff. Et la morue y pourvoie.
Jacouille renâcle un peu. Pépé fait contre mauvaise fortune bon cœur. Lolo n’est pas fâché de recouvrer un peu d’enfance. Pas un foie ne reste. Et Peter de passer à la suite.
Après le maritime, le terrien. Pour filer la métaphore d’une indispensable foi afin de faire face aux mots de ce bas-monde, Peter poursuit dans la voie qu’il s’est tracée et nous concocte un foie de veau persillé. Avec sa purée bien sûr. Une vraie purée. C’est un peu la fable du veau et de la morue. Une façon de ne pas aller à vau l’eau, de maintenir le cap. Le vieux quatre en redemande. Il lui suffit d’un peu de patates pour être aux anges. Guitou se redresse, la larme à l’œil, et chante Il était une bergère. Pourquoi Il était une bergère ? Nul ne le sait. Il faut se laisser aller au mystère, savoir rester dans l’enfance, dans les boules de gommes.
Hamilton est inquiet. Déjà repu mais inquiet. Le temps des assiettes s’annonce. Et avec Peter, il craint qu’il ne se transforme en orage. Il a tort Hamilton. Car Peter lancera l’ustensile avec beaucoup de délicatesse. Pas d’apocalypse, non, bien au contraire, mais un moment de grâce.
Pour fromage, une boule rouge. Rien qu’une boule rouge. Une sobriété toute de générosité. Car enfin, c’est le fromage le plus propice à un mariage réussi avec le vin rouge. Peter se tourna vers Jean-Phi, sollicita son approbation. Il eut droit à quelques larmes en retour. Pépé grondait un peu, un tout petit peu.
Mardi gras n’était pas très loin. Et comme l’éternité se tient dans l’essentiel, nous eûmes droit à des crêpes en dessert. La boucle était parfaitement bouclée. Chacun d’agrémenter sa crêpe, qui avec du sucre, qui va avec une confiture de framboise. Peter avait donné le meilleur de lui-même.
Une belote de comptoir acheva la soirée. Le Prez était en mains et ne laissa que des miettes à ses petits. Amélie pestait contre le ridicule de ses cartes. Dudu laissait passer le temps. Seul Jacouille offrit un peu de résistance au premier des nôtres.
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